[CRITIQUE] : Wonka

Réalisateur : Paul King

Avec : Timothée Chalamet, Calah Lane, Keegan-Michael Key, Natasha Rothwell, Olivia Corman, Sally Hawkins, Hugh Grant, Rowan Atkinson,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Aventure, Fantastique, Comédie musicale, Famille.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h57min

Synopsis :
Découvrez la jeunesse de Willy Wonka, l’extraordinaire inventeur, magicien et chocolatier de l’univers féérique de Charlie et la chocolaterie de Roald Dahl, dans le film Wonka. Timothée Chalamet incarne ce jeune homme débordant d’idées et déterminé à changer le monde… avec gourmandise ! Cette œuvre haute en couleur, mêlant émotion et humour, prouve que, dans la vie, les rêves peuvent devenir réalité – surtout si on a la chance de rencontrer Willy Wonka.



Critique :

Non sans quelques couacs mais avec sincérité, Paul King nous rappelle avec #Wonka ce que doit être tout bon divertissement familial fantaisiste et magique : une boîte de confiseries réconfortantes, qui ne sont jamais aussi délicieuses que lorsqu'on les partage avec les autres. pic.twitter.com/7G4swyQ4zm

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 10, 2023

Aujourd'hui, la question n'est plus de savoir si le spectateur a besoin d'une histoire familière à la légitimité relative, ni même de savoir pourquoi celle-ci existe (à cette réponse, seule la loi du dollar absolu est une réponse honnête), mais bien de faire avec, porté par l'espérance toute aussi fragile que les hypothétiques exigences créatives des majors Hollywoodiennes - mais pas que -, que les univers qu'ils chérissent ne se voient pas trop souillés par cette franchisation à outrance institutionnalisée et incontestée - même si le gadin des nombreuses franchises actuelles, laisse poindre un avenir un poil plus radieux que redouté.

Copyright 2023 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

En ce sens, et quand bien même notre attachement pour le cinéma de Paul King est réel (Paddington forever), Wonka, estampillé prequel dispensable des aventures du célèbre personnage imaginé par un Roald Dahl qui a rarement été aussi présent dans l'espace cinématographique, n'avait in fine rien d'autre pour lui sur le papier, que n'être qu'un blockbuster uniquement conçu pour capitaliser à outrance sur un film populaire et familier à tous (qui ne connaît pas Charlie et la Chocolaterie ?), une péloche qui ressemblerait moins à une création imaginative qui aurait tout compris à l'univers de son auteur (à la différence du film de Burton, aussi divertissant soit-il), qu'à une production pensée et calibrée pour gratter un max de billets verts.

Aussi douce soit cette origin story soit-elle, force est d'admettre qu'elle n'arrive jamais totalement à décoller la grosse étiquette de film de commandes collée sur sa tablette de pellicules, quand bien même elle s'avère joliment divertissante, sans aucun doute un meilleur film Disney que ceux conçu par le studio aux rêves depuis un bon moment, tant il qui capture définitivement plus l'esprit de la firme aux grandes oreilles, que sa production spéciale centenaire Wish - Asha et la bonne étoile, qui s'accrochait péniblement à son héritage nostalgique au point de refuser toute originalité.

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Entendons-nous bien, Paul King ne réinvente - évidemment - pas la poudre de cacao en Ferrero Rocher avec son film, mais il nous offre un rappel tendre à l'essence même du divertissement familial fantaisiste et magique (avec une bonne dose sucrée de comédie musicale qui ne cherche jamais à singer Hamilton), à la fois étrange et profondément enchanteresse,  à la fois généreusement extravagant et démesuré, qui irriguait Mary Poppins et la première adaptation de Mel Stuart - voire tout simple, son merveilleux diptyque Paddington.
Même Timothée Chalamet et son numéro de dandy bienveillant et scintillant, se fait in fine plus héritier de Gene Wilder que de Johnny Depp (tant mieux), en apportant une douce et innocente énergie espiègle à un personnage jusqu'ici connu pour n'être qu'un misanthrope blasé et cynique.

Alors certes, le scénario co-écrit par King et Simon Farnaby, à la subtilité qui se noie dans la guimauve avec ses commentaires (notamment sur l'esclavagisme corporatif), la faute sans doute à une volonté de ne pas fissurer son charme enfantin, est très souvent tiré par les cheveux, sans compter une galerie de personnages bien trop nombreux pour être traité convenablement (petite pensée à Olivia Colman en aubergiste complice, où même Paterson Joseph en chocolatier rival).

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Non sans quelques couacs mais avec une mise en scène enlevée et jamais artificielle, allié sucré de sa sincérité infaillible, Paul King nous rappelle ce que doit être tout bon divertissement familial léger et populaire : une boîte de confiseries réconfortantes, qui ne sont jamais aussi délicieuses que lorsqu'on les partage avec les autres.
Et ce Wonka a un petit goût nostalgique de chocolat d'antan, un bonbon qui nous ramène à notre enfance, ne colle pas les dents et fond tendrement dans la bouche.


Jonathan Chevrier