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[CRITIQUE] : Daniela Forever


Réalisateur : Nacho Vigalondo
Acteurs : Henry Golding, Beatrice Grannò, Aura Garrido,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Romance, Science-fiction.
Nationalité : Espagnol, Americain, Belge.
Durée : 1h58min

Synopsis :
Un homme, peinant à accepter la mort de sa petite amie, participe à une expérience permettant de la retrouver dans ses rêves. Il peut désormais penser à elle toutes les nuits et reprendre leur relation, plus idyllique que jamais. Même si ce n'est qu’en rêve. Et au risque de s’y perdre à jamais.

Critique :



Nacho Vigalando est de ces cinéastes qui ont,  définitivement, du talent et des idées à revendre, mais qui ne se donnent pas forcément les moyens de toujours les mettre en images : pour un Colossal culotté et amer dans sa réflexion douloureuse - voire même brutale - sur l'auto-destruction, l'amour et la vulnérabilité de l'âme humaine, qui passait de la pure dramédie indépendante au monster movie désenchanté et barré (le tout cloué aux basques d'une fantastique Anne Hathaway), le bonhomme nous avait dégainé le mou du popotin Extraterrestrial, et le méchamment foutraque Open Windows avec Elijah Wood et l'ex-pornstar Sasha Grey. 

Autant admettre que l'on ne pétait pas tant que cela d'impatience à l'idée de découvrir son nouvel effort, Daniela Forever, romance dramatico-SF tout en désespoir et en légères incohérences, sous fond de désir et de deuil impossible au cœur de la capitale madrilène, in fine pas si éloignée de son long-métrage précédent (mais qui peine bien plus au démarrage), notamment dans son exploration d'une vérité profondément destructrice : dans la vie comme en amour, nous sommes souvent, ironiquement, la source de notre propre aliénation.

Courtesy of TIFF

C'est face à ce cruel constat qu'il catapulte le protagoniste principal de son histoire, Nick (un attachant Henry Golding), un homme qui lutte pour accepter la mort subite de sa petite amie, Daniela (une fantastique Beatrice Grannò), dans un accident survenu six mois auparavant.
Pour y faire un minimum face (s'il prétend vouloir aller de l'avant, c'est surtout pour revoir, de ressentir et aimer à nouveau Daniela qu'il se lance dans cette aventure), il s’inscrit à un programme expérimental qui peut - peut-être - lui permettre de reconstruire sa vie auprès de sa défunte bien-aimée, via l'utilisation de rêves lucides.
Mais si Daniela incarne un temps dans ses dits rêves, la représentation désordonnée d'une simple compilation de souvenirs, l'expérience va vite tourner au vinaigre quand Nick s'en va créer de nouveaux souvenirs avec elle dans le monde des rêves, rendo de facto impossible de discerner ce qui est réellement arrivé dans la vie réelle, et ce qui est artificiel...

Si on laissera de côté quelques parti pris de mise en scène pas toujours subtils (la réalité, capturée en 4:3 granuleux, est évidemment plus terne et sans relief que les scènes de rêves surréalistes, plus largement et colorée), on donnera néanmoins un peu plus de crédit à la morale centrale de ce récit romantico-introspectif un chouïa ringard sur plusieurs points (vivre sa vie et non la fantasmer, même si elle fait mal), même si on aurait aimé un Nacho Vigalondo plus inspiré dans son exploration des affres de l'amour, de la perte et de la dépression.


Jonathan Chevrier