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[CRITIQUE] : Rembrandt



Réalisateur : Pierre Schoeller
Acteurs : Camille Cottin, Romain Duris, Céleste Brunnquell, Denis Podalydès,...
Distributeur : Zinc Film.
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h47min.

Synopsis :
Claire et Yves, physiciens de formation, travaillent dans le nucléaire depuis toujours. Lors d’une visite à la National Gallery, Claire va être bouleversée par trois toiles de Rembrandt. Cette rencontre avec ces trois œuvres magistrales va les changer à jamais.





Et si, passé un fantastique L'Exercice de l'état dont le lustre commence certes gentiment à s'écailler (2011, tout de même), le cinéma encore tendre de Pierre Schoeller - à peine quatre péloches au compteur - n'était appelé qu'à décevoir malgré sa propension, encore une fois louable, de vouloir cartographier la France d'aujourd'hui (voire d'hier, si l'on se rappelle au mauvais souvenir de son Le Peuple et le roi) dans toutes ses contradictions.

La question a le mérite de se poser puisqu'une nouvelle fois, non sans une certaine ambition narrative, le bonhomme se perd dans les méandres pachydermiques d'un récit aussi dichotomique qu'il est - volontairement - flou et bordélique, cloué aux basques d'un couplé d'ingénieurs dans le milieu du nucléaire (un tandem Romain Duris/Camille Cottin au cabotinage sévère), dont la moitié féminine voit sa conscience écologique miraculeusement - où nébuleusement, c'est selon - se réveiller lors d'une une exposition temporaire à la National Gallery, ou elle est fascinée par une série de trois toiles signées par l'orfèvre néerlandais Rembrandt - pourquoi pas, après tout.

Copyright 2024 Tresor Films – France 3 Cinema – Zinc – Les productions du tresor – Artemis Production

Ou comment nouer sur le papier, le pouvoir révélateur et romantique de l'art à la réalisation de l'aliénation consentie du monde, de nouer métaphoriquement crise existentielle et crise écologique, de lier ce bouleversement intime d'une âme et de tout son monde, à celui d'une planète terre à l'agonie et dont le métier bouscule, justement, la stabilité précaire sur lequel l'humanité la fait dangereusement swinguer.

Mais ce qui semble limpide sur le papier, Schoeller le rend incroyablement déséquilibré et désincarné à l'écran, à travers une narration alambiquée et poussive, continuellement le fessier coincé entre le thriller scientifico-verbeux (mais méticuleusement documenté, certes), le drame intimo-conjugual plus ou moins inquiété et le récit fantastico-onirique au rythme gentiment lancinant, qui n'hésite même pas à mollement se perdre dans un discours final furieusement moraliste (mais clair, à la différence de beaucoup de chose ici).

Copyright 2024 Tresor Films – France 3 Cinema – Zinc – Les productions du tresor – Artemis Production

Pire, on ne s'attache ni ne croit aux actions et aux motivations de ses personnages, comme si en voulant sonder théoriquement la nature instable de l'âme humaine, le cinéaste croulait lui-même lentement mais sûrement, face à son incapacité à atteindre l'exigence de ses ambitions.
Reste une photographie particulièrement léchée chapeautée par Nicolas Loir, et encore...


Jonathan Chevrier