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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #143. Showdown in Little Tokyo

© 1991 - Warner Brothers

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !



#144. Dans les griffes du Dragon rouge de Mark L. Lester (1991)

Plus encore que son illustre paternel parti également trop tôt, il y a une certaine mélancolie à revoir le peu de films dans lesquels le talentueux Brandon Lee a traîné sa carcasse charismatique (un autre attribut, au-delà de ses aptitudes physiques, qu'il a hérité du Petit Dragon), tant ils incarnent tous de micros moments de gloire d'un comédien qui aurait pu/dû les aligner à la pelle, si le sort ne s'était pas acharné sur lui - et sa famille -, et ne nous l'avait pas enlevé à seulement vingt-huit ans.

Loin de la trempe du fantastique The Crow d'Alex Proyas (indiscutablement son meilleur rôle), ni même du bondissant Rapid Fire de Dwight H. Little, et encore moins de l'énervé Long Zai Jiang Hu aka L'héritier de la Violence de l'éclectique Ronny Yu (t'as compris, on ne pètera pas dans le bon cru de sa courte filmographie), Showdown in Little Tokyo aka Dans les griffes du Dragon rouge de Mark L. Lester est de ses bisseries mi-opportunistes, mi-enthousiasmantes torchées avec les pieds, qui titille merveilleusement notre nostalgie facile, même si elles vieillissent infiniment plus mal que dans nos souvenirs.

© 1991 - Warner Brothers

On y suit les aléas de deux flics du LAPD experts en arts martiaux et à la bromance expéditive, Kenner (Dolph Lundgren) et Murata (Brandon Lee), qui enquêtent sur le nouvel oyabun des yakuzas de Little Tokyo, Yoshida (l'immense et géniale crevure Cary-Hiroyuki Tagawa, au sommet de sa creapy-itude), qui s'avère être en prime, l'assassin des parents de Kenner, alors qu'il était enfant et vivait au Japon.
Alors qu'il tente de gérer le business du cristal meth dans tout Los Angeles,

Entre le buddy movie déglingué aux dialogues savoureux (entre racisme, vulgarité et obsession gênante sur le chibre de Lundgren et ses prouesses sexuels), le revenge movie mou du sabre imbibé aux codes d'honneurs nippons, l'actionner solide aux fights entraînants (on retiendra la fameuse scène du " saut " de Lundgren au-dessus d'une voiture, aidé par un tremplin et sautant à côté du véhicule) et la romance dérangeante avec une Tia Carrere au jeu aussi ridicule que son écriture est accessoire (en 24h chrono, elle campe une chanteuse violée par le vilain majeur du film, qui tente de se faire seppuku quelques heures plus tard avant de finir dans le lit, satisfaite, du héros), le film est un sommet de B movie malade et over the top, où Lundgren est plus souvent en marcel que John McClane, face à un Lee post-Rapid Fire charismatique, qui lui vole constamment la vedette malgré son rôle de sidekick de luxe aux vannes éculées.

© 1991 - Warner Brothers

Immense bide sur ses terres - à tel point qu'il ne sortira même pas en salles ici -, déglingué par un montage absurde, commandé à répétition par une Warner Bros désespérée par l'accueil désastreux des projections tests (le montage final ne dépasse même pas 1h10), Dans les griffes du Dragon rouge n'en reste pas moins une petite collation pseudo-épicée à la fois bourrée d'action et un brin drôle, tellement expéditive qu'elle ne peut décemment pas provoquer d'indigestion.

Sa bromance appuyée (il n'y a pas que JD et Turk de Scrubs, qui se sont aimés au premier regard), ses séquences d'action rythmées et pompées aux nombreuses références du genre (L'Arme Fatale premier du nom en tête, de la rencontre musclé à " l'électrocution " à la Riggs, sans oublier le final dans les rues de L.A), son humour bas du front, son score partagé avec Échec et Mort de Bruce Malmuth (David Michael Frank dans les veines) où encore son économie narrative folle : tout n'est qu'une fuite en avant sur l'autoroute de la régression absolue, avec l'emprunte des 90s accrochée à son pare-chocs.
Bref, un put*** de bon mauvais film comme on les aime.


Jonathan Chevrier


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