[CRITIQUE/RESSORTIE] : La Nuit des morts-vivants
Réalisateur : George A. Romero
Avec : Duane Jones, Judith O'Dea, Karl Hardman, Marilyn Eastman,…
Distributeur : Les Acacias
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h36min
Date de sortie : 21 janvier 1970
Date de ressortie : 22 février 2023
Synopsis :
Chaque année, Barbara et Johnny vont fleurir la tombe de leur père. La route est longue, les environs du cimetière déserts. Peu enclin à prier, Johnny se souvient du temps où il était enfant et où il s'amusait à effrayer sa soeur en répétant d'une voix grave : "Ils arrivent pour te chercher, Barbara."
La nuit tombe. Soudain, un homme étrange apparaît. Il s'approche de Barbara puis attaque Johnny, qui tombe et est laissé pour mort. Terrorisée, Barbara s'enfuit et se réfugie dans une maison de campagne. Elle y trouve Ben, ainsi que d'autres fugitifs. La radio leur apprend alors la terrible nouvelle : des morts s'attaquent aux vivants.
Critique :
Chez feu George A. Romero, les morts-vivants ont toujours incarnés le porte-voix idéal pour dégainer sa contestation sociopolitique acerbe envers une Amérique - mais pas que - bouffée par son consumérisme et sa violence sourde, à tel point que cette usage exacerbé du revenanr aura été autant une force qu'une prison pour lui tout au long de sa pourtant foisonnante carrière.
Incapable de trouver des financements nécessaires pour ses autres films, il a toujours été condamné à faire des films de zombies, même si la maestria de ceux-ci (les plus éloquents sur les opinions du bonhomme), ont justement totalement obscurcit l'appréciation de tous ses autres films non-zombiesques.
L'éternel ourobouros en somme, une put*** d'injustice quant on sait que sa filmographie regorge de pépites hors genre (Martin en tête), et qui est dû en grande partie au succès monstrueux de son chef-d'oeuvre La Nuit des morts-vivants, sans aucun doute l'un des films les plus importants de l'histoire du cinéma ricain, un cauchemar qui prend racine dès une ouverture aussi terrifiante que frappée d'une maestria folle.
Cri à la fois passionné et cruel de la décadence croissante de la société occidentale, mais aussi rageur et protestataire contre le racisme et la guerre, dans une analyse corrosive et impitoyable de l'échec de l'interclassisme d'une Amérique gangrenée par la ségrégation et une politique ultra-libérale qui envoie ses jeunes mourir au Vietnam; on en oublierait presque que La Nuit des morts-vivants est aussi et surtout une véritable révolution dans le cinéma horrifique, le fer de lance d'une nouvelle génération de cinéastes utilisant l'horreur pour dégainer des messages aussi crus qu'essentiels (Wes Craven, Tobe Hooper, David Cronenberg et John Carpenter emboîteront vite son pas).
Plus simplement encore, il a littéralement inventer le film de zombies, quand bien même il ne prononce jamais ce mot tout du long, considérant à juste titre ses monstres comme des morts-vivants (ce que nous sommes tous au fond).
Tranchant littéralement avec l'image du zombies jadis représenté notamment du côté de chez Tourneur (manipulé par la sorcellerie) où dans le cinéma nippon (plus proche du fantôme), le zombie de Romero, fruit de mystérieuses radiations produites par une expérience ratée, est une incarnation primitive de notre peur de la mort - proche de la vision qu'en à Richard Matheson dans son mythique Je suis une légende - est capable des pires ignominies, motivés par le simple but de se nourrir, mais il est finalement pas moins monstrueux que l'homme lui-même tant lui seul est capable de tuer par unique plaisir de laisser s'exercer sa haine de l'autre.
Comme le démontre avec force un final d'une cruauté dingue non pas par sa crudité, mais par sa manière brutale de nous ramener à la réalité : si jusqu'ici tout n'était qu'un film, la violence sourde de l'assassinat de Ben (et la manière inhumaine dont il est traîné hors de la maison, avec des crochets, par une tripotée d'hommes blancs fiers et armés), par des « libérateurs » volontaires armés de fusils et prêts à tirer sans discernement sur quiconque se présente devant eux, le ramène clairement dans le monde réel, loin de la salle obscure.
Bien plus qu'une "simple" histoire de survival articulé sur un siège (les morts) et une défense (les vivants), inaugurant le schéma narratif qui sera celui de toute la saga " Dead " de son auteur (un lieu où concentrer l'action avant de se servir de l'horreur pour dessiner un propos métaphorique et énervé sur la société américaine - et, par filiation directe, sur toute la société capitaliste occidentale), La Nuit des morts-vivants dans toute sa simplicité pourtant infiniment complexe (une narration épurée, des personnages taillés à la serpe, des décors dépouillés à l'extrême,...), est une vision certes pessimiste mais profondément réaliste du monde d'hier et d'aujourd'hui, une société où l'homme est voué à l'extinction, au cannibalisme et à l'auto-engloutissement, dans une extinction barbare de toutes ses capacités intellectuelles et de toutes ses valeurs.
Un chef-d'oeuvre, rien de moins.
Jonathan Chevrier
Avec : Duane Jones, Judith O'Dea, Karl Hardman, Marilyn Eastman,…
Distributeur : Les Acacias
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h36min
Date de sortie : 21 janvier 1970
Date de ressortie : 22 février 2023
Synopsis :
Chaque année, Barbara et Johnny vont fleurir la tombe de leur père. La route est longue, les environs du cimetière déserts. Peu enclin à prier, Johnny se souvient du temps où il était enfant et où il s'amusait à effrayer sa soeur en répétant d'une voix grave : "Ils arrivent pour te chercher, Barbara."
La nuit tombe. Soudain, un homme étrange apparaît. Il s'approche de Barbara puis attaque Johnny, qui tombe et est laissé pour mort. Terrorisée, Barbara s'enfuit et se réfugie dans une maison de campagne. Elle y trouve Ben, ainsi que d'autres fugitifs. La radio leur apprend alors la terrible nouvelle : des morts s'attaquent aux vivants.
Critique :
#LaNuitDesMortsVivants est un cauchemar austère, implacable et féroce où quand le feu roi George A. Romero commençait à faire du mort-vivant le reflet politique et assassin d'une société déshumanisée, engoncée dans ses réflexes consuméristes et racistes. Chef-d'oeuvre absolu. pic.twitter.com/LE2iZuKbRB
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 23, 2023
Chez feu George A. Romero, les morts-vivants ont toujours incarnés le porte-voix idéal pour dégainer sa contestation sociopolitique acerbe envers une Amérique - mais pas que - bouffée par son consumérisme et sa violence sourde, à tel point que cette usage exacerbé du revenanr aura été autant une force qu'une prison pour lui tout au long de sa pourtant foisonnante carrière.
Incapable de trouver des financements nécessaires pour ses autres films, il a toujours été condamné à faire des films de zombies, même si la maestria de ceux-ci (les plus éloquents sur les opinions du bonhomme), ont justement totalement obscurcit l'appréciation de tous ses autres films non-zombiesques.
L'éternel ourobouros en somme, une put*** d'injustice quant on sait que sa filmographie regorge de pépites hors genre (Martin en tête), et qui est dû en grande partie au succès monstrueux de son chef-d'oeuvre La Nuit des morts-vivants, sans aucun doute l'un des films les plus importants de l'histoire du cinéma ricain, un cauchemar qui prend racine dès une ouverture aussi terrifiante que frappée d'une maestria folle.
Copyright 2017 Image Ten, Inc. All rights reserved |
Cri à la fois passionné et cruel de la décadence croissante de la société occidentale, mais aussi rageur et protestataire contre le racisme et la guerre, dans une analyse corrosive et impitoyable de l'échec de l'interclassisme d'une Amérique gangrenée par la ségrégation et une politique ultra-libérale qui envoie ses jeunes mourir au Vietnam; on en oublierait presque que La Nuit des morts-vivants est aussi et surtout une véritable révolution dans le cinéma horrifique, le fer de lance d'une nouvelle génération de cinéastes utilisant l'horreur pour dégainer des messages aussi crus qu'essentiels (Wes Craven, Tobe Hooper, David Cronenberg et John Carpenter emboîteront vite son pas).
Plus simplement encore, il a littéralement inventer le film de zombies, quand bien même il ne prononce jamais ce mot tout du long, considérant à juste titre ses monstres comme des morts-vivants (ce que nous sommes tous au fond).
Tranchant littéralement avec l'image du zombies jadis représenté notamment du côté de chez Tourneur (manipulé par la sorcellerie) où dans le cinéma nippon (plus proche du fantôme), le zombie de Romero, fruit de mystérieuses radiations produites par une expérience ratée, est une incarnation primitive de notre peur de la mort - proche de la vision qu'en à Richard Matheson dans son mythique Je suis une légende - est capable des pires ignominies, motivés par le simple but de se nourrir, mais il est finalement pas moins monstrueux que l'homme lui-même tant lui seul est capable de tuer par unique plaisir de laisser s'exercer sa haine de l'autre.
Comme le démontre avec force un final d'une cruauté dingue non pas par sa crudité, mais par sa manière brutale de nous ramener à la réalité : si jusqu'ici tout n'était qu'un film, la violence sourde de l'assassinat de Ben (et la manière inhumaine dont il est traîné hors de la maison, avec des crochets, par une tripotée d'hommes blancs fiers et armés), par des « libérateurs » volontaires armés de fusils et prêts à tirer sans discernement sur quiconque se présente devant eux, le ramène clairement dans le monde réel, loin de la salle obscure.
Copyright 2017 Image Ten, Inc. All rights reserved |
Bien plus qu'une "simple" histoire de survival articulé sur un siège (les morts) et une défense (les vivants), inaugurant le schéma narratif qui sera celui de toute la saga " Dead " de son auteur (un lieu où concentrer l'action avant de se servir de l'horreur pour dessiner un propos métaphorique et énervé sur la société américaine - et, par filiation directe, sur toute la société capitaliste occidentale), La Nuit des morts-vivants dans toute sa simplicité pourtant infiniment complexe (une narration épurée, des personnages taillés à la serpe, des décors dépouillés à l'extrême,...), est une vision certes pessimiste mais profondément réaliste du monde d'hier et d'aujourd'hui, une société où l'homme est voué à l'extinction, au cannibalisme et à l'auto-engloutissement, dans une extinction barbare de toutes ses capacités intellectuelles et de toutes ses valeurs.
Un chef-d'oeuvre, rien de moins.
Jonathan Chevrier