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[CRITIQUE] : Americana


Réalisateur : Tony Tost
Acteurs : Sydney Sweeney, Paul Walter Hauser, Zahn McClarnon, Halsey, Simon Rex, Eric Dane,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Action, Drame, Policier.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h47min.

Synopsis :
Une chasse effrénée a lieu entre plusieurs individus pour mettre la main sur une chemise amérindienne Lakota d'une grande valeur.





À une heure ou le mot DTV ne veut plus forcément rien dire, la faute autant aux affres d'une pandémie qui a totalement bouleversé les cartes de la distribution, qu'à l'explosion des plateformes de streaming et de leurs catalogues artificiellement remplis; il y a quelque chose de gentiment régressif à découvrir une bande telle que Americana, estampillé premier long-métrage perfectible mais plein d'envie de Tony « Poker Face » Tost (sorti deux ans après sa petite tournée des festivals, et ce n'est pas un détail anodin), néo-noir/néo-western façon retour en arrière à une époque pas si lointaine où le spectateur pouvait joyeusement aller s'encanailler à mirer sans remords du divertissement pulpeux et oubliable, tout droit destiné à garnir les rayons des vidéoclubs.

Copyright Lionsgate Films

D'autant que pour sa première, le Tost, sensiblement sous influences et avec pour vedette une Sydney Sweeney qui enchaîne les productions limitées/décevantes (alors qu'à contrario, sa popularité au sein de la jungle alimentaire Hollywoodienne ne cesse de croître), ne s'embarasse d'aucune fioriture et avait un but sain : divertir son auditoire en bonne péloche du samedi soir qui se respecte (mais avec un fond qui revendique une approche déconstructionniste digne des Coen et de Jim Jarmusch), et qui ne demande uniquement que les pizzas et les bières soient dressées, pour faire son office.

Mais les bonnes intentions ne font pas forcément un bon film, et inversement, et il est difficile de ne pas taper sur les bottines du lascar, d'autant qu'il arrive sensiblement à le faire tout seul comme un grand, lui qui vient fébrilement titiller le cinéma des frangins Coen comme dit plus haut (à l'instar du récent et bien plus réussi Last Stop : Yuma County de Francis Galluppi, qui incarnait lui aussi un premier long-métrage aux confrontations violentes et à l'étrangeté joliment assumé), sans jamais en atteindre ni sa maestria - évidemment - ni sa folie sardonique et jubilatoire, à travers une aventure hybride et sanglante nouée autour d'un artefact - une chemise amérindienne Lakota d'une grande valeur - qu'une poignée de personnages décalés et hauts en couleur (campés par une galerie de comédiens/comédiennes totalement en roue libre et/ou bridées par une caractérisation plus gadget qu'autre chose), tentent de s'accaparer.

Copyright Lionsgate Films

Scindé en cinq chapitres bien distincts (qui convergent vers un final aussi gore que mollasson et interminable) aux artifices/rebondissements laborieux, Americana se fait bien plus une séance dérivée que réellement inspirée, la faute à des références plus ou moins bien digérées, une écriture maladroitement irrévérencieuse (mais surtout sans finesse ni nuances) et un rythme méchamment décousu; défauts que ne vient jamais relever ses maigres qualités, dont une esthétique étonnamment léchée, fruit de la superbe photographie de Nigel Bluck qui sublime les paysages désertiques de l'ouest américain.

Une expérience singulière et forcée qui, à défaut d'être mémorable, aurait au moins pu être attachante.


Jonathan Chevrier