[CRITIQUE] : EO
Réalisateur : Jerzy Skolimowski
Avec : Sandra Drzymalska, Tomasz Organek, Mateusz Kosciukiewicz,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Polonais, Italien.
Durée : 1h29min
Synopsis :
Le monde est un lieu mystérieux, surtout vu à travers les yeux d'un animal. Sur son chemin, EO, un âne gris aux yeux mélancoliques, rencontre des gens bien et d'autres mauvais et fait l'expérience de la joie et de la peine, mais jamais, à aucun instant, il ne perd son innocence.
Critique :
Ce qu'il y a d'impressionnant avec le cinéma du cinéaste polonais Jerzy Skolimowski, c'est que ses films ne gardent jamais leur simple statut de film tant elles incarnent de véritables entités qui semblent sortir de nulle part mais qui trouvent toujours le moyen d'exploser les bordures de leur cadre cinématographique; de véritables propositions vertigineuses qui implique à son auditoire de se laisser bercer corps et âme parce qu'elle a à nous conter, pour mieux en apprécier aussi bien sa beauté que son importance.
Titré selon l'onomatopée définissant le braiement d'un âne, un animal qui est justement ici le personnage principal de l'histoire, EO cite instinctivement - et volontairement - le chef-d'oeuvre Au Hasard Balthasar de Robert Bresson en scrutant la vie, au plus près des regards et des mouvements d'un âne pour mieux refléter la condition et la cruauté humaine au travers d'aléas qui sont autant de (ir)réalités à laquelle s'adapter, que de strates d'une expérience aussi férocement atypique et expérimentale qu'hypnotique.
Comme rarement auparavant, nous allons là où Skolimowski nous emmène mais surtout là où le chaos nous pousse, une représentation spectaculaire de l'impuissance de tous les animaux face à la succession d'événements qui régit inévitablement leur existence, impossible qu'ils sont face à l'aliénation et la violence aveugle de l'homme (où quelques bribes d'amour ne viennent pas rompre un cercle infernal d'exploitations diverses), de pouvoir déterminer ce qui les attend, un doute terrifiant qui résonne ici dans un vide inquiet que ne vient pas habiller le moindre dialogue - où presque.
Une mise en images crue et nue de la vie animale enveloppée dans une terreur désespérée, magnifié par la caméra inventive d'un Skolimowski plus jeune que jamais dans sa manière de continuellement repousser les (ses propres) frontières - formelles et narratives comme physiques - avec un esprit de liberté incroyable.
Fable lyrique et onirique, road movie parodico-naturaliste, satire politico-sociale fustigeant l'idiosyncrasie humaine voire même pur film horrifique, EO gravite dans une zone de tous les possibles (une Europe marquée par le mal) où l'émerveillement appelle constamment la terreur, un trip halluciné, brutal et viscéral qui s'affranchit de tout pour mieux laisser sa bête traverser de part en part l'apocalypse.
Un incroyable tableau de maître à la fureur éclectique et aux coups de pinceau enragés.
Jonathan Chevrier
Avec : Sandra Drzymalska, Tomasz Organek, Mateusz Kosciukiewicz,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Polonais, Italien.
Durée : 1h29min
Synopsis :
Le monde est un lieu mystérieux, surtout vu à travers les yeux d'un animal. Sur son chemin, EO, un âne gris aux yeux mélancoliques, rencontre des gens bien et d'autres mauvais et fait l'expérience de la joie et de la peine, mais jamais, à aucun instant, il ne perd son innocence.
Critique :
#Eo gravite dans une zone de tous les possibles où l'émerveillement appelle constamment la terreur, un pur trip halluciné, brutal et viscéral qui s'affranchit de tout pour mieux laisser sa bête innocente traverser de part en part l'apocalypse d'une Europe gangrenée par le mal. pic.twitter.com/jwUKNnX7c2
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 17, 2022
Ce qu'il y a d'impressionnant avec le cinéma du cinéaste polonais Jerzy Skolimowski, c'est que ses films ne gardent jamais leur simple statut de film tant elles incarnent de véritables entités qui semblent sortir de nulle part mais qui trouvent toujours le moyen d'exploser les bordures de leur cadre cinématographique; de véritables propositions vertigineuses qui implique à son auditoire de se laisser bercer corps et âme parce qu'elle a à nous conter, pour mieux en apprécier aussi bien sa beauté que son importance.
Titré selon l'onomatopée définissant le braiement d'un âne, un animal qui est justement ici le personnage principal de l'histoire, EO cite instinctivement - et volontairement - le chef-d'oeuvre Au Hasard Balthasar de Robert Bresson en scrutant la vie, au plus près des regards et des mouvements d'un âne pour mieux refléter la condition et la cruauté humaine au travers d'aléas qui sont autant de (ir)réalités à laquelle s'adapter, que de strates d'une expérience aussi férocement atypique et expérimentale qu'hypnotique.
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Comme rarement auparavant, nous allons là où Skolimowski nous emmène mais surtout là où le chaos nous pousse, une représentation spectaculaire de l'impuissance de tous les animaux face à la succession d'événements qui régit inévitablement leur existence, impossible qu'ils sont face à l'aliénation et la violence aveugle de l'homme (où quelques bribes d'amour ne viennent pas rompre un cercle infernal d'exploitations diverses), de pouvoir déterminer ce qui les attend, un doute terrifiant qui résonne ici dans un vide inquiet que ne vient pas habiller le moindre dialogue - où presque.
Une mise en images crue et nue de la vie animale enveloppée dans une terreur désespérée, magnifié par la caméra inventive d'un Skolimowski plus jeune que jamais dans sa manière de continuellement repousser les (ses propres) frontières - formelles et narratives comme physiques - avec un esprit de liberté incroyable.
Fable lyrique et onirique, road movie parodico-naturaliste, satire politico-sociale fustigeant l'idiosyncrasie humaine voire même pur film horrifique, EO gravite dans une zone de tous les possibles (une Europe marquée par le mal) où l'émerveillement appelle constamment la terreur, un trip halluciné, brutal et viscéral qui s'affranchit de tout pour mieux laisser sa bête traverser de part en part l'apocalypse.
Un incroyable tableau de maître à la fureur éclectique et aux coups de pinceau enragés.
Jonathan Chevrier