[FUCKING SERIES] : Le Continental (D'après l'univers de John Wick) : From Mad Mel to Bad Wick
(Critique - avec spoilers - de la mini-série)
Impossible pour tout fan de ce bon vieux Mad Mel, de ne pas être tiraillé par le paradoxe d'être à la fois content de pouvoir le voir enchaîner avec une fréquence régulière, les péloches après une longue période de disette, mais aussi sensiblement frustré à l'idée que le bonhomme enchaîne avec gourmandise les performances souvent réduites au coeur de grosses bisseries à fortes tendances Z (entre une où deux partitions parfois nettement plus recommandables, heureusement), qui se vendent uniquement où presque sur sa présence à la distribution, un peu comme s'il briguait - volontairement où non - la place d'un Bruce Willis dont on a tout récemment compris le virage à 180 degrés au sein de sa carrière.
Si l'on touche du bois pour que l'éternel Martin Riggs ne soit pas frappé par la maladie (l'appât du gain et des gros chèques faciles suffira), et qu'il s'attaque vite à la direction d'un hypothétique Lethal Weapon V qui pourrait réellement dépoter si tous les éléments sont bien réunis, on se contente donc de le retrouver, habituellement, dans des bandes qui atterrissent sans bruit - et presque avec culpabilité - du coté de la VOD.
N'est-il pas une bonne surprise dès lors, de le voir tromper cette petite spirale redondante du minimum syndical DTV-esque (qui nous a, tout de même, donné quelques bons films récemment : Waldo, Détective Privé de Tim Kirkby, Off The Line de Romuald Boulanger et Bandit d'Allan Ungar), en grattant une belle place au sein de la franchise John Wick, non pas pour savater Keanu Reeves (on n'aurait pas craché dessus) où jouer les mentors de luxe pour le flingueur (on n'aurait pas craché dessus bis), mais bien les rôle-titres d'une mini-série prequelle chapeautée par Peacock, et vissée sur la jeunesse dans le crime de Winston Scott/Ian McShane (ici campé par Colin Woodell), mais aussi et surtout sur les origines, dans les 70s, du légendaire hôtel pour assassins - d'où le titre -, véritable pièce maîtresse de l'univers de John Wick.
Alléchant sur le papier, cette déclinaison " disco noir ", qui aurait pu faire une force d'être diamétralement opposée à son matériau d'origine (tout autant que d'avoir une narration en trois épisodes, qui se suffit à elle-même), se perd in fine, justement, dans son incapacité à se créer une identité aussi marquante que la quadrilogie mère, dont elle essore tout le dynamisme déglingué, toute l'action stylisée et entraînante, pour ressembler à un vulgaire drama de network chiche en action et plus étiré que de raison (quasiment 90 minutes par épisodes), qui ne procure même pas de réconfort dans sa familiarité.
Comme introduit dans des flashbacks au cœur des 50s, l'intrigue de ses trois épisodes/téléfilms suit les atermoiements des frères Scott (no joke), Winston et son petit frère Frankie, le premier bousculant les pontes de Londres tandis que le second reste proche de Cormac O'Conner, manager du Continental qui les avaient sauvés de la prison lorsqu'ils étaient mômes.
Mais peut importe réellement où le show nous mène car, sur les quatre heures et demie de bobine, tout n'apparaît que comme du remplissage, de sa galerie de personnages secondaires aux passés - évidemment - difficiles à ses nombreuses sous-intrigues dispensables (une flic infiltrée, KD, qui veut retrouver Winston pour une raison qui ne deviendra claire qu'à la fin, Charon, les frères et sœurs Miles/Lou qui dirigent de manière douteuse un dojo à Chinatown,...), pour in fine atteindre la finalité, et leur seul intérêt du projet : l'ascension au pouvoir de Winston par la vengeance, et de Charon au Continental.
Soit un élément qui, à la vue de la série, aurait tout simplement pu être rationnalisé en un seul et unique épisode/film, et non dans trois épisodes qui amènent plus de questionnements que de résolutions (là où chronologiquement, le premier opus reste encore loin), qui perd tout sentiment d'urgence et d'immédiateté dans son action comme dans son rythme (qui permettait, instinctivement, aux films de Chad Stahelski d'intelligemment masquer ses lacunes d'écriture) et même tout son intérêt.
Série dérivée pas si désagréable pour un sou mais trop peu inspirée et résolument chiche en réjouissance, même s'il s'échine à cracher (très) fort son aura 70s à la tronche de son spectateur (B.O juke-box et costumes rétro à la clé), Le Continental paye son manque cruel de générosité musclée et d'enjeux dramatiques solides, et ne peut pas laisser le pompier de service Mad Mel, qui bouffe littéralement l'écran dans un cabotinage délicieux (parfois à la lisière de la parodie), sauver tous seul les meubles.
Un symbole cruel mais limpide, démontrant que vouloir étendre la mythologie d'une saga dont le succès est, inextricablement, autant lié à Keanu Reeves qu'à son style savoureusement simpliste/régressif, n'a aucune possibilité d'exister si l'on enlève dès le départ, l'un de ses deux éléments de l'équation.
À voir donc si le potentiel réel de la franchise, sera célébré d'une façon plus solide, avec le déjà redouté Ballerina de Len Wiseman, avec Ana De Armas en vedette...
Jonathan Chevrier
Impossible pour tout fan de ce bon vieux Mad Mel, de ne pas être tiraillé par le paradoxe d'être à la fois content de pouvoir le voir enchaîner avec une fréquence régulière, les péloches après une longue période de disette, mais aussi sensiblement frustré à l'idée que le bonhomme enchaîne avec gourmandise les performances souvent réduites au coeur de grosses bisseries à fortes tendances Z (entre une où deux partitions parfois nettement plus recommandables, heureusement), qui se vendent uniquement où presque sur sa présence à la distribution, un peu comme s'il briguait - volontairement où non - la place d'un Bruce Willis dont on a tout récemment compris le virage à 180 degrés au sein de sa carrière.
Si l'on touche du bois pour que l'éternel Martin Riggs ne soit pas frappé par la maladie (l'appât du gain et des gros chèques faciles suffira), et qu'il s'attaque vite à la direction d'un hypothétique Lethal Weapon V qui pourrait réellement dépoter si tous les éléments sont bien réunis, on se contente donc de le retrouver, habituellement, dans des bandes qui atterrissent sans bruit - et presque avec culpabilité - du coté de la VOD.
Copyright Prime Video |
N'est-il pas une bonne surprise dès lors, de le voir tromper cette petite spirale redondante du minimum syndical DTV-esque (qui nous a, tout de même, donné quelques bons films récemment : Waldo, Détective Privé de Tim Kirkby, Off The Line de Romuald Boulanger et Bandit d'Allan Ungar), en grattant une belle place au sein de la franchise John Wick, non pas pour savater Keanu Reeves (on n'aurait pas craché dessus) où jouer les mentors de luxe pour le flingueur (on n'aurait pas craché dessus bis), mais bien les rôle-titres d'une mini-série prequelle chapeautée par Peacock, et vissée sur la jeunesse dans le crime de Winston Scott/Ian McShane (ici campé par Colin Woodell), mais aussi et surtout sur les origines, dans les 70s, du légendaire hôtel pour assassins - d'où le titre -, véritable pièce maîtresse de l'univers de John Wick.
Alléchant sur le papier, cette déclinaison " disco noir ", qui aurait pu faire une force d'être diamétralement opposée à son matériau d'origine (tout autant que d'avoir une narration en trois épisodes, qui se suffit à elle-même), se perd in fine, justement, dans son incapacité à se créer une identité aussi marquante que la quadrilogie mère, dont elle essore tout le dynamisme déglingué, toute l'action stylisée et entraînante, pour ressembler à un vulgaire drama de network chiche en action et plus étiré que de raison (quasiment 90 minutes par épisodes), qui ne procure même pas de réconfort dans sa familiarité.
Copyright Prime Video |
Comme introduit dans des flashbacks au cœur des 50s, l'intrigue de ses trois épisodes/téléfilms suit les atermoiements des frères Scott (no joke), Winston et son petit frère Frankie, le premier bousculant les pontes de Londres tandis que le second reste proche de Cormac O'Conner, manager du Continental qui les avaient sauvés de la prison lorsqu'ils étaient mômes.
Mais peut importe réellement où le show nous mène car, sur les quatre heures et demie de bobine, tout n'apparaît que comme du remplissage, de sa galerie de personnages secondaires aux passés - évidemment - difficiles à ses nombreuses sous-intrigues dispensables (une flic infiltrée, KD, qui veut retrouver Winston pour une raison qui ne deviendra claire qu'à la fin, Charon, les frères et sœurs Miles/Lou qui dirigent de manière douteuse un dojo à Chinatown,...), pour in fine atteindre la finalité, et leur seul intérêt du projet : l'ascension au pouvoir de Winston par la vengeance, et de Charon au Continental.
Soit un élément qui, à la vue de la série, aurait tout simplement pu être rationnalisé en un seul et unique épisode/film, et non dans trois épisodes qui amènent plus de questionnements que de résolutions (là où chronologiquement, le premier opus reste encore loin), qui perd tout sentiment d'urgence et d'immédiateté dans son action comme dans son rythme (qui permettait, instinctivement, aux films de Chad Stahelski d'intelligemment masquer ses lacunes d'écriture) et même tout son intérêt.
Copyright Prime Video |
Série dérivée pas si désagréable pour un sou mais trop peu inspirée et résolument chiche en réjouissance, même s'il s'échine à cracher (très) fort son aura 70s à la tronche de son spectateur (B.O juke-box et costumes rétro à la clé), Le Continental paye son manque cruel de générosité musclée et d'enjeux dramatiques solides, et ne peut pas laisser le pompier de service Mad Mel, qui bouffe littéralement l'écran dans un cabotinage délicieux (parfois à la lisière de la parodie), sauver tous seul les meubles.
Un symbole cruel mais limpide, démontrant que vouloir étendre la mythologie d'une saga dont le succès est, inextricablement, autant lié à Keanu Reeves qu'à son style savoureusement simpliste/régressif, n'a aucune possibilité d'exister si l'on enlève dès le départ, l'un de ses deux éléments de l'équation.
À voir donc si le potentiel réel de la franchise, sera célébré d'une façon plus solide, avec le déjà redouté Ballerina de Len Wiseman, avec Ana De Armas en vedette...
Jonathan Chevrier