[CRITIQUE] : La Marginale

Réalisateur : Frank Cimière
Acteurs : Corinne Masiero, Vincent Chalambert, Karina Marimon,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h37min

Synopsis :
Michèle, SDF, vit à l'aéroport d'Orly, vaguant entre les différents halls. Elle croise régulièrement Théo, jeune balayeur à l'aéroport. Atteint d'un handicap mental, il vit chez sa " Tatie " qui le surprotège. Un jour, Michèle fait une découverte des plus inattendues, qui la mène à convaincre Théo de la conduire dans sa voiture sans permis jusqu'à Lisbonne pour retrouver son fils. Ils s'embarquent alors dans un road trip plein de rebondissements sur les routes départementales.

Critique :

Louable dans sa volonté de mettre en images une France délaissée et des héros sensiblement à la marge, la comédie road moviesque #LaMarginale à son petit charme désuet même si elle pâtit d'une mise en scène un brin apathique et d'un scénario trop poussif et bancal pour son bien. pic.twitter.com/t3nHEoGdsu
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 9, 2023

Sans forcément tirer sur une ambulance déjà criblées de balles avant même de sortir du garage, difficile tout de même de s'avérer un tant soit peu attirer sur le papier, par la proposition qu'incarnait La Marginale, second effort - plus où moins librement inspiré d'un fait divers assez gratiné - d'un Frank Cimière dont le fameux Opération Portugal, n'avait pas forcément marqué les mémoires - tout dû moins d'une manière un minimum positive.

Pas évident non plus voir en rôle titre la présence de Corinne Masiero, étincelante quand elle est bien dirigée (mais passablement irritante dans le cas inverse), une raison supplémentaire de s'enthousiasmer, d'autant qu'au-delà du fait que la comédienne semble de plus en plus enfermée dans une réplique constante du rôle qui l'a fait exploser - Capitaine Marleau -, son intervention (très) maladroite aux César 2022, reste encore fraîchement dans les mémoires.

Restait tout de même un élément accrocheur : la présence au casting de Vincent Chalambert, révélation du sympathique Chacun pour tous, et qui se retrouvait cette fois avec un personnage bien plus consistant à défendre.
Mais il ne faut pas juger un livre sur sa couverture, et encore moins un film sur son affiche (pas une spécialité hexagonale, soyons honnête), et même s'il ne vient pas totalement contredire un bon nombres de nos a priori faciles, le film n'en est pas moins une agréable balade qui s'échine à mettre en images le bot de chemin déglingué à travers les routés hexagonales de deux figures marginalisées de notre société : les personnes sans-abris et celles en situation d'handicap.

Soit Michèle, une sans-abri vivant à l'aéroport d'Orly et Théo, un balayeur y travaillant, un jeune homme atteint d'un handicap mental et qui vit chez une tante qui le surprotège.
Tout bascule lorsque la première fait une découverte des plus inattendues et convainc le second de la conduire dans sa voiture sans permis jusqu'à Lisbonne pour retrouver son fils...

Pas si éloigné du cinéma du tandem Delépine/Kervern dans sa volonté de mettre en images une France délaissée et des héros sensiblement à la marge, à la fois road movie et comédie un poil engagé, La Marginale - que l'on aurait pu titrer Les Marginaux pour le coup -, à son petit charme désuet même s'il pâtit d'une mise en scène un brin apathique et d'un scénario trop poussif et maladroit dans sa volonté - louable, il est vrai - de ne pas jamais trop être prévisible.

Dommage, tant l'empathie est bien réelle pour ses oubliés d'une société de plus en plus deshumanisée et déshumanisante, que le cinéaste filme sans afféteries ni sans (trop) jouer la carte des bons sentiments sirupeux.
Pas une grosse pantalonnade donc, mais pas vraiment une jolie surprise non plus.

Jonathan Chevrier