[CRITIQUE] : Noël à Miller's Point
Réalisateur : Tyler Taormina
Avec : Matilda Fleming, Michael Cera, Francesca Scorsese, Gregg Turkington,...
Distributeur : Paname Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Français, Italien.
Durée : 1h46min
Synopsis :
Une boule de Noël irisée, à la fois réconfortante et crépusculaire : Tyler Taormina filme un réveillon qui réunit les membres d’une famille italo-américaine de classe moyenne. Alors que la nuit avance et que des tensions éclatent, l’une des adolescentes s’éclipse avec son amie pour conquérir la banlieue hivernale.
Critique :
On avait été de ceux à avoir gentiment été époustouflé par le premier long-métrage de Tyler Taormina, le fantastique Ham on Rye, trip abstrait et contemplatif sous acide qui s'amusait à capturer la vérité brute (et satirique) des ultimes heures de cohabitation lycéennes d'une poignée d'étudiants, pour mieux explorer l'aliénation adolescente et la pression de la conformité à leur plus extrême, via un groupe aussi effrontément générique qu'il s'avère attachant.
Ou comment présenter le passage à l'âge adulte comme un point liminal proche de la mort (avec la symbolique du crépuscule lié au bal de fin d'année, passage aussi crucial qu'obligé), devant lequel doit crouler la nostalgie, l'innocence et la mélancolie de la jeunesse.
Clairement l'antithèse d'un genre qui s'enferme hermétiquement dans le recyclage consenti de ses codes - même éculés -, pas mal pour un début.
Autant dire donc que l'on attendait avec une furieuse impatience son troisième passage derrière la caméra (puisque son Happer's Comet, son second film, est toujours inédit dans l'hexagone), Noël à Miller's Point, puisqu'il promettait de s'attaquer cette fois au sacro-saint film de Noël, dégoulinant de guimauve au moins tout autant qu'il sent le sapin, mais il le fait évidemment à sa manière : merveilleusement singulière et profondément captivante à suivre.
Et comme pour Ham on Rye, c'est sur un prisme inédit qu'il plaque sa prose : après les rites du passage à l'âge adulte, c'est littéralement les divers rituels de la célébration de Noël qu'il décortique avec la minutie d'un horloger suisse dans une sorte de portrait ethnographique de la performativité festive autant que de la mécanique du souvenir nostalgique, lui qui cherche à sonder au plus près la vérité derrière le ballet de gestes qui, minutieusement répétés, deviennent de véritables rituels familiaux, sociaux et même universels; une chorégraphie qui nous catapulte consciemment comme inconsciemment, dans une bulle d'émerveillement émotionnelle à part, tout aussi tendre et euphorique que profondément mélancolique.
Un véritable film de sensations, choral et distancé mais toujours affectueux envers sa petite poignée de personnages (les Blasano, une grande famille italo-américaine de Long Island), appelés à vivre un dernier réveillon dans la demeure familiale (car l'un des frères l'a mise en vente avant d'envoyer leur mère dans une maison de retraite), et à qui Taormina cède équitablement la caméra au cœur d'une structure narrative savamment millimétrée, où chacun à le temps de briller au cœur d'un huis-clos tout en gaieté, qui vire dans le dernier tiers vers une balade dans les espaces suburbains de l'adolescence locale.
Embaumé dans la superbe photographie de Carson Lund, Noël à Miller's Point contredit tout autant qu'il souligne dans le même mouvement, l'imaginaire hérité des nombreux films, téléfilms et autres publicités, au sein d'une œuvre délicate qui jongle poétiquement entre les tons, épouse la chaleur de l'intimité d'une réunion/confrontation familiale autant qu'il expose la mélancolie de l'existence, où chacun traverse au final seul sa relation avec le temps qui passe.
Le plus beau film de Noël est là.
Jonathan Chevrier
Avec : Matilda Fleming, Michael Cera, Francesca Scorsese, Gregg Turkington,...
Distributeur : Paname Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Français, Italien.
Durée : 1h46min
Synopsis :
Une boule de Noël irisée, à la fois réconfortante et crépusculaire : Tyler Taormina filme un réveillon qui réunit les membres d’une famille italo-américaine de classe moyenne. Alors que la nuit avance et que des tensions éclatent, l’une des adolescentes s’éclipse avec son amie pour conquérir la banlieue hivernale.
Critique :
#NoëlÀMillersPoint contredit tout autant qu'il souligne l'imaginaire hérité des nombreux films de Noël, au cœur d'une œuvre délicate qui jongle poétiquement entre les tons, épouse la chaleur de l'intimité d'une réunion familiale autant qu'il expose la mélancolie de l'existence. pic.twitter.com/3cdDS78GTm
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 10, 2024
On avait été de ceux à avoir gentiment été époustouflé par le premier long-métrage de Tyler Taormina, le fantastique Ham on Rye, trip abstrait et contemplatif sous acide qui s'amusait à capturer la vérité brute (et satirique) des ultimes heures de cohabitation lycéennes d'une poignée d'étudiants, pour mieux explorer l'aliénation adolescente et la pression de la conformité à leur plus extrême, via un groupe aussi effrontément générique qu'il s'avère attachant.
Ou comment présenter le passage à l'âge adulte comme un point liminal proche de la mort (avec la symbolique du crépuscule lié au bal de fin d'année, passage aussi crucial qu'obligé), devant lequel doit crouler la nostalgie, l'innocence et la mélancolie de la jeunesse.
Copyright Paname Distribution |
Clairement l'antithèse d'un genre qui s'enferme hermétiquement dans le recyclage consenti de ses codes - même éculés -, pas mal pour un début.
Autant dire donc que l'on attendait avec une furieuse impatience son troisième passage derrière la caméra (puisque son Happer's Comet, son second film, est toujours inédit dans l'hexagone), Noël à Miller's Point, puisqu'il promettait de s'attaquer cette fois au sacro-saint film de Noël, dégoulinant de guimauve au moins tout autant qu'il sent le sapin, mais il le fait évidemment à sa manière : merveilleusement singulière et profondément captivante à suivre.
Et comme pour Ham on Rye, c'est sur un prisme inédit qu'il plaque sa prose : après les rites du passage à l'âge adulte, c'est littéralement les divers rituels de la célébration de Noël qu'il décortique avec la minutie d'un horloger suisse dans une sorte de portrait ethnographique de la performativité festive autant que de la mécanique du souvenir nostalgique, lui qui cherche à sonder au plus près la vérité derrière le ballet de gestes qui, minutieusement répétés, deviennent de véritables rituels familiaux, sociaux et même universels; une chorégraphie qui nous catapulte consciemment comme inconsciemment, dans une bulle d'émerveillement émotionnelle à part, tout aussi tendre et euphorique que profondément mélancolique.
Un véritable film de sensations, choral et distancé mais toujours affectueux envers sa petite poignée de personnages (les Blasano, une grande famille italo-américaine de Long Island), appelés à vivre un dernier réveillon dans la demeure familiale (car l'un des frères l'a mise en vente avant d'envoyer leur mère dans une maison de retraite), et à qui Taormina cède équitablement la caméra au cœur d'une structure narrative savamment millimétrée, où chacun à le temps de briller au cœur d'un huis-clos tout en gaieté, qui vire dans le dernier tiers vers une balade dans les espaces suburbains de l'adolescence locale.
Copyright Point Films LCC |
Embaumé dans la superbe photographie de Carson Lund, Noël à Miller's Point contredit tout autant qu'il souligne dans le même mouvement, l'imaginaire hérité des nombreux films, téléfilms et autres publicités, au sein d'une œuvre délicate qui jongle poétiquement entre les tons, épouse la chaleur de l'intimité d'une réunion/confrontation familiale autant qu'il expose la mélancolie de l'existence, où chacun traverse au final seul sa relation avec le temps qui passe.
Le plus beau film de Noël est là.
Jonathan Chevrier