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[CRITIQUE] : Hit The Road


Réalisateur : Panah Panahi
Avec : Hassan Madjooni, Pantea Panahiha, Rayan Sarlak,…
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Iranien.
Durée : 1h33min

Synopsis :
Iran, de nos jours. Une famille est en route vers une destination secrète. A l’arrière de la voiture, le père arbore un plâtre, mais s’est-il vraiment cassé la jambe ? La mère rit de tout mais ne se retient-elle pas de pleurer ? Leur petit garçon ne cesse de blaguer, de chanter et danser. Tous s’inquiètent du chien malade. Seul le grand frère reste silencieux.



Critique :

Dans une Iran ou la dureté des sanctions économiques et politiques, censées punir le régime pour son refus de se conformer aux politiques internationales, est devenue un fardeau écrasant pour ses habitants; le cinéma iranien lui, profite de ce contexte difficile pour régler ses comptes et dégainer des vérités de plus en plus implacables, aussi bien que signer des oeuvres d'une radicalité rare sur les injustices sociales qui gangrènent son cadre.
Totalement dans ses deux vérités dans le premier long-métrage Panah Panahi (fils du grand Jafar Panahi), Hit The Road, road trip familial à la fois mélancolique et désinvolte où le drame et la dureté du quotidien sont continuellement contrebalancés par les rires et le regard innocent d'un petit bout d'homme (très) bruyant mais authentique de six ans.
Difficile d'ailleurs de ne pas voir dans ce premier effort, autant l'hommage d'un fils à son père (à qui il reprend le même style naturaliste) qu'une retranscription d'une jeunesse/existence frappée par l'oppression politique que sa famille a subie (Jafar est toujours interdit de tourner un film ou même de quitter l'Iran).

Copyright JP Productions

Contant le voyage passionné et sombre d'une famille de quatre personnes qui voyage clandestinement jusqu'à la frontière pour que le plus grand des fils, Farid, fraîchement dans la vingtaine, puisse émigrer illégalement, la narration met en exergue les relations aiguës, conflictuelles et intensément amoureuses, au travers des dangers qu'ils évitent soigneusement (abandonner les téléphones portables, s'arrêter brusquement de peur d'être suivi, communiquer par code,...) et des engagements réels (financiers, émotionnels,...) qu'ils sont obligés de faire pour l'un des leurs.
La mère lutte tout du long pour réprimer son angoisse face à la séparation imminente avec la chair de sa chair tandis que le père cynique et désabusé, détend l'ambiance avec un humour désespéré depuis la banquette arrière, alors que le but du voyage est caché au plus jeune fils, dont l'imagination est aussi démesurée que follement impulsive.
La mise en scène dépouillée et maîtrisée de Panahi unit ses conflits intimes avec de vastes et désertiques paysages dans une sorte de symphonie ironique et rhapsodique, scellant sur la pellicule une belle et tendre histoire d'amour familiale qui gère habilement ses thèmes difficiles à travers une délicate combinaison de rire et de mélancolie.


Jonathan Chevrier


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