[CRITIQUE] : Alis
Réalisateur•ice : Clare Weiskopf et Nicolas van Hemelryck
Avec : -
Distributeur : Wayna Pitch
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Colombien, Roumain, Chilien.
Durée : 1h24min
Synopsis :
Dans un refuge pour adolescentes à Bogota, un groupe d'adolescentes est invité à fermer les yeux et à imaginer l'histoire d'une camarade de classe nommée ALIS. L'exercice commence comme un jeu innocent, ALIS est une toile blanche sur laquelle elles peuvent projeter leurs propres expériences. Au fur et à mesure que la fiction prend forme, grandit et se mêle à la réalité, elle leur offre la possibilité d’avoir un point de vue extérieur et de voir leurs propres expériences à travers une perspective différente. La création de cette amie imaginaire les confronte au cycle de violence dans lequel elles ont été immergées, et leur donne une opportunité unique de rêver à un avenir plus radieux. Une histoire profonde et puissante, pleine de rires, d'amour et de musique qui se déroule dans l’endroit le plus inattendu.
Critique :
Bien que la Colombie possède en son sein certaines des lois les plus progressistes en matière de droits des femmes en Amérique du Sud (quoique limités en comparaison avec les pays occidentaux), cela ne veut pas pour autant dire qu'il est facile - loin de là - d'être une jeune fille, et encore moins une femme, dans ce pays où les violences domestiques sont encore furieusement nombreuses.
Une nation qui, sans tomber dans la facilité des clichés préconçues par une vision souvent exagérée, fut longtemps gangrenée par une violence presque endémique alors que le gouvernement et les groupes paramilitaires armés - sans compter une criminalité sensiblement exacerbée - furent continuellement en désaccord (même s'il est vrai que depuis quelques années, la situation politique, économique et sociale semble un brin s'améliorer).
C'est dans ce cadre où la vulnérabilité, quelle qu'elle soit, est une arme pour les autres, cette société patriarcale et machiste où la violence, les abus et la pauvreté sont généralisés, que les ados colombiennes doivent se construire.
Ce sont justement une poignée d'elles qui sont au centre du documentaire Alis de Clare Weiskopf et Nicolas van Hemelryck, construit à la suite d'ateliers audiovisuels dans un centre d'accueil adolescentes à Bogota.
Faisant de la caméra une toile pour que chacune puisse raconter sa propre histoire, le documentaire, filmé sur cinq années, se fait un effort inventif autant pour libérer la parole de ses jeunes sujets (tout en accentuant leur affirmation d'elle-même et leur émancipation par la parole) jamais pointées comme des victimes, que pour aborder de manière frontale les nombreux problèmes sociaux qui ravagent la Colombie au quotidien - l'invention d'une adolescente fictive, Alis, dont elles doivent imaginer l'histoire en s'inspirant de leur propre expérience.
Enrichissant tout en étant parfois difficile à regarder, perspicace dans sa façon de susciter un élan sororal par le biais d'un investissement collectif et collaboratif tout en étant, peut-être, un brin freiné par son dispositif redondant, Alis n'en est pas moins un regard fascinant et sensible sur souffrance de la jeunesse colombienne, terriblement bouleversante dans sa maturité et sa détermination à vouloir pleinement exister dans un monde qui semble les condamner dès l'enfance.
Jonathan Chevrier
Avec : -
Distributeur : Wayna Pitch
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Colombien, Roumain, Chilien.
Durée : 1h24min
Synopsis :
Dans un refuge pour adolescentes à Bogota, un groupe d'adolescentes est invité à fermer les yeux et à imaginer l'histoire d'une camarade de classe nommée ALIS. L'exercice commence comme un jeu innocent, ALIS est une toile blanche sur laquelle elles peuvent projeter leurs propres expériences. Au fur et à mesure que la fiction prend forme, grandit et se mêle à la réalité, elle leur offre la possibilité d’avoir un point de vue extérieur et de voir leurs propres expériences à travers une perspective différente. La création de cette amie imaginaire les confronte au cycle de violence dans lequel elles ont été immergées, et leur donne une opportunité unique de rêver à un avenir plus radieux. Une histoire profonde et puissante, pleine de rires, d'amour et de musique qui se déroule dans l’endroit le plus inattendu.
Critique :
Perspicace dans sa façon de susciter un élan sororal par le biais d'un investissement collectif et collaboratif tout en étant, peut-être, un brin freiné par son dispositif redondant,#Alis n'en est pas moins un regard fascinant et sensible sur souffrance de la jeunesse colombienne pic.twitter.com/nQkpTNnGQv
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 31, 2023
Bien que la Colombie possède en son sein certaines des lois les plus progressistes en matière de droits des femmes en Amérique du Sud (quoique limités en comparaison avec les pays occidentaux), cela ne veut pas pour autant dire qu'il est facile - loin de là - d'être une jeune fille, et encore moins une femme, dans ce pays où les violences domestiques sont encore furieusement nombreuses.
Une nation qui, sans tomber dans la facilité des clichés préconçues par une vision souvent exagérée, fut longtemps gangrenée par une violence presque endémique alors que le gouvernement et les groupes paramilitaires armés - sans compter une criminalité sensiblement exacerbée - furent continuellement en désaccord (même s'il est vrai que depuis quelques années, la situation politique, économique et sociale semble un brin s'améliorer).
C'est dans ce cadre où la vulnérabilité, quelle qu'elle soit, est une arme pour les autres, cette société patriarcale et machiste où la violence, les abus et la pauvreté sont généralisés, que les ados colombiennes doivent se construire.
Copyright Wayna Pitch |
Ce sont justement une poignée d'elles qui sont au centre du documentaire Alis de Clare Weiskopf et Nicolas van Hemelryck, construit à la suite d'ateliers audiovisuels dans un centre d'accueil adolescentes à Bogota.
Faisant de la caméra une toile pour que chacune puisse raconter sa propre histoire, le documentaire, filmé sur cinq années, se fait un effort inventif autant pour libérer la parole de ses jeunes sujets (tout en accentuant leur affirmation d'elle-même et leur émancipation par la parole) jamais pointées comme des victimes, que pour aborder de manière frontale les nombreux problèmes sociaux qui ravagent la Colombie au quotidien - l'invention d'une adolescente fictive, Alis, dont elles doivent imaginer l'histoire en s'inspirant de leur propre expérience.
Enrichissant tout en étant parfois difficile à regarder, perspicace dans sa façon de susciter un élan sororal par le biais d'un investissement collectif et collaboratif tout en étant, peut-être, un brin freiné par son dispositif redondant, Alis n'en est pas moins un regard fascinant et sensible sur souffrance de la jeunesse colombienne, terriblement bouleversante dans sa maturité et sa détermination à vouloir pleinement exister dans un monde qui semble les condamner dès l'enfance.
Jonathan Chevrier