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[CRITIQUE] : Le Vétéran


Réalisateur : Robert Lorenz
Acteurs : Liam Neeson, Jacob Perez, Katheryn Winnick,...
Distributeur : M6 Video (SND)
Budget : -
Genre : Thriller, Action.
Nationalité : Americain.
Durée : 1h47min.

Synopsis :
Poursuivis par les membres d’un cartel mexicain, une mère et son fils traversent la frontière qui sépare le Mexique de l’Arizona et se retrouvent sur les terres de Jim Hanson. Aigri, vieillissant, celui-ci dénonce traditionnellement les immigrés clandestins aux autorités. Mais quand la mère est tuée dans une fusillade, l’américain récalcitrant décide d’aider le jeune Miguel à fuir. Le vétéran de guerre veuf et désabusé et le garçon orphelin vont devoir traverser les Etats-Unis, poursuivis par des criminels et des policiers corrompus.



Critique :


Depuis Taken, claque violente et frontale, complètement jouissive pour tout amateur de cinéma burné, Liam Neeson est devenu le nouveau cauchemar des Albanais, mais surtout le nouveau porte étendard des quinquagénaires un chouïa usés mais qui en ont encore dans le pantalon et dans le chargeur pour défourailler un max de méchants.
Un Charles Bronson des temps modernes, en plus expressif et attachant, mais surtout en mille fois plus dangereux, et surtout quand il n'a plus de flingue en main.
Squattant désormais nos salles obscures quasiment chaque année avec la même envie de liquider tout ce qui passe sur son chemin (et assez souvent avec son cinéaste chouchou Jaume Collet-Serra à la barre), c'est finalement par la case DTV qu'il nous revient après le fadasse Blacklight de Mark Williams, avec le résolument plus défendable Le Vétéran de Robert Lorenz, où il emprunte à Clint Eastwood (dont Lorenz a justement longtemps été l'assistant réalisateur, il n'y a pas de hasard) le costume de vieux briscard aigri et désabusé du sud de l'Amérique (et ex-Marine/vétéran du Vietnam à la retraite, histoire de bien compléter le tableau), qui s'en va aider un jeune mexicain qui vient de traverser la frontière mexicaine, poursuivi par un cartel mexicain qui a déjà eu la peau de sa mère.
Rien de bien nouveau à l'horizon donc et pourtant, aussi tenue soit-elle, la magie opère au coeur de cette mécanique tellement bien huilée qu'elle en est d'une prévisibilité implacable.

Copyright SND

Mais c'est peut-être là finalement que tout le sel de The Marksman en V.O. réside dans cette assurance d'un cinéma à l'ancienne, celle où une certaine idée de la justice expéditive fleurait bon le sang et la poussière du désert, et à laquelle la filmographie récente de Neeson est plus que familière.
Cette fois en revanche, il apporte un semblant de profondeur salutaire à son statut de dézingueur professionnel, que ce soit dans le coût humain des vies qu'il prend (où qu'il préserve), où dans sa frustration d'être un véritable laissé-pour-compte d'une Amérique pour laquelle il a sué sang et larmes sur le front, et qui est prête à lui retirer tout ce qu'il lui reste - sa maison -, après n'avoir pas pu payer tous les frais médicaux du traitement contre le cancer de sa défunte épouse. 
Toutes les bases Eastwoodiennes sont là, même si Lorenz a une facheuse tendance à le rappeler un peu trop souvent (jusqu'à placer un extrait du Pendez-les haut et court de Ted Post), et le film embrasse sans réserve les contours d'un actionner dramatique dépouillé et laconique, un voyage rugueux et familier qui évite de se perdre dans un questionnement politique qui ne lui sied guère, sur un homme en fin de vie qui essaie de protéger une jeune génération d'un monde qui perd toutes ses valeurs.
Rien de bien original donc comme dit plus haut, du pur divertissement old school épuré et solidement exécuté, mais il est assez rafraîchissant de voir Neeson dans un rôle plus réfléchi et émouvant, tranchant avec l'image de flingueur invincible qui lui colle tant (et volontairement) à la peau depuis une petite quinzaine d'années maintenant.
Et force est d'admettre que ce costume de héros Eastwoodien lui va vraiment, vraiment bien...


Jonathan Chevrier