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[CRITIQUE] : L'Odeur du vent


Réalisateur : Hadi Mohaghegh
Avec : Hadi Mohaghegh, Mohammad Eghbali,…
Distributeur : Bodega Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Iranien.
Durée : 1h30min

Synopsis :
Dans une maison isolée au milieu d’une plaine d’Iran, un homme vit seul avec son fils alité. Un jour, le transformateur de la maison tombe en panne. Un électricien vient pour le réparer. Une pièce manque, il part à sa recherche qui sera semée de rencontres et d’obstacles…



Critique :


Dans une Iran ou la dureté des sanctions économiques et politiques, censées punir le régime pour son refus de se conformer aux politiques internationales et son capitalisme sauvage, est devenue un fardeau écrasant pour ses habitants; le cinéma iranien lui, profite sensiblement de ce contexte difficile pour régler ses comptes et dégainer des vérités de plus en plus implacables, aussi bien que signer des oeuvres d'une radicalité rare sur les injustices sociales qui gangrènent son cadre.
D'autant que derrière les papes que sont Jafar Panahi, Mohammad Rasoulof où encore Asgar Farhadi, de jeunes cinéastes tels que Saeed Roustaee, Ali Asgari, Massoud Bakhshi où même Majid Majidi, reprennent fièrement le flambeau.

Mais il lui arrive parfois d'atteindre nos salles obscures avec des œuvres plus délicates, moins frontales et radicales dans leurs discours politiques (ce qui ne les empêche pas pour autant d'être infiniment pertinentes), rappelant le désespoir sourd et paradoxalement solaire à fois, du cinéma de feu Abbas Kiarostami.

Copyright Bodega Films

C'est sensiblement dans ce mouvement que s'inscrit le premier long-métrage du wannabe cinéaste Hadi Mohaghegh, L'Odeur du vent, pour lequel il brigue également les casquettes de scénariste et rôle titre, une épopée déchirante au coeur d'une famille isolée, frappée par la précarité et la maladie (un père handicapé - une malformation des jambes - et son fils alité et incapable du moindre mouvement, vivant dans une modeste maison au milieu de nulle part), symbole d'une nation qui abandonne sans sourciller les plus démunis, qu'ils soient à la périphérie des grandes villes où au coeur des campagnes.
Leur quotidien bascule lorsque le transformateur alimentant leur maison tombe en panne, obligeant un électricien (le cinéaste lui-même) à se lancer dans un périple presque Homérique pour le réparer.

Mais point de misérabilisme ici, car si Mohaghegh ne masque jamais la dureté d'un quotidien bâti sur le dur labeur, la résilience face aux (nombreux) impondérables et la solidarité, il ne cherche qu'à pointer la lumière et la tendresse qui jaillit dans les rapports qui lie une humanité ayant encore conscience, loin des affres égoïstes et égocentriques du capitalisme, des mots entraide, générosité et bonté.

Copyright Bodega Films

Merveilleux conte altruiste et laconique capturé à auteur d'âmes, chiche en dialogues et qui prend son temps autant pour capturer la vérité de la vie que la beauté incandescente de ses paysages verdoyants, L'Odeur du vent se fait un premier effort tendre et bouleversant, un petit bout de cinéma poétique et universel qui fait - vraiment - du bien.


Jonathan Chevrier