[CRITIQUE] : L'énergie positive des dieux
Avec : -
Distributeur : La Vingt-Cinquième Heure
Budget : -
Genre : Documentaire, Musical
Nationalité : Français
Durée : 1h10min
Synopsis :
Leur musique est une déferlante de rock électrique. Leurs textes assènent une poésie sauvage. Accompagnés de quatre musiciens, Stanislas, Yohann, Aurélien et Kevin sont les chanteurs du groupe Astéréotypie. Issus d’un institut médico-éducatif accueillant de jeunes autistes, ils dévoilent sur scène leurs univers détonants, encouragés par Christophe, un éducateur plus passionné d’art brut que de techniques éducatives. Leur aventure collective est un cri de liberté.
Critique :
En dépouillant son documentaire de tout artifice propre au genre, Laetitia Møller nous livre un film à l'énergie communivative et dépourvu de scènes larmoyantes. #LÉnergiePositiveDesDieux galvanise par sa musique et émeut par ses images. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/DUThZMfIJt
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 9, 2022
Ce qui frappe tout d’abord, dans le visionnage de L’énergie positive des dieux, c’est son énergie communicative. Ce long métrage documentaire, réalisé par Laetitia Møller, suit le groupe Astéréotypie à travers ses concerts et son processus créatif. Ce groupe de rock se singularise car les quatre chanteurs (et plus tard une chanteuse) sont autistes, mais aussi (et surtout) parce qu’il revendique une proposition artistique forte, entre rock entraînant et paroles slamisées où s’échappent souvent le pouvoir du vécu.
L’énergie positive des dieux — emprunté au nom de leur deuxième album — ne tient pas de l'ordre du divin. Au contraire, c’est l’aventure humaine qui intéresse la réalisatrice, en plus de l’aventure artistique. Quelque chose, dans la façon de filmer, rappelle les documentaires de Martin Scorsese sur les groupes de rock. Il y a la même approche documentaire, celle de capter l’essence artistique des musiciens, mais aussi celle de documenter des êtres humains pris dans le geste créatif, ce qui les transforme en une pure image cinématographique. Le son et les images se télescopent, afin de transcender le sens de la musique. Ainsi, que ce soit pendant leur concert (dynamique) ou pendant leur répétition (tout aussi dynamique), le groupe Astéréotypie possède un rythme qui leur est propre, donnant au cadre une certaine poésie brute de décoffrage.
© La Vingt-Cinquième Heure |
Dans le choix de filmer seulement leurs actions (le film ne propose ni interviews, ni voix-off explicative), se niche une volonté de capter une énergie singulière, qui éloigne toute tentative de pathos. Si l’autisme est forcément présent à l’écran — la réalisatrice n’a voulu en aucun cas le gommer — il n’est pas le sujet du documentaire, mais plutôt un aspect de leur vie. Ce qui l’intéresse, c’est tout ce qui s’articule autour. Les angoisses et les difficultés créatives s'adaptent à la personnalité de chaque chanteur⋅euse pour mieux faire éclater leur talent. La relation entre Christophe L’Huillier (musicien et éducateur) et les jeunes se fait centrale. Mais si celui-ci est à l’origine du projet, le film ne le transforme pas en personnage principal. Il est le médiateur, celui qui fait le pont entre les difficultés et la création.
En dépouillant son documentaire de tout artifice propre au genre, Laetitia Møller nous livre un film dépourvu de scènes larmoyantes. L’énergie positive des dieux galvanise par sa musique, émeut par ses images.
Laura Enjolvy