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[CRITIQUE] : Joyride


Réalisatrice : Emer Reynolds
Acteurs : Olivia ColmanCharlie ReidLochlann O'Mearain,...
Distributeur : (Sony Pictures Releasing France)
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Irlandais.
Durée : 1h34min.

Synopsis :
Joy a fichu en l'air sa vie, à présent, elle est même prête à confier son nouveau-né à sa meilleure amie. Bientôt, elle va rencontrer un gamin des rues effronté. Tous les deux vont parcourir le pays...



Critique :


Parfois plus encore que le drame, le road movie est le genre cinématographique le plus propice à laisser parler les émotions d'une histoire et de ses personnages, sans doute parce que la simplicité évidente qu'il convoque (aller d'un point A à un point B), lui permet d'aller strictement à l'essentiel, de laisser vivre et vibrer sa narration au gré des points clés et autres rebondissements d'un périple à la fois physique et intime.
Après tout, Robert Louis Stevenson ne disait-il pas que " l'important, ce n'est pas la destination, mais le voyage en lui-même "?
C'est sensiblement le cas avec Joyride, nouveau long-métrage de la documentariste Emer Reynolds, road movie dramatico-reconfortant tellement familier et prévisible qu'il semble avoir été inconsciennement fournit au spectateur avec son mode d'emploi, quasiment à la ligne de dialogue près.
Mais dans sa légèreté évidente il a un double argument de poids : un tandem vedette incarné par le nouveau venu - et impressionnant - Charlie Reid, et la merveilleuse Olivia Colman.
Et tout de suite, même si un bon casting ne surpasse jamais vraiment les maladresses et la fragilité d'un scénario, la péloche roule toujours avec ses deux pilotes sur la voie de la sécurité, apportant ce qu'il faut de poids et de puissance à une histoire certes sans prétention mais charmante.

Courtesy of Embankment Films

Soit celle d'un jeune ado chanteur, Mully, qui, par peur de voir son loser de parternel s'en aller avec la caisse d'une collecte de fonds caritative organisée en l'honneur de sa chère mère décédée, fuit avec l'argent en prenant le volant d'un taxi où se retrouve coucher sur la banquette arrière une avocate irlandaise endormie et en pleine gueule de bois avec son nouveau-né.
Joy n'est pas vraiment une mère naturelle et considère son bébé (né neuf mois après la mort de sa propre mère, et fruit d'une aventure d'un soir) comme un inconvénient plus qu'autre chose (même si elle aspire réellement à l'aimer), et elle avait dans l'idée de laisser sa fille à sa meilleure amie avant que Mully ne vienne bousculer ses plans...
Totalement vissé sur l'alchimie étrange mais attachante et aux chamailleries presque Beckettiennes, entre une quadra irritable et sarcastique et un ado vulgaire mais au coeur d'or, qui en sait définitivement plus sur les enfants au point de réveiller, par sa vulnérabilité et sa bienveillance, les instincts maternels de Joy, le film roule sa bosse sans trembler - jusque dans ses rebondissements téléphonés pour étirer la balade -, sorte de carte postale dramatico-salé du sud de l'Irlande où deux âmes blessées vont apprendre à avoir de nouveau de l'espoir en l'existence, au contact - et sous quelques saillies bien pimentées - de l'autre.
Pétri de bons sentiments et faciles donc, mais totalement porté par l'alchimie folle de son duo vedette, que ce soit la partition tout en émotion refoulée de Colman, où l'exubérance touchante de Reid, qui justifie à eux deux le temps du voyage.


Jonathan Chevrier