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[CRITIQUE] : La Couleur Pourpre


Réalisateur : Blitz Bazawule
Acteurs : Fantasia Barrino, Danielle Brooks, Taraji P. Henson, Colman Domingo, Corey Hawkins, H.E.R., Halle Bailey,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Drame, Comédie musicale.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h21min.

Synopsis :
Séparée de sa sœur Nettie et de ses enfants, Celie mène une vie difficile, subissant même les coups d’un mari violent, simplement désigné « Monsieur ». C’est grâce au soutien de la chanteuse Shug Avery, à la sensualité débordante, et à sa belle-fille Sofia, d’une volonté inébranlable, que Celie puise une force extraordinaire. Une solidarité féminine hors du commun dont les liens qu’elle tisse avec ses « sœurs » sont désormais indestructibles.



Critique :


Douce ironie de la production Hollywoodienne, c'est passé son formidable remake (oui) de West Side Story, la première fois qu'il abordait frontalement le genre ultra-codifié de la comédie musicale, que Steven Spielberg aura vu son œuvre la plus prompte à pouvoir être déclinée en comédie musicale (ou, tout du moins, celle où les émotions partagées pouvaient s'avérer encore plus puissantes et expressives en chanson), La Couleur Pourpre, renouer avec les salles obscures, via l'adaptation de sa version musicale à Broadway (le film était déjà, ne l'oublions pas, une adaptation du roman éponyme d'Alice Walker).

Copyright 2023 Warner Bros. Entertainment Inc.

Mais si Hollywood, tout comme Broadway, a toujours eu un penchant prononcé pour le recyclage (reboot, remake, réinvention etc, rien ne se perd et s'oublie, tout se transforme et se réactualise) d'un même matériel populaire, The Color Purple sauce 2024 chapeauté par Blitz Bazawule, se fait une petite anomalie dans sa manière de porter en elle une nouvelle approche fragile mais intimement vibrante, qui rend globalement justice aux versions ultérieures (d'autant qu'elle reste sensiblement fidèle au roman de Walker, et corrige les quelques choix controversés du film de Spielberg), tout en traçant sa propre voie créative - même dans ses maladresses assez folles.

Une voie créative ou tout est une question d'équilibre cette odyssée de traumatisme générationnel, à tous les niveaux.
Un équilibre précaire mais louable entre légèreté et émotion, quand bien même certains de ses choix tonales - définitivement plus théâtraux - viennent annihiler quelques séquences fortes (comme si le duo Bazawule/Marcus Gardley choisissait consciemment de ne pas s'attarder sur les facettes les plus inconfortables de son histoire), mais aussi et surtout dans sa forme, à la fois savoureusement excessive et méticuleuse, mais également très (trop) étrangement structuré et calibré.
Rien ne surprend, rien ne déborde quand bien même il est définitivement plus ancrée dans la culture afro-américaine, mais est-ce si étonnant, finalement ?
La réponse est évidemment dans la question...

Copyright 2023 Warner Bros. Entertainment Inc.

Tout en respect et en révérence, intelligemment rythmé malgré ses deux heures bien tassées au compteur, La Couleur Pourpre vaut avant tout et surtout pour son féminisme puissant et affirmé, ses séquences musicales - logique - et le sens qu'elles donnent au récit (se sont elles, et uniquement elles, qui le font avancer), que pour la performance stellaire du tandem Fantasia Barrino/Danielle Brooks.
Un nouvelle adaptation pertinente, et encore plus aujourd'hui.


Jonathan Chevrier