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[CRITIQUE/RESSORTIE] : L'Impitoyable Lune de miel !/Les Mutants de L'espace


Il y a sensiblement de quoi s'interroger sur la folie qui émane de la créativité - littéralement - sans limites de Bill Plympton, trublion déglingué de l'animation US dont il n'est jamais trop tard pour (re)découvrir l'étrangeté sublime de son travail entre folie inspirée, histoires improbables, animation saccadée et jeux de mots visuels extravagants.
Ça tombe bien, ED Distribution joue les séances de rattrapage avec le déglingue et génial L'Impitoyable Lune de miel !, pépite de comédie pour adultes totalement WTF-esque et décomplexée mais aussi Les Mutants de l'espace, peut-être encore plus férocement inspiré par l'animation nippone.



L'Impitoyable Lune de miel ! (1997)

On y suit les aléas rocambolesques de Grant, un beau gisse de dessin animé à la mâchoire carrée, qui vit un mariage heureux avec sa femme aimante Kerry.
Mais leur mariage est sur le point de s'effondrer après qu'un mystérieux rayon de l'antenne parabolique du couple zappe Grant alors qu'il regarde la télévision.
Le rayon a crée une sorte de tumeur, une bosse à l'arrière du cou qui lui permet de réaliser tout ce à quoi il peut penser (comme faire pleuvoir un torrent d'insectes de la bouche bavarde de sa belle-mère).
Cela inclut également transformer sa femme en n'importe quelle femme sur laquelle il fantasme pendant l'amour.
Bientôt, il participe à un talk-show télévisé, présenté comme un illusionniste.

En conséquence, il va vite être traqué par le PDG de Smile Corporation, un conglomérat médiatique dirigé par le diabolique Larson Giles, qui essaie de mettre la main sur les nouveaux super pouvoirs de Grant pour les utiliser à ses propres fins néfastes...

© Ed Distribution

Sommet de comédie absurde poussée jusqu'aux plus extrêmes extrémités du dadaïsme, refusant toute idée de linéarité malgré une intrigue sensiblement simple, L'Impitoyable Lune de miel ! se fait soixante-treize minutes d'inventivité pure aussi éreintante que jubilatoire, une animation à la fois grotesque, agressive et, paradoxalement, réellement douce.
Du gentiment trash fait à la main et sous substance, surréaliste et délirant, la définition parfait d'un cinéma underground un brin perdu dans les limbes aujourd'hui...


Les Mutants de L'espace (2001)

Passé la vision de son effort précédent, la question était de savoir si le bonhomme était capable de faire encore plus barré avec son troisième long-métrage d'animation.
Sans trembler et avec une irrévérence encore un petit peu plus affirmée, Plympton persiste et signe un délire encore plus fou et subversif qu'il est plus difficile à suivre dans sa manière de questionner le thème de la monstruosité.
Cette fois, on y suit l'histoire de Earl Jensen, un astronaute qui a passé vingt ans à errer dans l’espace suite à un incident technique.
Il raconte à son retour sur Terre qu’il a atterri sur une planète peuplée d'étranges créatures et, pour preuve de ses pérégrinations spatiales, a ramené dans ses soutes cinq de ces spécimens.

Ces bribes d'humains - œil, oreille, nez - posées sur des paires de pattes défrayent la chronique alors que Earl découvre bientôt que son ancien chef, Frubar, a sciemment saboté sa mission spatiale à des fins politiques.
Aidé de ses nouveaux amis, il prépare sa vengeance...

© Ed Distribution

Poussant les potards au maximum dans un esprit Mad qui ne l'empêche jamais de briser le moindre tabou (zoophilie, sexualité crue, gore décomplexé,...), Plympton, bien plus assuré dans son animation, ne cherche même plus à donner du liant à sa prise en grippe satirique tant le fond prime constamment sur la forme - le film ne se fait qu'un enchaînement de vignettes à peine reliées entre elles.
Trop d'inventivité tue l'inventivité (fou de dire cela, et pourtant), même si la folie de Plympton, gentiment enlacée dans les bras du pamphlet satirique un brin désenchanté (même s'il est utopiste, aussi... paradoxalement), ne fait que retranscrire celle bien réelle d'une société contemporaine où tout est possible... surtout le pire.


Jonathan Chevrier

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