[FUCKING SERIES] : She-Hulk : Avocate saison 1 : All about Jen
(Critique - avec spoilers - de la saison 1)
Il y a un sacré paradoxe dans la réception populaire de ce que peut proposer le MCU depuis le début de la Phase IV, dans le sens où si l'on se plaint férocement d'une formule cinématographique familière usée jusqu'à la moelle que la firme ne se gêne même plus de dégueuler sans sourciller - et avec la certitude d'aligner les billets verts -, dans le sens inverse en revanche, quant elle cherche à la renouveler au coeur de son laboratoire expérimental qu'est Disney Plus... elle se mange le même type de réactions, voire même peut-être encore plus violentes (qui a dit absurde ?).
S'il ne transforme résolument pas le plomb en or, son giron a néanmoins le bon ton de faire sensiblement bouger les lignes d'une Phase sans ligne claire et cohérente, en proposant quelques escapades certes pas toujours mémorables mais au moins un tant soit peu originales, à défaut de totalement s'extirper des nombreuses tares du MCU (scripts anecdotiques/insignifiants, une surabondance de fonds verts foireux,...).
De loin la proposition la plus casse-gueule du catalogue, tant il était appelé autant à épouser une vision périphérique avec la timeline générale interconnectée, qu'à installer un tout nouveau personnage censé exister solidement dans le présent du MCU, She-Hulk : Attorney at Law rajoutait même dans son sac à dos plein de briques un ton comico-méta à son pendant procédural, histoire de la faire jouer sur le même terrain que la cultissime Ally McBeal.
Sachant que l'humour chez Marvel n'est clairement pas un fort (puisqu'il n'est là que pour nager dans le petit bain du divertissement populaire, voire même pour dédramatiser de manière assez crade le moindre élan de gravité de ses intrigues dramatiques) et que le personnage de Hulk sort d'un saccage mignon au coeur du diptyque Infinity War/Endgame, la série partait déjà avec un bon chargeur de AK-47 vidé dans les panards, et cela explique clairement pourquoi elle aura autant divisée que jamais réellement su sur quel pied danser.
En tentant de contenter aussi bien les fans inconditionnels (des comics comme du MCU) que les spectateurs occasionnels, la série trébuche autant qu'elle fait mouche en arpentant le terrain inédit du sitcom super-héroïque qui a le bon goût de ne pas surjouer ses gags - même lorsqu'elle brise le quatrième mur -, intelligemment vissé sur les aternoiements d'une jeune femme, Jennifer Walters, catapultée à contrecœur dans les profondeurs chaotiques du monde des super-héros.
Tout droit sortie des 90s et porté par un nombre d'épisodes aussi étrange qu'arbitraire (neuf de trente minutes, sans que l'on ne sache réellement le pourquoi du comment de cette structure), la série a paradoxalement le temps nécessaire pour prendre son envol (et même donner du grain à moudre à son casting de personnages secondaires, quant leur temps d'écran n'est pas vampirisé par les nombreux caméos) tout en étant corsetée par les impératifs de Marvel Studios - comprendre les mains balourdes et capitalistes de Disney -, et ses caméos excessifs (son cousin Bruce Banner, Wong où encore Matt Murdock et un Blonsky/Abomination qui n'est là que pour la forme).
Un entre-deux qui se ressent sur toutes les strates de cette première saison, de ces concepts féministes réfléchis mais jamais vraiment approfondis à son humour partiellement drôle (entre moqueries du MCU et éléments méta-comiques), à un final qui réécrit faussement son histoire à coups de méta-observations pour se clore sur quelque chose d'encore plus frustrant (car il induit de rétroactivement zapper une intrigue que les showrunners avaient placée au coeur de toute la saison, le tout avec un repas familial digne de la saga Fast and Furious), en passant par des VFX pas toujours juste (on sait désormais que les équipes derrière sont démesurément débordées) où même par le parcours de sa propre héroïne, qui a vu son existence s'effondrer au moment même où elle apprenait à équilibrer les deux côtés de son identité.
Tout au long de sa première saison, She-Hulk : Attorney at Law a pris des virages douteux mais ambitieux, créativement comme narrativement, allant d'une narration originale à son format procédural et un ton plus léger et comique qui l'ont sensiblement distingué de tout le reste du catalogue MCU - dans le bon comme dans le mauvais sens du terme -, le tout porté par le charme incendiaire d'une Tatiana Maslany donnant suffisamment d'épaisseur à son personnage pour le rendre furieusement empathique et plaisant à suivre.
Difficile alors de totalement taper sur son rendu final, loin de l'échec sans âme vendu par les haters adeptes de la critique facile (qui a dit stupide ?), mais définitivement trop bancal pour totalement prétendre atteindre les cimes du laboratoire Disney Plus/MCU - Loki et Wandavision.
Reste que face à un pendant cinéma si ce n'est décevant, frisant gentiment avec le foutage de gueule, She-Hulk se fait un petit bout de télévision ludique et même plutôt attachant, un brin à l'instar de la récente Miss Marvel - et ce n'est déjà pas si mal finalement.
Jonathan Chevrier
Il y a un sacré paradoxe dans la réception populaire de ce que peut proposer le MCU depuis le début de la Phase IV, dans le sens où si l'on se plaint férocement d'une formule cinématographique familière usée jusqu'à la moelle que la firme ne se gêne même plus de dégueuler sans sourciller - et avec la certitude d'aligner les billets verts -, dans le sens inverse en revanche, quant elle cherche à la renouveler au coeur de son laboratoire expérimental qu'est Disney Plus... elle se mange le même type de réactions, voire même peut-être encore plus violentes (qui a dit absurde ?).
S'il ne transforme résolument pas le plomb en or, son giron a néanmoins le bon ton de faire sensiblement bouger les lignes d'une Phase sans ligne claire et cohérente, en proposant quelques escapades certes pas toujours mémorables mais au moins un tant soit peu originales, à défaut de totalement s'extirper des nombreuses tares du MCU (scripts anecdotiques/insignifiants, une surabondance de fonds verts foireux,...).
Copyright Marvel Studios 2022. All Rights Reserved. |
De loin la proposition la plus casse-gueule du catalogue, tant il était appelé autant à épouser une vision périphérique avec la timeline générale interconnectée, qu'à installer un tout nouveau personnage censé exister solidement dans le présent du MCU, She-Hulk : Attorney at Law rajoutait même dans son sac à dos plein de briques un ton comico-méta à son pendant procédural, histoire de la faire jouer sur le même terrain que la cultissime Ally McBeal.
Sachant que l'humour chez Marvel n'est clairement pas un fort (puisqu'il n'est là que pour nager dans le petit bain du divertissement populaire, voire même pour dédramatiser de manière assez crade le moindre élan de gravité de ses intrigues dramatiques) et que le personnage de Hulk sort d'un saccage mignon au coeur du diptyque Infinity War/Endgame, la série partait déjà avec un bon chargeur de AK-47 vidé dans les panards, et cela explique clairement pourquoi elle aura autant divisée que jamais réellement su sur quel pied danser.
En tentant de contenter aussi bien les fans inconditionnels (des comics comme du MCU) que les spectateurs occasionnels, la série trébuche autant qu'elle fait mouche en arpentant le terrain inédit du sitcom super-héroïque qui a le bon goût de ne pas surjouer ses gags - même lorsqu'elle brise le quatrième mur -, intelligemment vissé sur les aternoiements d'une jeune femme, Jennifer Walters, catapultée à contrecœur dans les profondeurs chaotiques du monde des super-héros.
Copyright Marvel Studios 2022. All Rights Reserved. / Chuck Zlotnick |
Tout droit sortie des 90s et porté par un nombre d'épisodes aussi étrange qu'arbitraire (neuf de trente minutes, sans que l'on ne sache réellement le pourquoi du comment de cette structure), la série a paradoxalement le temps nécessaire pour prendre son envol (et même donner du grain à moudre à son casting de personnages secondaires, quant leur temps d'écran n'est pas vampirisé par les nombreux caméos) tout en étant corsetée par les impératifs de Marvel Studios - comprendre les mains balourdes et capitalistes de Disney -, et ses caméos excessifs (son cousin Bruce Banner, Wong où encore Matt Murdock et un Blonsky/Abomination qui n'est là que pour la forme).
Un entre-deux qui se ressent sur toutes les strates de cette première saison, de ces concepts féministes réfléchis mais jamais vraiment approfondis à son humour partiellement drôle (entre moqueries du MCU et éléments méta-comiques), à un final qui réécrit faussement son histoire à coups de méta-observations pour se clore sur quelque chose d'encore plus frustrant (car il induit de rétroactivement zapper une intrigue que les showrunners avaient placée au coeur de toute la saison, le tout avec un repas familial digne de la saga Fast and Furious), en passant par des VFX pas toujours juste (on sait désormais que les équipes derrière sont démesurément débordées) où même par le parcours de sa propre héroïne, qui a vu son existence s'effondrer au moment même où elle apprenait à équilibrer les deux côtés de son identité.
Copyright Marvel Studios 2022. All Rights Reserved. |
Tout au long de sa première saison, She-Hulk : Attorney at Law a pris des virages douteux mais ambitieux, créativement comme narrativement, allant d'une narration originale à son format procédural et un ton plus léger et comique qui l'ont sensiblement distingué de tout le reste du catalogue MCU - dans le bon comme dans le mauvais sens du terme -, le tout porté par le charme incendiaire d'une Tatiana Maslany donnant suffisamment d'épaisseur à son personnage pour le rendre furieusement empathique et plaisant à suivre.
Difficile alors de totalement taper sur son rendu final, loin de l'échec sans âme vendu par les haters adeptes de la critique facile (qui a dit stupide ?), mais définitivement trop bancal pour totalement prétendre atteindre les cimes du laboratoire Disney Plus/MCU - Loki et Wandavision.
Reste que face à un pendant cinéma si ce n'est décevant, frisant gentiment avec le foutage de gueule, She-Hulk se fait un petit bout de télévision ludique et même plutôt attachant, un brin à l'instar de la récente Miss Marvel - et ce n'est déjà pas si mal finalement.
Jonathan Chevrier