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[CRITIQUE] : Kasaba


Réalisateur : Nuri Bilge Ceylan
Acteurs : Mehmet Emin ToprakHavva SaglamCihat Bütün,...
Distributeur : Memento Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Turque.
Durée : 1h24min

Synopsis :
Turquie, un petit village dans les années 70. Au fil des saisons deux enfants se frottent au monde adulte à sa complexité et à sa cruauté...

Le premier long métrage, inédit en salles, du réalisateur de Winter Sleep, Palme d'Or, Festival de Cannes 2014.



Critique :


Il y a toujours quelque chose de fascinant dans le fait de pouvoir découvrir le premier long-métrage, d'un cinéaste dont on admire sincèrement le cinéma.
D'autant plus à une heure où il atteint les salles, simultanément, avec son ultime effort en date, permettant ainsi de jouer au jeu des comparaisons, quand bien même celui-ci est parfois loin d'être pertinent.

Premier film de Nuri Bilge Ceylan, balancé quelques semaines après son magnifique Les Herbes sèches, Kasaba, qui n'avait eu jusqu'ici connu qu'une exploitation en DVD, détonne tant, visuellement, il semble diamétralement opposé aux explosions de couleurs qui seront plus tard, l'apanage du cinéma de l'orfèvre turc.
Mais il ne faut que quelques minutes composant, assurément, l'introduction la plus forte de toute la filmographie du bonhomme (une salle de classe, une ambiance quasiment muette ou pourtant, paradoxalement, tout semble dit face caméra), pour laisser transparaître tout ce qui sera la patte " Ceylan " à l'avenir.

Copyright NBC Film

Embaumé à la fois dans un noir et blanc âpre et granuleux, et un sentiment de malaise palpable et mélancolique, Kasaba se fait une chronique familiale minimaliste et poétique au coeur des 70s, à la lisière de l'autobiographie (le film est tourné dans le village natale isolé et anatolien de Ceylan, le scénario est nourrit par ses souvenirs et le casting non-professionnel contient même des membres de sa propre famille), scindée en autant de partie qu'il y a de saison (une future habitude) et vissée sur le regard de deux jeunes enfants laissant s'exprimer leur curiosité et leur appétence pour la beauté de la nature (thème charnière chez le cinéaste), face à des adultes dont les conversations sont hantées par la cruauté et la misère de leur existence.

Sous forte influence Kiarostamienne et Bressonniennes (même si l'on peut y voir aussi, instinctivement, un hommage sincère aux lignes visionnaires et désenchantées de Tchekhov), pas toujours aimable mais d'un lyrisme enchanteur, Kasaba est un premier effort nostalgique et pétri de désillusions, la première pierre d'un édifice grandiose qui, agréable de se le dire désormais, a su se bonifier comme un bon vin avec les années.


Jonathan Chevrier


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