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[CRITIQUE] : Pearl


Réalisateur : Ti West
Avec : Mia Goth, David CorenswetTandi Wright,...
Distributeur : Universal Pictures Home Entertainment
Budget : -
Genre : Epouvante-horreur.
Nationalité : Canadien, Américain.
Durée : 1h43min

Synopsis :
Piégée dans la ferme isolée de sa famille, Pearl doit s'occuper de son père malade sous le regard autoritaire de sa mère dévote. Désireuse de mener une vie glamour comme elle l'a vu dans les films, Pearl voit ses ambitions limitées... ce qu'elle n'apprécie pas du tout !



Critique :


Quand bien même, le film a gentiment pris son temps pour débarquer légalement dans l'hexagone (tout du moins, suffisamment pour que la majorité de son public cible, ait pu le découvrir illégalement), Ti West n'avait pourtant pas traîné pour annoncer la mise en route de Pearl, puisque le bonhomme avait dégainé une bande annonce de ce prequel de X, justement après son avant-première nord-américaine.
Effet de manche génial qu'il reproduira avec MaxXxine, vraie suite de X cette fois, qui abandonnera l'horreur indé brute de décoffrage et sauvage des 70s, pour celle plus pop et (souvent maladroitement) coloré des 80s - B.O. sous synthé en prime -, et l'émergence d'une vidéo qui va, justement, mettre un sacré coup de pompe dans les valseuses de l'industrie.

Conçu comme un opus intermédiaire, ce prequel/origin story, résolument plus imposant visuellement - et totalement au service d'une phénoménale Mia Goth, également créditée au scénario -, joue la carte étonnante de la plongée psychologico-délirante dans la psychée (et l'imaginaire débordant) d'une femme désemparée glissement lentement (et inévitablement, on le sait) du côté obscur, bouffée ses pulsions sexuelles et meurtrières.

Copyright Origin Picture Show LLC

Certes, s'il n'est jamais avare en sensations fortes et en mises à morts jouissives, et qu'il perd un brin la petite saveur qui faisait le charme du premier opus - ses petites saillies sur le genre -, ce n'est que pour mieux façonner une vraie œuvre horrifique singulière, volontairement éloignée de nombreuses conventions du genre et à la lisière du pastiche, ou West laisse encore plus exploser sa passion pour l'expérimentation de l'esthétique horrifique.

Si X était solidement ancré au coeur du boom du cinoche indépendant US, dans ce qui pouvait pleinement se voir comme un hommage sincère au Massacre à la Tronçonneuse de feu Tobe Hooper, le tout vu, ironiquement, à travers la lentille de l'industrie pornographique (dont on arpente cette fois les prémisses clandestines, dans une Amérique gangrenée par son - faux - puritanisme), Pearl lui, se place au crépuscule de la Première Guerre mondiale - et au plus fort de la pandémie de grippe espagnole -, alors que la seule évasion que peut s'octroyer sa jeune et future psychopathe (vivant sous la coupe de sa mère répressive, tandis que son époux est parti à la guerre), autrement que de nourrir l'alligator du lac voisin, est un cinéma dont elle rêve de prendre part.
Une véritable obsession qu'elle nourrit au moment même, ou la notion de star system commence à faire son trou à Hollywood...

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Avec son CinémaScope Technicolor et sa bande-son hitchcockienne, West construit un monde fantastique tordu entre Le Magicien d'Oz et Psychose, où les accents de conte de fées côtoie le délire fou et l'égoïsme derrière le fantasme de l'American Dream, où Goth déstabilise le spectateur en imprégnant avec suffisamment d'innocence et de désir, un personnage pour lequel nous ne devrions pourtant connaître aucune empathie, en étant à la fois douce et charmante une seconde, pour mieux être terrifiante et dérangeante la suivante.

Dommage que ses petits fioritures (le parallèle grossier entre le Covid-19 et la grippe espagnole) et faiblesses (il ne fait que survoler les thématiques qu'il aborde, le conservatisme moral et la censure en tête) ne viennent un brin entacher sa vue d'ensemble, tant son regard dense sur tout un pan du cinéma d'exploitation ricain, est d'une pertinence folle, et encore à une heure actuelle où il est de plus en plus à l'agonie.
Vivement MaxXxine, et le mot est faible.


Jonathan Chevrier


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En 1918, Pearl nourrit le rêve brûlant d’une vie d’artiste, glamour et trépidante, loin de la pension familiale campagnarde où elle vit avec sa mère autoritaire et son père, infirme et paralysé. Pearl est prête à tout pour donner corps à ses rêves, même au pire… 
Pearl est la préquelle de X et a failli ne pas voir le jour. D’abord pensé comme une backstory de l’antagoniste de X pour aider Mia Goth lors du tournage. Le personnage prend tellement corps que l’idée d’un film est alors envisagée. Celui-ci fut validé par A24 à la grande surprise de Ti West. Et bien heureusement, car si X est bien sympathique, Pearl est lui carrément bluffant.

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Ti West a fait d’une partie de sa carrière un hommage aux cinémas qu’il aime : X avec Massacre à la tronçonneuse, The House of the Devil avec le cinéma d’exploitation des années 80. Si l’exercice commence à lasser tant ces dernières années en ont été truffés, ses films transpirent d’une certaine ingénuité assez agréable. Pearl est dans cette lignée mais, a, en plus, la très bonne idée d’être excessivement généreux et d’avoir Mia Goth dans le rôle titre. 

Si Pearl est pensé comme Un magicien d’Oz violent et sans espoir, de par sa photographie façon technicolor et sa tonalité mélodramatique, le jeu de Mia Goth ne peut que faire penser au grotesque des grandes dames guignol. Cette jeune actrice, qui a déjà fait ses preuves par le passé avec des films tels que A Cure for Life, Nymphomaniac ou encore Emma, trouve en Pearl un rôle à la mesure de son talent. Sa prestation conclut le film avec un monologue désespéré et fascinant de dix minutes qui ne manquera pas de vous émouvoir. Mia Goth démontre également sa polyvalence, passant avec aisance du rôle de la candide fermière rêveuse à celui de la jeune femme violente, aux souffrances complexes.

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Pearl est un subtil mélange entre un hommage sincère au cinéma classique hollywoodien, une atmosphère putride et morne, une violence graphique généreuse et surtout, une performance inoubliable de l’actrice Mia Goth, qui porte le film sur ses épaules grâce à sa palette de jeu complète et complexe.


Éleonore Tain


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