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[CRITIQUE] : Poker Face


Réalisateur : Russell Crowe
Avec : Russell Crowe, Liam Hemsworth, RZA, Elsa Pataky, Matt Nable, Jacqueline McKenzie,...
Distributeur : - (MyCanal)
Budget : -
Genre : Thriller
Nationalité : Américain.
Durée : 1h34min

Synopsis :
Dans le monde du poker à gros enjeux et de la finance internationale, un milliardaire de la technologie prend de gros risques...



Critique :


Voila huit ans maintenant que ce bon vieux Russell Crowe a sauté le pas en mettant avec brio la solvabilité de son talent sur la table avec le beau drame sous fond de deuil impossible La Promesse d'une vie, un solide premier effort qui en appelait logiquement d'autres qui ne l'ont pourtant pas suivi, le bonhomme préférant étrangement écorner encore un petit peu plus une carrière d'acteur dont les hauts faits n'ont pas dépassés - excepté The Nice Guys - le début des années 2010 (les récents Enragé et Thor : Love and Thunder étant les gouttes de pisse de trop faisant gentiment déborder la cuvette).
Tout vient à point à qui sait attendre et le néo-zélandais est donc de nouveau repasser par la case réalisation l'an dernier un projet férocement improbable : Poker Face, modeste petite bisserie au casting résolument sympathique (lui-même, Liam Hemsworth, RZA, Elsa Pataky, Matt Nable et Jacqueline McKenzie), passé par la case Mostra avant de se fader une sortie en catimini un peu partout sur le globe - notamment par chez nous, lui qui a directement débarqué sur Canal +.

Autant dire que cela sentait méchamment le pâté et, preuve par vision, le film s'avère un thriller qui se rêve plus excitant et tortueux qu'il ne l'est, furieusement schématique et fastidieux qui tente de nous rappeler aux bons souvenirs d'une époque révolue (les bouts de cinéma faussement labyrinthiques et moralistes des 90s), articulé autour de la manipulation orchestrée par un milliardaire qui rassemble ses amis d'enfance pour un jeu de poker qui sert d'excuse pour que le groupe partager ses secrets les plus sombres, au coeur d'une partie allant du gentiment innocent au franchement sinistre - jusqu'à un final qui fait couac.

Arclight Films

S'il tente de renouer la figure de proue de sa carrière (les hommes extérieurement bourrus et/où violents, mais intérieurement fragiles et blessés), autant que de tutoyer la densité des drames policiers/criminels et existentiels à la Schrader, Crowe se casse les dents à tous les niveaux, surchargeant sa narration sous clichés de flashbacks écrasants autant que de monologues annihilant un par un tous ses enjeux (trahisons, maladie en phase terminale, révélations personnelles dévastatrice,...), voire même toute la potentielle profondeur de personnages auxquels on ne laisse que trop peu de grain à moudre (RZA en tête), et dont on ne croit pas une seule seconde à la potentielle familiarité.

Dommage tant derrière la caméra, avec une mise en scène fluide et dynamique, mais aussi devant (son meilleur rôle depuis longtemps), Russell Crowe fait le job même s'il n'arrive jamais vraiment tout du long, à décoller l'étiquette de DTV de luxe qui colle à ses bobines.
Pas désagréable pour autant, mais furieusement déceptif et dispensable, Poker Face est plus un maigre bluff basé sur un jeu vide, qu'un joli coup de poker.


Jonathan Chevrier