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[SƎANCES FANTASTIQUES] : #76. Ghosts of Mars

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Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's (et même les plus récents); mais surtout montrer un brin la richesse des cinémas fantastique et horrifique aussi abondant qu'ils sont passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !



#76. Ghosts of Mars de John Carpenter (2001)

Assez fou de se dire que le dernier long-métrage de John Carpenter à avoir eu droit à une exploitation en salles, est sorti il y a 21 ans tout rond (The Ward a été condamné à une sortie DTV quasiment dans l'anonymat en 2011), deux décennies où tout un monde pour un spectateur moyen qui a autant une tendance à crier au chef-d'oeuvre au moindre film vu, qu'à oublier la majorité de ses séances à peine quelques heures après les avoir vu.
Chant du cygne du cinéaste dans les salles obscures, Ghosts of Mars incarne pourtant tout le sel du cinéma du bonhomme, à savoir prendre des concepts de séries B férocement jouissifs, et les traiter comme des films de " série A ", que ce soit dans son approche où son éthique de réalisateur.
Reprenant sensiblement la même approche que son merveilleux Assault (qui allait ironiquement connaître un remake trois ans plus tard), avec son association des deux côtés de la loi - ici armée/taulards - luttant en commun face à un ennemi qui en veulent à leur peau, le papa de Invasion Los Angeles se fait un petit kiffe en catapultant tout son petit monde au sein de la planète rouge Mars, alors au sommet de sa hype sur grand écran - Planète Rouge, Mission to Mars,...

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Comme si Carpenter, peut-être déjà trop lessivé et conscient qu'il devait mettre de côté sa caméra, tentait de faire un petit condensé de toute sa filmographie dans une bonne grosse bisserie qui tâche, l'ultime fuck d'un sale gosse héritier naturel d'Hawks, dont on a aimé le cinéma parce qu'il ne ressemblait à aucun autre et parce qu'il était porté par une liberté de ton aussi sincère que sa passion pour le septième art.
Entre le huis clos brutal (coucou The Thing) et le western martien (oui) sec et gore dans un cadre désolé et hostile (coucou New York 1997 et Los Angeles 2013) qui répondait totalement à son film précédent, Vampires, où le petit élément de surnaturel (le mythe vampirique pour le premier, une menace brumeuse issue d'une malédiction locale ici... coucou The Fog) sert de poil à gratter à une humanité constamment confrontée à sa propre sauvagerie, le cinéaste convoque le même esprit cartoonesque et violent que Paulo Verhoeven dans son incursion en terre rouge, tout autant que les thèmes charnières qu'ils y brassaient, et qui sont imprimés depuis longtemps dans le cinéma du Big John : un héroïsme idéaliste dénué de tous ses oripeaux patriotiques, un regard toujours acéré sur le capitalisme, la politique ultra-libérale et colonialiste du gouvernement US (pillage des ressources d'une terre appropriée par la force), ramenant la réflexion autant sur les fondements même de l'Amérique ou de ses guerres de récentes mémoires.

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Trip heavy metal savoureusement ludique aussi volontairement absurde dans ses excès de violence et/où hallucinatoire que profondément réfléchi dans son fond (l'homme ne fait qu'affronter sa propre monstruosité mais aussi celle qu'il engendre dans son avidité et son désir irrépressible de conquête), Ghosts of Mars, sans doute un poil tronqué par son rythme en dent de scie et une mise en scène en charentaises de Carpenter (qui ne s'est pas forcément trop foulé sur les dialogues non plus), n'en reste pas moins un pur moment bis d'un autre temps, bourrin, un chouïa féministe (oui) et efficace comme on n'en fait plus.
Tu nous manques John, terriblement même...


Jonathan Chevrier


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