[CRITIQUE] : Le Dernier des juifs
Réalisateur : Noé Debré
Acteurs : Michael Zindel, Agnès Jaoui, Solal Bouloudnine, Eva Huault,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h30min.
Synopsis :
Bellisha a 27 ans et mène une vie de petit retraité, il va au café, fait le marché, flâne dans la cité... Il vit chez sa mère Giselle, qui sort très peu et à qui il fait croire qu'il est solidement intégré dans la vie active. Le vent tourne quand Giselle s'aperçoit qu'ils sont les derniers juifs de leur cité. Elle se convainc qu'il faut qu'ils partent eux-aussi. Bellisha n'en a pas très envie mais pour rassurer sa mère, il lui fait croire qu'il prépare leur départ.
Critique :
Même plus de trois ans après, savoir que le tandem Agnès Jaoui-Jean-Pierre Bacri ne pourra plus jamais nous offrir de comédie chorale est une vérité que nous mettront beaucoup de temps à accepter, d'autant plus que la tristesse de la disparition du second, toujours imposante, risque de laisser un trou béant bien plus important que beaucoup s'accorderont à le penser (soyons honnêtes, c'est déjà le cas), au coeur d'une comédie - et d'une comédie dramatique - hexagonale qui peine à rester au zénith de sa forme.
Reste donc alors aux cinéphiles de se remémorer aux bons souvenirs de leurs essais passés, tels des totems dont on ne pourrait plus jamais vraiment se lasser, avec leur résonance nouvelle furieusement mélancolique, où à tout simplement continuer à chérir les apparitions d'Agnès Jaoui, toujours aussi lumineuse même dans des comédies pas toujours défendables.
Ce que n'est absolument pas Le Dernier des juifs, estampillé premier long-métrage écrit et réalisé par Noé Debré (scénariste émérite du cinéma hexagonal depuis une bonne décennie maintenant), exploration tendre et lucide sur le délitement du bon vivre ensemble et de la fuite progressive de la communauté juive des quartiers populaires, capturée au travers d'un récit jonglant habilement sur le fil tenu de la comédie dramatique aussi drôle que bouleversante, sans jamais renier le douloureux contexte socio-politique actuelle et la montée (où plutôt la banalisation) progressive d'un antisémitisme qui était toujours là, tapis dans l'ombre.
Tout du long cloué aux basques d'un anti-héros furieusement attachant qui ne semble pas avoir encore quitté l'adolescence malgré ses vingt-sept printemps, Bellisha (Michael Zindel, LA révélation du film), qui vit avec sa matriarche, Giselle (une Agnès Jaoui toutxen nuances, qui donne du cœur à une femme tout en contradictions) dans l'appartement familial au cœur de Sarcelles, que celle-ci est bien décidé à quitter là où son rejeton se montre plus indécis - tout comme dans son rapport avec la religion -, lui qui semble avoir trouvé sa place là où la communauté juive n'est plus censé en avoir.
Agissant avec ses thématiques douloureuses et actuelles (racisme, antisémitisme,...), comme Bellisha agit avec les inquiétudes sa mère (il les dédramatise sans forcément en renier le poids), s'amusant avec malice des clichés faciles et éculés, abordant frontalement la question de la judéité en France tout en prônant avec subtilité (ou une insouciance salutaire, comme celle qui caractérise Bellisha, au fond) un appel à l'ouverture d'esprit, au vivre ensemble et à une réconciliation communautaire toujours possible, si tenté est qu'elle soit pleinement désiré; Noé Debré fait du Dernier des juifs une douce et poétique fable sociale, burlesque et salutaire, aussi expurgée de tout moralisme putassier qu'elle est pétrie d'amour pour son duo mère-fils loufoque et attachant.
La belle surprise ciné du moment.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Michael Zindel, Agnès Jaoui, Solal Bouloudnine, Eva Huault,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h30min.
Synopsis :
Bellisha a 27 ans et mène une vie de petit retraité, il va au café, fait le marché, flâne dans la cité... Il vit chez sa mère Giselle, qui sort très peu et à qui il fait croire qu'il est solidement intégré dans la vie active. Le vent tourne quand Giselle s'aperçoit qu'ils sont les derniers juifs de leur cité. Elle se convainc qu'il faut qu'ils partent eux-aussi. Bellisha n'en a pas très envie mais pour rassurer sa mère, il lui fait croire qu'il prépare leur départ.
Critique :
Abordant la question de la judéité en France tout en prônant un subtil appel au vivre ensemble et à la réconciliation communautaire, #LeDernierDesJuifs incarne une jolie fable sociale aussi expurgée de tout moralisme putassier que pétrie d'amour pour son attachant duo mère-fils. pic.twitter.com/5xVmGzqJWI
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 25, 2024
Même plus de trois ans après, savoir que le tandem Agnès Jaoui-Jean-Pierre Bacri ne pourra plus jamais nous offrir de comédie chorale est une vérité que nous mettront beaucoup de temps à accepter, d'autant plus que la tristesse de la disparition du second, toujours imposante, risque de laisser un trou béant bien plus important que beaucoup s'accorderont à le penser (soyons honnêtes, c'est déjà le cas), au coeur d'une comédie - et d'une comédie dramatique - hexagonale qui peine à rester au zénith de sa forme.
Reste donc alors aux cinéphiles de se remémorer aux bons souvenirs de leurs essais passés, tels des totems dont on ne pourrait plus jamais vraiment se lasser, avec leur résonance nouvelle furieusement mélancolique, où à tout simplement continuer à chérir les apparitions d'Agnès Jaoui, toujours aussi lumineuse même dans des comédies pas toujours défendables.
Copyright Simon Birman - 2023 - MOONSHAKER FILMS - THE LIVING - L'EMBELLIE |
Ce que n'est absolument pas Le Dernier des juifs, estampillé premier long-métrage écrit et réalisé par Noé Debré (scénariste émérite du cinéma hexagonal depuis une bonne décennie maintenant), exploration tendre et lucide sur le délitement du bon vivre ensemble et de la fuite progressive de la communauté juive des quartiers populaires, capturée au travers d'un récit jonglant habilement sur le fil tenu de la comédie dramatique aussi drôle que bouleversante, sans jamais renier le douloureux contexte socio-politique actuelle et la montée (où plutôt la banalisation) progressive d'un antisémitisme qui était toujours là, tapis dans l'ombre.
Tout du long cloué aux basques d'un anti-héros furieusement attachant qui ne semble pas avoir encore quitté l'adolescence malgré ses vingt-sept printemps, Bellisha (Michael Zindel, LA révélation du film), qui vit avec sa matriarche, Giselle (une Agnès Jaoui toutxen nuances, qui donne du cœur à une femme tout en contradictions) dans l'appartement familial au cœur de Sarcelles, que celle-ci est bien décidé à quitter là où son rejeton se montre plus indécis - tout comme dans son rapport avec la religion -, lui qui semble avoir trouvé sa place là où la communauté juive n'est plus censé en avoir.
Copyright Simon Birman - 2023 - MOONSHAKER FILMS - THE LIVING - L'EMBELLIE |
Agissant avec ses thématiques douloureuses et actuelles (racisme, antisémitisme,...), comme Bellisha agit avec les inquiétudes sa mère (il les dédramatise sans forcément en renier le poids), s'amusant avec malice des clichés faciles et éculés, abordant frontalement la question de la judéité en France tout en prônant avec subtilité (ou une insouciance salutaire, comme celle qui caractérise Bellisha, au fond) un appel à l'ouverture d'esprit, au vivre ensemble et à une réconciliation communautaire toujours possible, si tenté est qu'elle soit pleinement désiré; Noé Debré fait du Dernier des juifs une douce et poétique fable sociale, burlesque et salutaire, aussi expurgée de tout moralisme putassier qu'elle est pétrie d'amour pour son duo mère-fils loufoque et attachant.
La belle surprise ciné du moment.
Jonathan Chevrier