[FUCKING SERIES] : Lupin - Partie 3 : Tromper n'est pas (plus) gagner
(Critique - avec spoilers - de la Partie 3)
Force est d'admettre que jusqu'à présent, Netflix avait réalisé le hold-up parfait avec sa série Lupin, prenant et ludique thriller policier dont les deux premières parties, certes pas dénuées de défauts, avait su gentiment déjouer les (nos) attentes, pour incarner un vrai hit mondial totalement vissé sur le charismatique et génial Omar Sy, parfait en maître criminel inspiré du personnage d'Arsène Lupin de Maurice Leblanc.
Devenu incontournable depuis (pas une mince à faire sur une plateforme au Tudum clairement prête à dégainer la case annulation, quand les chiffres ne sont pas bon), et surtout forte d'une distribution saccadée qui tranche avec les habitudes de la firme au N rouge (des parties de 5/7 épisodes au lieu d'un gros bloc), les deux premières parties, qui se sont déroulés à une vitesse vertigineuse (elles sont sorties à six mois d'intervalles), se terminaient sur un final qui pouvait - presque - incarner une conclusion satisfaisante aux aventures rocambolesques d'Assane Diop.
La question était donc de savoir si, après deux parties résultant d'un tour de passe-passe vraiment malin, si la série avait véritablement besoin d'une troisième partie, au risque de tronquer tout ce qui avait été fait jusqu'ici, et de partir sur une potentielle toute nouvelle intrigue alors que celle d'origine (la vengeance d'un fils pour laver et réhabiliter l'honneur de son père), venait d'arriver à son terme.
Si la réponse était vite trouvée par Netflix, une issue clairement en contradiction aussi bien avec le plaisir que nous procure les aventures d'Assane, que les habitudes d'une firme qui n'a jamais vraiment su clore ses shows (Sex Education en est l'exemple le plus récent et probant); il y a tout de même un certain plaisir à retrouver le gentleman-cambrioleur pour une nouvelle salve d'épisodes, quand bien même ceux-ci sentent douloureusement le réchauffé, et peut-être même encore plus que par le passé.
Evidemment, suite un brin forcée oblige, les fissures de l'édifice pimpant qu'incarne le show commence de plus en plus à faire leur apparition, la faute à vouloir tirer sur la corde/capitaliser lourdement sur des acquis déjà fragiles, au lieu de tenter de vraies prises de risques plus ambitieuses.
Mais, au-delà même des différences évidentes de rythme et de maîtrise d'une mise en scène à plusieurs mains, ce sont ses imperfections narratives qui sont les plus marquantes, de ses dialogues limités à l'écriture trop unidimensionnel de ses personnages secondaires (même si constamment contrebalancées par la force gravitationnelle de Sy), ces menus défauts gâchant sensiblement la vision d'une troisième partie bien moins intrinsèque et complexe dans son style et sa forme (qui joue la carte d'un anti-spectaculaire qui tranche avec ce qu'elle nous a offert jusqu'ici), qui se paye le luxe atrocement facile de jouer la carte de la redite, avec un nouveau conflit familial en son cœur - syndrome Skywalker family -, et même un retour de Pellegrini en toute fin.
Même ses sempiternelles flashbacks, jadis intelligemment déployés pour nourrir et renforcer la narration et le background de son anti-héros, se font ici bien moins limpides, fruit d'une nouvelle direction en laquelle on nous intime de croire sans réserve, sans réellement nous donner l'envie de le faire, convoquant une fois de trop la suspension d'incrédulité d'un auditoire échaudé par ses résolutions/twists abracadabrantesques.
Reste, encore et toujours, le dynamisme et l'investissement sans borne d'un Omar Sy, qui tente de sauver les meubles d'un petit braquage télévisé de haut-vol, qui s'est lentement mais sûrement fait bouffer par les crocs acérés d'un algorithme qui voit tout show populaire, comme un gagne-pain à étrier plus que de raison, jusqu'à ce qu'il n'est plus de moelle sur les os.
Ludique à défaut d'être marquante, d'autant que son final laisse entendre qu'il faut, une nouvelle fois, tout remettre en question, cette troisième partie est sans contestation la plus faible de la série jusqu'à maintenant
Force est d'admettre que jusqu'à présent, Netflix avait réalisé le hold-up parfait avec sa série Lupin, prenant et ludique thriller policier dont les deux premières parties, certes pas dénuées de défauts, avait su gentiment déjouer les (nos) attentes, pour incarner un vrai hit mondial totalement vissé sur le charismatique et génial Omar Sy, parfait en maître criminel inspiré du personnage d'Arsène Lupin de Maurice Leblanc.
Devenu incontournable depuis (pas une mince à faire sur une plateforme au Tudum clairement prête à dégainer la case annulation, quand les chiffres ne sont pas bon), et surtout forte d'une distribution saccadée qui tranche avec les habitudes de la firme au N rouge (des parties de 5/7 épisodes au lieu d'un gros bloc), les deux premières parties, qui se sont déroulés à une vitesse vertigineuse (elles sont sorties à six mois d'intervalles), se terminaient sur un final qui pouvait - presque - incarner une conclusion satisfaisante aux aventures rocambolesques d'Assane Diop.
Copyright Emmanuel Guimier/Netflix |
La question était donc de savoir si, après deux parties résultant d'un tour de passe-passe vraiment malin, si la série avait véritablement besoin d'une troisième partie, au risque de tronquer tout ce qui avait été fait jusqu'ici, et de partir sur une potentielle toute nouvelle intrigue alors que celle d'origine (la vengeance d'un fils pour laver et réhabiliter l'honneur de son père), venait d'arriver à son terme.
Si la réponse était vite trouvée par Netflix, une issue clairement en contradiction aussi bien avec le plaisir que nous procure les aventures d'Assane, que les habitudes d'une firme qui n'a jamais vraiment su clore ses shows (Sex Education en est l'exemple le plus récent et probant); il y a tout de même un certain plaisir à retrouver le gentleman-cambrioleur pour une nouvelle salve d'épisodes, quand bien même ceux-ci sentent douloureusement le réchauffé, et peut-être même encore plus que par le passé.
Evidemment, suite un brin forcée oblige, les fissures de l'édifice pimpant qu'incarne le show commence de plus en plus à faire leur apparition, la faute à vouloir tirer sur la corde/capitaliser lourdement sur des acquis déjà fragiles, au lieu de tenter de vraies prises de risques plus ambitieuses.
Copyright Emmanuel Guimier/Netflix |
Mais, au-delà même des différences évidentes de rythme et de maîtrise d'une mise en scène à plusieurs mains, ce sont ses imperfections narratives qui sont les plus marquantes, de ses dialogues limités à l'écriture trop unidimensionnel de ses personnages secondaires (même si constamment contrebalancées par la force gravitationnelle de Sy), ces menus défauts gâchant sensiblement la vision d'une troisième partie bien moins intrinsèque et complexe dans son style et sa forme (qui joue la carte d'un anti-spectaculaire qui tranche avec ce qu'elle nous a offert jusqu'ici), qui se paye le luxe atrocement facile de jouer la carte de la redite, avec un nouveau conflit familial en son cœur - syndrome Skywalker family -, et même un retour de Pellegrini en toute fin.
Même ses sempiternelles flashbacks, jadis intelligemment déployés pour nourrir et renforcer la narration et le background de son anti-héros, se font ici bien moins limpides, fruit d'une nouvelle direction en laquelle on nous intime de croire sans réserve, sans réellement nous donner l'envie de le faire, convoquant une fois de trop la suspension d'incrédulité d'un auditoire échaudé par ses résolutions/twists abracadabrantesques.
Copyright Emmanuel Guimier/Netflix |
Reste, encore et toujours, le dynamisme et l'investissement sans borne d'un Omar Sy, qui tente de sauver les meubles d'un petit braquage télévisé de haut-vol, qui s'est lentement mais sûrement fait bouffer par les crocs acérés d'un algorithme qui voit tout show populaire, comme un gagne-pain à étrier plus que de raison, jusqu'à ce qu'il n'est plus de moelle sur les os.
Ludique à défaut d'être marquante, d'autant que son final laisse entendre qu'il faut, une nouvelle fois, tout remettre en question, cette troisième partie est sans contestation la plus faible de la série jusqu'à maintenant
Qu'on se le dise, le plus grand des braquages pour Assane, serait désormais de s'extirper du marasme de la standardisation Netflixienne, pour s'offrir des adieux spectaculaires et satisfaisants.
Le genre de mission impossible à laquelle même Ethan Hunt, ne chercherait pas à se risquer...
Jonathan Chevrier
Le genre de mission impossible à laquelle même Ethan Hunt, ne chercherait pas à se risquer...
Jonathan Chevrier