[CRITIQUE] : L'Homme d'argile
Réalisatrice : Anais Tellenne
Acteurs : Raphaël Thiéry, Emmanuelle Devos, Mireille Pitot, Marie-Christine Orry,...
Distributeur : New Story
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h34min.
Synopsis :
Raphaël n’a qu’un œil. Il est le gardien d’un manoir dans lequel plus personne ne vit. À presque 60 ans, il habite avec sa mère un petit pavillon situé à l’entrée du grand domaine bourgeois. Entre la chasse aux taupes, la cornemuse et les tours dans la Kangoo de la postière, les jours se suivent et se ressemblent. Par une nuit d’orage, Garance, l’héritière, revient dans la demeure familiale. Plus rien ne sera plus jamais pareil.
Critique :
Figure (très) discrète du septième art hexagonal, Emmanuelle Devos n'en est pas moins imposante et importante pour autant (sans forcer, elle est l'une des comédiennes les plus talentueuses de sa génération), capable de se fondre à la fois dans la distribution d'une bonne grosse comédie populaire bien de chez nous, d'une romance tendre et intimiste, d'un polar sous tension ou encore d'un drame familial bouleversant, avec la même aisance qui nous ferait presque dire, sans aucune exagération, qu'elle est capable de tout jouer et de se fondre dans n'importe quelle production.
Pour preuve, si besoin était, ses derniers efforts en date, allant de la comédie de Noël pas très finaude mais sincère (Noël Joyeux de Clément Michel) au puissant drame familial pudique et authentique (Un Silence de Joachim Lafosse, où elle livre l'une de ses plus belles performances à ce jour), en passant par le drame atypique et humaniste L'homme d'argile de Anais Tellenne.
Estampillé premier long-métrage de la wannabe cinéaste, qui retrouve pour l'occasion un imposant et magnifique Raphaël Thiéry, qui habitait déjà merveilleusement ses courts-métrages (et qui se permet le luxe ici, de ne jamais quitter l'écran), le film a toute la singularité et l'innocence pure d'un conte de Perrault, condensée à travers une auscultation onirique et quasi-documentaire du désir et de la fièvre créative, suscité par un homme dont la " laideur " extérieure n'a d'égale que a beauté et la douceur intérieur.
Une âme cabossée par l'existence, physiquement pas vraiment belle selon les conventions, dont la marginalité n'est in fine renforcé que par l'image qu'on de cesse de lui renvoyer les quelques femmes qui parcourent son existence, que ce soit sa mère aux saillies castratrices, la factrice dont il personnalise les fantasmes décomplexés, ou encore une artiste plasticienne bourgeoise et égocentrique dont il est le domestique, et pour qui il deviendra très vite un modèle fascinant.
De cet étrange cocktail (dont la première bobine laisse redouter le pire), presque déroutant dans la manière dont son onirisme vient constamment interroger crûment le réel (sans jamais que l'un ne vienne obscurcir l'autre), Anais Tellenne tisse une chronique aussi tendre et lancinante que douloureusement douce-amère, sorte de rencontre entre Cocteau et Rivette façon récit d'émancipation célébrant autant le pouvoir du regard que de l'imaginaire, perçu comme un outil propice à l'expression de l'art et de soi, intimant le spectateur de regarder au-delà des lignes, au-delà des apparences pour mieux déceler la beauté.
Embaumé dans la partition boisée et celtique d'Amaury Chabauty (à laquelle répond Pierre W. Mazoyer avec sa photographie joliment granuleuse), mais avant tout et surtout porté par la prestation mutique et pourtant follement expressive de Raphaël Thiéry, L'homme d'argile se fait une belle et (très) minimaliste curiosité certes peut-être un peu trop sage pour son bien, mais annonciatrice d'un nouveau visage particulièrement prometteur au sein d'une production française qui n'en compte jamais trop.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Raphaël Thiéry, Emmanuelle Devos, Mireille Pitot, Marie-Christine Orry,...
Distributeur : New Story
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h34min.
Synopsis :
Raphaël n’a qu’un œil. Il est le gardien d’un manoir dans lequel plus personne ne vit. À presque 60 ans, il habite avec sa mère un petit pavillon situé à l’entrée du grand domaine bourgeois. Entre la chasse aux taupes, la cornemuse et les tours dans la Kangoo de la postière, les jours se suivent et se ressemblent. Par une nuit d’orage, Garance, l’héritière, revient dans la demeure familiale. Plus rien ne sera plus jamais pareil.
Critique :
Intimant au spectateur de regarder au-delà des apparences pour mieux déceler la beauté, #LHommeDargile se fait une fable lancinante et douce-amère, sorte de rencontre entre Cocteau et Rivette façon récit d'émancipation célébrant autant le pouvoir du regard que de l'imaginaire. pic.twitter.com/wILBtr3wrb
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 25, 2024
Figure (très) discrète du septième art hexagonal, Emmanuelle Devos n'en est pas moins imposante et importante pour autant (sans forcer, elle est l'une des comédiennes les plus talentueuses de sa génération), capable de se fondre à la fois dans la distribution d'une bonne grosse comédie populaire bien de chez nous, d'une romance tendre et intimiste, d'un polar sous tension ou encore d'un drame familial bouleversant, avec la même aisance qui nous ferait presque dire, sans aucune exagération, qu'elle est capable de tout jouer et de se fondre dans n'importe quelle production.
Pour preuve, si besoin était, ses derniers efforts en date, allant de la comédie de Noël pas très finaude mais sincère (Noël Joyeux de Clément Michel) au puissant drame familial pudique et authentique (Un Silence de Joachim Lafosse, où elle livre l'une de ses plus belles performances à ce jour), en passant par le drame atypique et humaniste L'homme d'argile de Anais Tellenne.
Copyright New Story |
Estampillé premier long-métrage de la wannabe cinéaste, qui retrouve pour l'occasion un imposant et magnifique Raphaël Thiéry, qui habitait déjà merveilleusement ses courts-métrages (et qui se permet le luxe ici, de ne jamais quitter l'écran), le film a toute la singularité et l'innocence pure d'un conte de Perrault, condensée à travers une auscultation onirique et quasi-documentaire du désir et de la fièvre créative, suscité par un homme dont la " laideur " extérieure n'a d'égale que a beauté et la douceur intérieur.
Une âme cabossée par l'existence, physiquement pas vraiment belle selon les conventions, dont la marginalité n'est in fine renforcé que par l'image qu'on de cesse de lui renvoyer les quelques femmes qui parcourent son existence, que ce soit sa mère aux saillies castratrices, la factrice dont il personnalise les fantasmes décomplexés, ou encore une artiste plasticienne bourgeoise et égocentrique dont il est le domestique, et pour qui il deviendra très vite un modèle fascinant.
De cet étrange cocktail (dont la première bobine laisse redouter le pire), presque déroutant dans la manière dont son onirisme vient constamment interroger crûment le réel (sans jamais que l'un ne vienne obscurcir l'autre), Anais Tellenne tisse une chronique aussi tendre et lancinante que douloureusement douce-amère, sorte de rencontre entre Cocteau et Rivette façon récit d'émancipation célébrant autant le pouvoir du regard que de l'imaginaire, perçu comme un outil propice à l'expression de l'art et de soi, intimant le spectateur de regarder au-delà des lignes, au-delà des apparences pour mieux déceler la beauté.
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Embaumé dans la partition boisée et celtique d'Amaury Chabauty (à laquelle répond Pierre W. Mazoyer avec sa photographie joliment granuleuse), mais avant tout et surtout porté par la prestation mutique et pourtant follement expressive de Raphaël Thiéry, L'homme d'argile se fait une belle et (très) minimaliste curiosité certes peut-être un peu trop sage pour son bien, mais annonciatrice d'un nouveau visage particulièrement prometteur au sein d'une production française qui n'en compte jamais trop.
Jonathan Chevrier