[CRITIQUE] : Sentinelle Sud
Réalisateur : Mathieu Gerault
Acteurs : Niels Schneider, Sofian Khammes, India Hair, Denis Lavant,...
Distributeur : UFO Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h36min
Synopsis :
Aux lendemains d’une opération clandestine qui a décimé son unité, le soldat Christian Lafayette est de retour en France. Alors qu’il essaie de reprendre une vie normale, il est bientôt mêlé à un trafic d’opium pour sauver ses deux frères d’armes survivants. La mission dont ils sont les seuls à être revenus n’était peut-être pas celle qu’ils croyaient…
Critique :
Difficile de totalement taper sur les bobines d'un second effort qui transpire tellement l'amour du cinéma, que même ses aspérités furieusement familières viennent à déborder sur ses intentions premières, d'autant que le processus de citation/regurgitation n'est pas une science abordable pour tout cinéaste - surtout en herbe.
Reste qu'aussi sincère et efficace soit-il, Sentinelle Sud de Mathieu Gerault pêche un brin dans sa volonté de jongler entre les genres et de ne jamais totalement se décider entre le polar noir, le thriller psychologique, le drame existentiel et sociologique mâtiné de romance, tout du long vissé qu'il est sur le calvaire d'une poignée de soldats viscéralement traumatisés par l'horreur de la guerre, et incapable de se réinsérer dans une société qui ne les comprend pas - et qui ne cherchera évidemment jamais à le faire.
Travis Bickle - toute propension gardée - n'est jamais loin finalement de Christian Lafayette, tout juste démobilisé de la guerre d'Afghanistan et rescapé d'une embuscade mortel qui a fait de nombreuses victimes dans son régiment.
Comme lui, son retour à la vie civile est une douche froide, un douloureux rappel qu'il est seul et sans réel attache autre que la famille qu'il s'est trouvé au coeur de l'armée, un cadre certes biaisé mais essentiel à son existence.
Un homme façonné par la guerre, dont l'identité s'est forgé dans la violence et le don - physique et psychologique - de soi, une véritable arme qui ne sait rien faire d'autre (parce qu'on ne lui a pas permis de se construire autrement) et qui n'a fait que d'intérioriser et réprimer une rage qui ne demande qu'à se manifester autrement que dans l'autodestruction (les évasions fugaces créées par l'alcool et la drogue); une âme meurtrie et abandonnée qui considére la vie civile tout simplement comme une autre forme de guerre, à défaut de pouvoir la revivre sur le terrain.
Mais ce problème sociétal fascinant, notamment quand il enrichit son exploration auprès de l'ami/frère de guerre de Christian, Mounir (homme d'origine algérienne et de religion musulmane, qui a fait la guerre contre d'autres musulmans sous le drapeau français, tout en s'insurgent contre le colonialisme français), cette réinsertion impossible n'est pas tant le fer de lance d'une narration manquant un poil de finesse, que l'élément déclencheur d'une seconde moitié louchant gentiment sur le film de genre (entre braquage et trafic d'opium), où quand le contexte social de ses vétérans de guerre n'est qu'à un pas du crime organisé dans lequel il est si facile de tomber.
Sensiblement sous référence et porté autant par la partition intense du tandem Niels Schneider/Sofian Khammes que par la mise en scène nerveuse de Mathieu Gerault, Sentinelle Sud se fait la chronique virile et rugueuse de mômes brisés et recrachés par la vie, amputés physiquement et psychologiquement par le traumatisme de la guerre, qui aurait mérité d'être encore plus tranchant dans ses intentions pour imprimer les mémoires.
Une sacrée proposition tout de même.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Niels Schneider, Sofian Khammes, India Hair, Denis Lavant,...
Distributeur : UFO Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h36min
Synopsis :
Aux lendemains d’une opération clandestine qui a décimé son unité, le soldat Christian Lafayette est de retour en France. Alors qu’il essaie de reprendre une vie normale, il est bientôt mêlé à un trafic d’opium pour sauver ses deux frères d’armes survivants. La mission dont ils sont les seuls à être revenus n’était peut-être pas celle qu’ils croyaient…
Critique :
Sensiblement sous références,#SentinelleSud se fait la chronique rugueuse de mômes brisés et recrachés par la vie, amputés physiquement et psychologiquement par le traumatisme de la guerre, qui aurait mérité d'être encore + tranchant dans ses intentions pour imprimer les mémoires pic.twitter.com/zbOqHcdkDD
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 26, 2022
Difficile de totalement taper sur les bobines d'un second effort qui transpire tellement l'amour du cinéma, que même ses aspérités furieusement familières viennent à déborder sur ses intentions premières, d'autant que le processus de citation/regurgitation n'est pas une science abordable pour tout cinéaste - surtout en herbe.
Reste qu'aussi sincère et efficace soit-il, Sentinelle Sud de Mathieu Gerault pêche un brin dans sa volonté de jongler entre les genres et de ne jamais totalement se décider entre le polar noir, le thriller psychologique, le drame existentiel et sociologique mâtiné de romance, tout du long vissé qu'il est sur le calvaire d'une poignée de soldats viscéralement traumatisés par l'horreur de la guerre, et incapable de se réinsérer dans une société qui ne les comprend pas - et qui ne cherchera évidemment jamais à le faire.
Copyright UFO Distribution |
Travis Bickle - toute propension gardée - n'est jamais loin finalement de Christian Lafayette, tout juste démobilisé de la guerre d'Afghanistan et rescapé d'une embuscade mortel qui a fait de nombreuses victimes dans son régiment.
Comme lui, son retour à la vie civile est une douche froide, un douloureux rappel qu'il est seul et sans réel attache autre que la famille qu'il s'est trouvé au coeur de l'armée, un cadre certes biaisé mais essentiel à son existence.
Un homme façonné par la guerre, dont l'identité s'est forgé dans la violence et le don - physique et psychologique - de soi, une véritable arme qui ne sait rien faire d'autre (parce qu'on ne lui a pas permis de se construire autrement) et qui n'a fait que d'intérioriser et réprimer une rage qui ne demande qu'à se manifester autrement que dans l'autodestruction (les évasions fugaces créées par l'alcool et la drogue); une âme meurtrie et abandonnée qui considére la vie civile tout simplement comme une autre forme de guerre, à défaut de pouvoir la revivre sur le terrain.
Mais ce problème sociétal fascinant, notamment quand il enrichit son exploration auprès de l'ami/frère de guerre de Christian, Mounir (homme d'origine algérienne et de religion musulmane, qui a fait la guerre contre d'autres musulmans sous le drapeau français, tout en s'insurgent contre le colonialisme français), cette réinsertion impossible n'est pas tant le fer de lance d'une narration manquant un poil de finesse, que l'élément déclencheur d'une seconde moitié louchant gentiment sur le film de genre (entre braquage et trafic d'opium), où quand le contexte social de ses vétérans de guerre n'est qu'à un pas du crime organisé dans lequel il est si facile de tomber.
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Sensiblement sous référence et porté autant par la partition intense du tandem Niels Schneider/Sofian Khammes que par la mise en scène nerveuse de Mathieu Gerault, Sentinelle Sud se fait la chronique virile et rugueuse de mômes brisés et recrachés par la vie, amputés physiquement et psychologiquement par le traumatisme de la guerre, qui aurait mérité d'être encore plus tranchant dans ses intentions pour imprimer les mémoires.
Une sacrée proposition tout de même.
Jonathan Chevrier