[CRITIQUE] : Memento Mori

Réalisateur : Jean Heches
Acteurs : Philippe Larcher, Ruby Minard, Sylvain Urban,...
Distributeur : Septième Factory
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h36min.

Synopsis :
Depuis sa sortie de prison où il a passé 21 ans, Philippe fait la manche à la gare de Wagesberg. Sous surveillance judiciaire, sa liberté ne tient qu’à la condition de son comportement irréprochable. Quand Anna, une jeune activiste en cavale, lui demande de l’héberger, son quotidien bien réglé va être bouleversé par les échos de son passé.

Critique :

Étrange mais rafraîchissant effort que #MementoMori, premier long-métrage de fiction de Jean Heches pour lequel il dresse à la lisière du documentaire, le portrait d'un homme brisé par un passé criminel difficile et qui peine à trouver sa place au moment où il retrouve sa liberté pic.twitter.com/BzPupxkxa9
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 18, 2022

Cinéaste discret rompu à l'effort du documentaire, on avait laissé le peu prolifique Jean Heches avec Ondes Sciences et Manigances, une enquête foisonnante et choc sondant les manipulations scientifiques opérées par les industriels de la téléphonie mobile, pour masquer la dangerosité sanitaire réelle de leur stratégie économique - les effets des ondes électromagnétiques sur notre santé.
Un effort passionnant aux intervenants divers, qui montrait la propension du wannabe cinéaste à pointer ce qui ne va pas dans une société contemporaine où le profit passe avant l'humain.
Une idée d'une humanité relayé au second plan qui revient, d'une manière plus où moins frontale, au coeur de son premier long-métrage de fiction, Memento Mori, vrai morceau de cinema du réel où il capture sur le vif les aternoiements d'un homme atypique, laissé de côté par la vie.

Ce personnage, c'est Philippe Larcher dont l'histoire fictionnelle rejoint un passé bien réel, un boulet chevillé à ses pieds dont il peine à se délester : plus d’une vingtaine d’années de prison pour homicide et une négociation difficile avec une liberté retrouvée finalement plus encombrante que salvatrice.
Heches raconte alors son histoire au travers de la sienne, fracturé par sa rencontre avec une jeune activiste touchante de tolérance, mais dont le militantisme le confronte directement avec son sombre passé.
À la lisière du documentaire et avec un naturalisme tout droit sortie du cinéma des frangins Dardenne, le cinéaste dégaine autant un étonnant portrait d'homme brisé mais vissé dans l'idée d'aller de l'avant, même si tout semble être contre lui, qu'une quête brute de vérité dans une société profondément hermétique.
Un étrange moment de cinéma vérité, pas toujours juste et captivant, mais réellement rafraîchissant.

Jonathan Chevrier