[CRITIQUE] : Lost Country
Réalisateur : Vladimir Perišić
Acteurs : Jovan Ginic, Jasna Djuricic, Miodrag Jovanović,...
Distributeur : Rezo Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Serbe, Croate, Luxembourgeois.
Durée : 1h38min.
Synopsis :
Serbie, 1996, dans le feu des manifestations étudiantes contre le régime de Milošević. Déchiré entre ses convictions et l’amour qu’il porte à sa mère, porte-parole du gouvernement, Stefan, 15 ans, mène sa propre révolution.
Critique :
Bien qu'il tende vers une certaine résonance universelle - comme le premier long-métrage de son auteur -, Lost Country conte avant tout une petite histoire sensiblement nichée dans la grande Histoire, celle du cinéaste serbe Vladimir Perišić, aux premières loges des manifestations étudiantes de Belgrade en 1996, une révolution légitime luttant contre le régime criminel et dictatorial de Slobodan Milošević, alors encore au pouvoir en ex-Yougoslavie - aujourd'hui la Serbie.
Aux premières loges car, au-delà du fait d'avoir été un jeune adulte fraîchement dans la vingtaine durant cette période sous tension, il était surtout le fils d'une membre du parti présidentiel - attaché à la culture.
C'est autour de ces faits biographiques qu'il a construit le cœur même de son second effort - co-écrit avec Alice Winocour -, quatorze ans après le puissant Ordinary People, qui posait un regard glacial et sans concession sur le massacre/génocide de Srebrenica.
Cette fois, il mêle intime et fiction en brossant donc tout un pan de l'histoire d'une nation yougoslave à l'agonie (entre les crimes de guerre de Srebrenica et du Kosovo), au travers du récit initiatique et de l'éveil, social comme politique, d'un jeune adolescent confrontant ses propres choix humains et idéologiques, à ceux de sa matriarche, porte-parole du gouvernement au pouvoir.
Soit Stefan (incroyable Jovan Ginic), douloureusement coincé entre le marteau et l'enclume, entre la fidélité à sa mère, contre qui il n'a aucune grief (malgré le fait qu'elle fasse partie intégrante d'un pouvoir, dont les actions ne pouvaient que conduire aux mouvements de protestations massives dans tout le pays), et la fidélité à ses camarades (à l'ostracisme croissant) et au combat étudiant, alors que la répression commence à s'intensifier.
Mère ou mère patrie, convictions ou amour/liens du sang, c'est un véritable no man's land déchirant et presque sans issue que doit traverser Stefan, qui ne ressortira pas indemne - tout comme son innocence -, au sein d'un formidable coming of age movie sous fond de nation meurtrie (tout est dans le titre), porté par un regard à la précision quasi-documentaire - au romantisme salutaire - et une tension émotionnelle dévastatrice, qui tait la colère et la violence avant de les laisser exploser.
Une sacrée expérience.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Jovan Ginic, Jasna Djuricic, Miodrag Jovanović,...
Distributeur : Rezo Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Serbe, Croate, Luxembourgeois.
Durée : 1h38min.
Synopsis :
Serbie, 1996, dans le feu des manifestations étudiantes contre le régime de Milošević. Déchiré entre ses convictions et l’amour qu’il porte à sa mère, porte-parole du gouvernement, Stefan, 15 ans, mène sa propre révolution.
Critique :
14 ans après #OrdinaryPeople, qui posait un regard sans concession sur le génocide de Srebrenica, Vladimir Perišić enfonce le clou avec #LostCountry, formidable récit initiatique sur la perte d'innocence d'un ado tiraillé entre ses convictions naissantes et les liens du sang. pic.twitter.com/TqIacwIsbM
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 12, 2023
Bien qu'il tende vers une certaine résonance universelle - comme le premier long-métrage de son auteur -, Lost Country conte avant tout une petite histoire sensiblement nichée dans la grande Histoire, celle du cinéaste serbe Vladimir Perišić, aux premières loges des manifestations étudiantes de Belgrade en 1996, une révolution légitime luttant contre le régime criminel et dictatorial de Slobodan Milošević, alors encore au pouvoir en ex-Yougoslavie - aujourd'hui la Serbie.
Aux premières loges car, au-delà du fait d'avoir été un jeune adulte fraîchement dans la vingtaine durant cette période sous tension, il était surtout le fils d'une membre du parti présidentiel - attaché à la culture.
C'est autour de ces faits biographiques qu'il a construit le cœur même de son second effort - co-écrit avec Alice Winocour -, quatorze ans après le puissant Ordinary People, qui posait un regard glacial et sans concession sur le massacre/génocide de Srebrenica.
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Cette fois, il mêle intime et fiction en brossant donc tout un pan de l'histoire d'une nation yougoslave à l'agonie (entre les crimes de guerre de Srebrenica et du Kosovo), au travers du récit initiatique et de l'éveil, social comme politique, d'un jeune adolescent confrontant ses propres choix humains et idéologiques, à ceux de sa matriarche, porte-parole du gouvernement au pouvoir.
Soit Stefan (incroyable Jovan Ginic), douloureusement coincé entre le marteau et l'enclume, entre la fidélité à sa mère, contre qui il n'a aucune grief (malgré le fait qu'elle fasse partie intégrante d'un pouvoir, dont les actions ne pouvaient que conduire aux mouvements de protestations massives dans tout le pays), et la fidélité à ses camarades (à l'ostracisme croissant) et au combat étudiant, alors que la répression commence à s'intensifier.
Mère ou mère patrie, convictions ou amour/liens du sang, c'est un véritable no man's land déchirant et presque sans issue que doit traverser Stefan, qui ne ressortira pas indemne - tout comme son innocence -, au sein d'un formidable coming of age movie sous fond de nation meurtrie (tout est dans le titre), porté par un regard à la précision quasi-documentaire - au romantisme salutaire - et une tension émotionnelle dévastatrice, qui tait la colère et la violence avant de les laisser exploser.
Une sacrée expérience.
Jonathan Chevrier