[CRITIQUE] : The Son
Réalisateur : Florian Zeller
Acteurs : Hugh Jackman, Laura Dern, Vanessa Kirby, Zen McGrath, Anthony Hopkins,...
Distributeur : Orange Studio Distribution / UGC Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Britannique.
Durée : 2h03min
Synopsis :
À dix-sept ans, Nicholas semble en pleine dérive, il n'est plus cet enfant lumineux qui souriait tout le temps. Que lui arrive-t-il ? Dépassée par la situation, sa mère accepte qu’il aille vivre chez son père, Peter. Remarié depuis peu et père d’un nouveau né, il va tenter de dépasser l’incompréhension, la colère et l’impuissance dans l’espoir de retrouver son fils.
Critique :
Pour tout fan du magnifique The Father, la question était de savoir, avant même d'entrer en salles, si la foudre pouvait frapper deux fois au même endroit et faire que ce dit film de la confirmation pour Florian Zeller, soit tout aussi réussi que le premier.
Après tout, comment ne pas en espérer autant puisque le cinéaste ne quitte pas réellement sa zone de confort en adaptant son propre travail passé, tout en s'assurant de s'entourer une nouvelle fois d'une distribution hors pair (Hugh Jackman, Laura Dern, Vanessa Kirby, Zen McGrath et à nouveau Anthony Hopkins).
La finalité est que cette pourtant simple question, à une reponse des plus compliqués à offrir tant tout est question de dualité avec The Son, aussi bien dans ce qui est montré à l'écran que dans son opposition, même involontaire, avec son illustre aîné auquel il est impossible de ne pas faire référence, voire même face auquel il est difficile de ne pas jouer la carte de la comparaison facile (les deux films traitent des relations familiales complexes, sont confiné à des décors intérieurs, se concentre sur la maladie mentale, explorant des relations père-enfant difficiles, voient leur espace domestique intime et animé par un dialogues intenses,...).
Une fois de plus co-écrit avec Christopher Hampton (Les Liaisons Dangereuses, Atonement), la force créative ď ce récit multi-couches veut que tout soit observé sur la notion de dualité, de la manière dont le père, Peter, gère ses deux vies passées et présentes tout comme ses deux garçons, la relation qu'il entretient avec son fils Nicholas - et lui aussi avec ses deux mères - qui se juxtapose avec celle complexe qu'il entretient avec son propre père (double relation père-fils difficile donc), et les va-et-vient entre sa vie intime et professionnel; tout n'est qu'une question de double et donc de répétition, un effet à double tranchant pour une narration qui traite de manière à la fois brutalement percutante et (surtout) profondément décourageante, de la dépression et du mal-être adolescent en ne focalisant finalement son attention que... sur la figure paternelle.
Toute l'histoire est paradoxalement et fermement alignée sur suit l'avocat new-yorkais Peter Miller, alors qu'il recommence joyeusement sa vie avec sa second épouse Beth et leur nouveau-né Theo (son second fils), et que son existence est bouleversée par son passé : un ex-épouse Kate, et un fils adolescent Nicholas, qui " l'oblige " à assumer de nouveau son rôle de père après l'avoir abandonné suite au divorce - même s'il l'aime réellement.
Mais face au voile d'une dépression qui ne s'estompe pas, il se tournera douloureusement vers son propre père pour avoir un aperçu de la parentalité, dit patriarche qui n'a aucune sympathie pour la faiblesse émotionnelle de son fils ou de son petit-fils...
Si The Father était aussi prenant et immersif, c'est parce qu'il plongeait son spectateur pleinement au coeur de l'état d'esprit de son homonyme (porté par la prestation stellaire d'Anthony Hopkins), un quotidien fait de confusion et de détresse face à la démence; The Son lui, ne s'attache pas tant au trouble du dit fils mais à la lutte de son père pour le comprendre, où les maux de l'enfant doivent être aborder verbalement, ruminer et plier à une logique Tchekhovienne incompréhensible (le film porte tout de même le titre de ce qui devrait être son sujet) plutôt qu'être aborder et comprise en profondeur et de manière immersive.
En ce sens, le film n'est pas tant intéressé à étoffer le personnage - unidimensionnel - de Nicholas en tant que figure centrale de la narration (on ne s'intéresse jamais à lui au-delà de sa colère/douleur bouleversante et tranchante), mais simplement en tant que fils avec lequel le père doit faire face en raison des liens du sang et du poids du regret, avec lequel le père doit avoir la fatidique prise de conscience qu'un parent doit voir et accepter son enfant pour qui il est réellement, et tout faire pour l'aider à être la meilleure version de lui-même et de qui il veut être, et non de ce que l'on veut qu'il soit (au risque sinon de totalement nier la réalité, ce qui arrive un temps ici).
Au fond, et c'est là tout son souci et son cruel paradoxe, le film passe plus de temps à nous conter qui est le dit fils plutôt qu'à le montrer, Zeller étant cette fois-ci totalement trahi par ce qui était jadis sa force : une proprension gourmande pour le mélodrame (avec la partition solennelle de Zimmer en prime) et les coutures apparentes des origines scéniques de son écriture très (trop?) volubile et intense.
Une théâtralité qui pourtant dans le même temps, renforce (le film joue finalement de la dualité même dans ses défauts) l'émotion brute qui se dégage des performances de son duo Hugh Jackman/Zen McGrath - voire même d'un Anthony Hopkins peu présent mais aux scènes essentielles.
Sur scène, The Father et The Son sont deux volets d'une trilogie thématique, complétée par The Mother qui, dans sa tournée off-Broadway en 2019, mettait en vedette l'iconique Isabelle Huppert.
Espérons qu'elle soit à la fois de la partie pour une hypothétique conclusion cinématographique, mais surtout que le personnage soit moins écarté de l'histoire que les deux mamans de The Son, même si les (toujours) formidables Laura Dern et Vanessa Kirby tirent le meilleur parti de rôles un brin rachitique là où les personnages sont pourtant censés véhiculés et être tiraillés par les mêmes angoisses et espoirs (plus peut-être même en tant que mère pour Dern) que la figure paternelle.
Aussi improbable que puisse paraître cette gymnastique, The Son se fait pourtant à la fois une expérience aussi intimement bouleversante que profondément frustrante, à la fois touchante et déconcertante, dont la volonté louable de traiter de la dépression chez les adolescents est totalement annihilée par le propre prisme qu'elle choisit pour l'aborder.
Une sacrée occasion manquée tout de même.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Hugh Jackman, Laura Dern, Vanessa Kirby, Zen McGrath, Anthony Hopkins,...
Distributeur : Orange Studio Distribution / UGC Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Britannique.
Durée : 2h03min
Synopsis :
À dix-sept ans, Nicholas semble en pleine dérive, il n'est plus cet enfant lumineux qui souriait tout le temps. Que lui arrive-t-il ? Dépassée par la situation, sa mère accepte qu’il aille vivre chez son père, Peter. Remarié depuis peu et père d’un nouveau né, il va tenter de dépasser l’incompréhension, la colère et l’impuissance dans l’espoir de retrouver son fils.
Critique :
D'une manière un brin paradoxale, #TheSon se fait à la fois une expérience aussi bouleversante que profondément frustrante, dont la volonté louable de traiter de la dépression chez les adolescents est totalement annihilée par le propre prisme qu'elle choisit pour l'aborder. pic.twitter.com/q25t8pCOhT
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 25, 2023
Pour tout fan du magnifique The Father, la question était de savoir, avant même d'entrer en salles, si la foudre pouvait frapper deux fois au même endroit et faire que ce dit film de la confirmation pour Florian Zeller, soit tout aussi réussi que le premier.
Après tout, comment ne pas en espérer autant puisque le cinéaste ne quitte pas réellement sa zone de confort en adaptant son propre travail passé, tout en s'assurant de s'entourer une nouvelle fois d'une distribution hors pair (Hugh Jackman, Laura Dern, Vanessa Kirby, Zen McGrath et à nouveau Anthony Hopkins).
La finalité est que cette pourtant simple question, à une reponse des plus compliqués à offrir tant tout est question de dualité avec The Son, aussi bien dans ce qui est montré à l'écran que dans son opposition, même involontaire, avec son illustre aîné auquel il est impossible de ne pas faire référence, voire même face auquel il est difficile de ne pas jouer la carte de la comparaison facile (les deux films traitent des relations familiales complexes, sont confiné à des décors intérieurs, se concentre sur la maladie mentale, explorant des relations père-enfant difficiles, voient leur espace domestique intime et animé par un dialogues intenses,...).
Copyright THE SON FILMS LIMITED ET CHANNEL FOUR TELEVISION CORPORATION 2022 |
Une fois de plus co-écrit avec Christopher Hampton (Les Liaisons Dangereuses, Atonement), la force créative ď ce récit multi-couches veut que tout soit observé sur la notion de dualité, de la manière dont le père, Peter, gère ses deux vies passées et présentes tout comme ses deux garçons, la relation qu'il entretient avec son fils Nicholas - et lui aussi avec ses deux mères - qui se juxtapose avec celle complexe qu'il entretient avec son propre père (double relation père-fils difficile donc), et les va-et-vient entre sa vie intime et professionnel; tout n'est qu'une question de double et donc de répétition, un effet à double tranchant pour une narration qui traite de manière à la fois brutalement percutante et (surtout) profondément décourageante, de la dépression et du mal-être adolescent en ne focalisant finalement son attention que... sur la figure paternelle.
Toute l'histoire est paradoxalement et fermement alignée sur suit l'avocat new-yorkais Peter Miller, alors qu'il recommence joyeusement sa vie avec sa second épouse Beth et leur nouveau-né Theo (son second fils), et que son existence est bouleversée par son passé : un ex-épouse Kate, et un fils adolescent Nicholas, qui " l'oblige " à assumer de nouveau son rôle de père après l'avoir abandonné suite au divorce - même s'il l'aime réellement.
Mais face au voile d'une dépression qui ne s'estompe pas, il se tournera douloureusement vers son propre père pour avoir un aperçu de la parentalité, dit patriarche qui n'a aucune sympathie pour la faiblesse émotionnelle de son fils ou de son petit-fils...
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Si The Father était aussi prenant et immersif, c'est parce qu'il plongeait son spectateur pleinement au coeur de l'état d'esprit de son homonyme (porté par la prestation stellaire d'Anthony Hopkins), un quotidien fait de confusion et de détresse face à la démence; The Son lui, ne s'attache pas tant au trouble du dit fils mais à la lutte de son père pour le comprendre, où les maux de l'enfant doivent être aborder verbalement, ruminer et plier à une logique Tchekhovienne incompréhensible (le film porte tout de même le titre de ce qui devrait être son sujet) plutôt qu'être aborder et comprise en profondeur et de manière immersive.
En ce sens, le film n'est pas tant intéressé à étoffer le personnage - unidimensionnel - de Nicholas en tant que figure centrale de la narration (on ne s'intéresse jamais à lui au-delà de sa colère/douleur bouleversante et tranchante), mais simplement en tant que fils avec lequel le père doit faire face en raison des liens du sang et du poids du regret, avec lequel le père doit avoir la fatidique prise de conscience qu'un parent doit voir et accepter son enfant pour qui il est réellement, et tout faire pour l'aider à être la meilleure version de lui-même et de qui il veut être, et non de ce que l'on veut qu'il soit (au risque sinon de totalement nier la réalité, ce qui arrive un temps ici).
Copyright THE SON FILMS LIMITED ET CHANNEL FOUR TELEVISION CORPORATION 2022 |
Au fond, et c'est là tout son souci et son cruel paradoxe, le film passe plus de temps à nous conter qui est le dit fils plutôt qu'à le montrer, Zeller étant cette fois-ci totalement trahi par ce qui était jadis sa force : une proprension gourmande pour le mélodrame (avec la partition solennelle de Zimmer en prime) et les coutures apparentes des origines scéniques de son écriture très (trop?) volubile et intense.
Une théâtralité qui pourtant dans le même temps, renforce (le film joue finalement de la dualité même dans ses défauts) l'émotion brute qui se dégage des performances de son duo Hugh Jackman/Zen McGrath - voire même d'un Anthony Hopkins peu présent mais aux scènes essentielles.
Sur scène, The Father et The Son sont deux volets d'une trilogie thématique, complétée par The Mother qui, dans sa tournée off-Broadway en 2019, mettait en vedette l'iconique Isabelle Huppert.
Espérons qu'elle soit à la fois de la partie pour une hypothétique conclusion cinématographique, mais surtout que le personnage soit moins écarté de l'histoire que les deux mamans de The Son, même si les (toujours) formidables Laura Dern et Vanessa Kirby tirent le meilleur parti de rôles un brin rachitique là où les personnages sont pourtant censés véhiculés et être tiraillés par les mêmes angoisses et espoirs (plus peut-être même en tant que mère pour Dern) que la figure paternelle.
Copyright THE SON FILMS LIMITED ET CHANNEL FOUR TELEVISION CORPORATION 2022 |
Aussi improbable que puisse paraître cette gymnastique, The Son se fait pourtant à la fois une expérience aussi intimement bouleversante que profondément frustrante, à la fois touchante et déconcertante, dont la volonté louable de traiter de la dépression chez les adolescents est totalement annihilée par le propre prisme qu'elle choisit pour l'aborder.
Une sacrée occasion manquée tout de même.
Jonathan Chevrier