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[CRITIQUE] : Mean Girls, Lolita malgré moi


Réalisateur/Réalisatrice : Samantha Jayne et Arturo Perez Jr.
Acteurs : Angourie Rice, Reneé Rapp, Auli'i Cravalho, Jaquel Spivey, Avantika Vandanapu, Bebe Wood, Jon Hamm, Tina Fey, Tim Meadows, Busy Philipps, Jenna Fischer,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Comédie, Musical.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h53min

Synopsis :
Tina Fey donne un nouveau twist à la comédie culte des années 2000, Lolita Malgré Moi.

Une nouvelle élève, Cady Heron se retrouve à côtoyer l'élite de la chaine alimentaire sociale, les filles populaires appelées "Les Plastiques", dirigées par leur queen Regina George et ses sous-fifres Gretchen et Karen. Mais quand Cady a un crush sur Aaron, elle ne réalise pas tout de suite qu’elle vient de commettre une grosse erreur, sa nouvelle bestie va rapidement se transformer en ennemie. Cady décide de renverser l’ordre établi avec l'aide de ses amis losers, Janis et Damian. Rester fidèle à soi même tout en se frayant un chemin dans la jungle impitoyable du lycée : tout un programme, vous avez 2 heures.



Critique :


Au sein d'un genre aussi durement soumis aux affres du temps que peut l'être le teen movie, Mean Girls premier du nom - Lolita Malgré moi par chez nous - de Marc Waters, et ses désormais deux décennies au compteur,  peut se targuer d'incarner l'un des films les plus emblématiques de son époque (le Clueless des années 2000, clairement), lui qui incarnait une jolie prise en grippe méta et satirique des codes du film pour adolescents, en distillant intelligemment - et par un humour mordant - ses messages, tout en affirmant pleinement et joliment, son regard féministe.

Copyright 2023 Par. Pics.

Et ce, quand bien même, si le film nourrissait ses plus grosses faiblesses par cette même écriture, que ce soit via des personnages - positifs comme " négatifs " - nourris par la caricature, ou une volonté de ne jamais aborder frontalement la question de la méchanceté/hostilité féminine - tout est dans le titre -, de leur auto-dénigrement (leur corps, leur intelligence) à celui des autres, tant si elle donne des clés pour combattre la misogynie masculine, avec des mâles insipides et totalement accessoires - dans une inversion des genres assez cocasses de la figure de la bimbo -, jamais elle ne cherche à en faire de même sur celle, intérieure, que ses adolescentes s'infligent.

Mais, comme dit plus haut, difficile de ne pas garder un souvenir sensiblement chouette et so fetch des aléas de Cady Heron au sein de la jungle lycéenne de la banlieue chic de Chicago, de ses tribulations au sein des « Plastiques » et de son opposition épique avec sa leader, la diabolique Regina George; un souvenir renforcé par des répliques mémorables et une distribution au diapason (Lindsay Lohan et Rachel McAdams en tête).
Et puisque sa popularité n'a fait que croître au fil du temps, il est donc tout à fait naturel - parce que Hollywood - que la franchise, passé une suite dispensable, puisse continuer à s'épanouir au cinéma.

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Ni remake ni suite mais un entre-deux aussi casse-gueule qu'enthousiasmant - un reboot sauce comédie musicale, adapté de son adaptation sur les planches à Broadway -, toujours porté par la plume de Tina Fey, qui a le bon de ne pas prendre à la légère plusieurs sujets que le film original survolait avec un brin de désinvolture (une vision plus fraîche et moins superficielle de la sexualité), tout en s'inscrivant pleinement dans un monde 2.0 (l'influence folle des réseaux sociaux, la cause des LGBTQIA+) ou ses errances ne se pardonnent plus (un racisme à peine masquée, son traitement tout en clichés de l'homosexualité); le très fidèle Mean Girls, Lolita malgré moi (pourquoi s'emmerder ?) de Samantha Jayne et Arturo Perez Jr. se fait une bande à l'image même de sa Regina George (une géniale Reneé Rapp) : sauvage, méprisante as hell et tout en émancipation.

Totalement conscient que sa légitimité réside autant dans sa relecture contemporaine - essentielle - que dans sa vanité musicale, paradoxalement jamais assumée par sa campagne promotionnelle (ce qui en laissera, assurément, plus d'un sur le carreau), le film joue donc sur le même tempo que son aîné - dont la B.O. faisait corps avec l'image -, en enchaînant les numéros musicaux chantés et dansés habilement pensés pour (re)faire vivre son histoire familière, quand bien même la mise en scène ne leur donne pas assez d'impact à l'écran.

Copyright Paramount Pictures

Sans surprise, cette idée d'opéra rock et choc complètement déjanté et exagéré fait des ravages, donnant une lecture plus intense et vivante au teen movie traditionnel, et ce même si le rythme effréné imposé par son pendant sur les planches, s'essouffle avant l'arrivée dans son dernier virage.
Définitivement moins mordant et un poil plus édulcoré (un bien comme un mal) mais surtout plus inclusif et féministe, Mean Girls, Lolita malgré moi se fait une déclinaison énergique et drôle, qui a pour lui de ne pas saloper l'aura de son modèle et de pouvoir joliment exister par lui-même.
  
Spoilers : oui, l'adolescence est toujours une jungle féroce et hostile.


Jonathan Chevrier