[CRITIQUE] : Pinocchio
Acteurs : Tom Hanks, Cynthia Erivo, Joseph Gordon-Levitt, Luke Evans,...
Distributeur : Disney Plus France
Budget : -
Genre : Fantastique, Famille, Comédie, Aventure.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h51min.
Synopsis :
La célèbre histoire de ce pantin de bois, Pinocchio, bien décidé à vivre la plus palpitante des aventures pour devenir un vrai petit garçon.
Critique :
De ses petites retouches qui fissurent son édifice à de l'auto-promotion douloureusement asséné avec cynisme, en passant par une sur-explication qui saccage toute la magie énigmatique du film de 1940, #Pinocchio cuvée Zemeckis est définitivement plus déconcertant que féerique. pic.twitter.com/f2vqWm7CSX
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 8, 2022
Bien que certains des remakes en prises de vues réelles et à (très) gros budget des classiques du catalogue animation de Disney aient bien performé au box-office, ils ont presque tous uniformément lutté sur le plan créatif pour exister par eux-mêmes.
Seul le fantastique Peter et Elliott le Dragon de David Lowery peut se targuer d'avoir apporté un vrai vent de fraîcheur et une émotion bouleversante, à une histoire que l'on pensait pourtant connaître sur le bout des doigts.
Du Roi Lion (vraie prouesse technique cela dit) à La Belle et la Bête en passant par Alladin et Mulan, tous ont paradoxalement répondu aux attentes du grand public (qui paye pour voir les plus grands succès se répéter, des chansons aux moments de signature avec lesquels ils ont grandit) tout en dévoilant leur vacuité - volontaire - à incarner des propositions si ce n'est originales, avec au moins quelque chose d'un peu nouveau à mettre sur la table.
Mais puisque la formule fonctionne, pourquoi Disney changerait de disque et annihilerait son processus de franchisation à outrance/auto-canibalisation assumée ?
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Nouvelle pièce à son édifice de destruction massive sucrupuleusement bien orchestré, le Pinocchio de Robert Zemeckis suit plus où moins les grandes lignes du matériau d'origine de 1940 (l'histoire d'une marionnette en bois, animée par une fée bleue magique, se lance dans un voyage pour devenir pleinement humain), de ses valeurs charnières (la bravoure, la sincérité, l'altruisme,...) à ses petites excentricités (comme des animaux anthropomorphes, que ce soit Jiminy Cricket où Honest John), mais il lui manque tout simplement une âme pour pleinement exister, comme celle que cherche ardemment - et pour le coup assez ironiquement ici - le jeune héros de bois.
De ses petites retouches qui fissurent son édifice (comme donné « When You Wish Upon a Star » à la fée bleue, portée par la superbe voix de Cynthia Erivo, ce qui fait perdre toute substance/intérêt à Jiminy, censé illustrer l'humanité de Pinocchio dans l'histoire) à de l'auto-promotion douloureusement asséné avec cynisme (les horloges de Geppetto à l'effigie de personnages Disney), en passant par une sur-explication des faits qui saccage toute la magie énigmatique du film original (voire même une technologie qui fait sonner faux toute interaction entre Pinocchio et les humains); cette nouvelle version, qui plus est porté par une subtile suffisance face a sa propre fantaisie - syndrome Marvel -, est définitivement plus déconcertante que féerique, refusant d'effleurer toute la complexité de l'histoire de Pinocchio pour livrer un divertissement policé et dénué de toute noirceur.
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Si l'égoïsme naïf et enfantin du personnage ne faisait que rendre son héroïsme d'autant plus rédempteur, le Pinocchio sauce Zemeckis est tout du long un bon garçon à la psychologie creuse - comme la majorité des personnages - et rarement empathique.
Gageons au moins pour lui qu'il n'est pas un remake plan pour plan du film de 1940, et qu'il a quelques plans inoubliables qui marquent la rétine, mais c'est trop peu pour un film estampillé Zemeckis avec Tom Hanks en vedette, qui ne semblent jamais vraiment démontrer de raison créative et logique valables d'exister.
Qu'on se le dise, après la déconvenue The Witches, ne laissons plus le papa de Retour vers le futur tenter de remaker quoique ce soit...
Jonathan Chevrier