[CRITIQUE] : Double Foyer

Réalisatrice : Claire Vassé
Avec : Émilie Dequenne, Max Boublil, Arthur Roose, Michel Jonasz,…
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h25min

Synopsis :
Lili et Simon s’aiment, mais n’habitent pas ensemble. Abel, l’enfant de cet amour, vit entre deux maisons. Un jour, les accidents de l’existence remettent en question leur mode de vie… Peut-on s’aimer sans vivre ensemble ? Question simple, réponse compliquée.

Critique :

Tout en bienveillance et en délicatesse, #DoubleFoyer dresse, non sans heurts, le portrait d'une romance qui déconstruit les normes et les convenances imposées de la vie domestique, pour voguer sur son propre groove. Imparfait mais charmant, grâce au joli duo Dequenne/Boublil. pic.twitter.com/0OrzVOqHpN
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 25, 2024

À une heure où l'on fustige, plus par manque de connaissance que par pur acte de stupidité (quoique la question se pose parfois sur les réseaux sociaux... bon très souvent), le manque d'originalité et de diversité dans le paysage cinématographique hexagonale, pas une semaine ne passe pourtant où presque sans qu'un premier long-métrage bien de chez nous ne pointe fièrement le bout de son nez dans une salle obscure, qu'un où qu'une cinéaste ne vienne, potentiellement, tenter de faire son trou et démontrer la richesse et l'éclectisme de notre production, qui ne demande qu'à être soutenu - surtout en salles.

S'essayant à l'exercice ô combien complexe de vouloir faire rire son prochain, sans pour renier le drame de son sujet sensiblement universel - les affres de la vie parentale -, l’autrice-journaliste Claire Vassé concocte donc avec Double Foyer une comédie dramatico-familiale à la tendresse indéniable, même si la formule qui le fait vibrer s'avère un poil trop familière pour son bien, la faute à une écriture pas toujours heureuse et prévisible, que vient cela dit continuellement contrebalancer autant ses bonnes intentions, que la prestation impliquée de sa jolie distribution.

On y suit les atermoiements de Lili et Simon, deux âmes qui s’aiment mais ont, plus ou moins, consentis le choix de ne pas vivre ensemble, comme pour mieux affirmer leur propre liberté et ne pas rompre, paradoxalement, leur union.
Deux maisons comme pour mieux s'épanouir ensemble et individuelllement, comme pour mieux continuellement raviver les braises de leur passion.
Une situation entre deux toits qui, de prime abord, ne nuit pas à l'équilibre de vie du fruit de leur amour, l'attachant petit Abel, mais les aléas de l'existence font que leur choix est appelé à drastiquement changer...

Tout en bienveillance et en délicatesse, flanquée au cœur d'un cadre toulousain aussi cotonneux que chaleureux, Claire Vassé dresse non sans quelques heurts, le portrait tout en nuances d'une romance qui déconstruit les normes et les convenances imposées de la vie domestique et du cercle familial, pour voguer sur son propre groove, sa propre harmonie certes imparfaite mais définitivement profonde.
Dommage, dans le même temps, que l'écriture joue un peu trop la carte de la légèreté dans son manque cruel d'enjeux, d'autant qu'elle a une tendance à parfois, assez paradoxalement, se perdre dans une sur-explication parfois irritante.

Ce qui n'entache jamais totalement sa vision cela dit, et encore moins la justesse de la partition solaire d'un couple Émilie Dequenne/Max Boublil à l'alchimie étonnante.
Charmant et poétique donc, même si un poil anecdotique.

Jonathan Chevrier