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[CRITIQUE] : Downton Abbey II : Une nouvelle ère


Réalisateur : Simon Curtis
Acteurs : Michelle Dockery, Hugh Bonneville, Maggie Smith, Elizabeth McGovern, Laura Carmichael, Jim Carter, Allen Leech, Imelda Staunton, Tuppence Middleton, ...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Drame, Historique
Nationalité : Britannique
Durée : 2h06min

Synopsis :
Le réalisateur primé Julian Fellowes présente le film événement Downton Abbey II : Une nouvelle ère. Le retour très attendu du phénomène mondial réunit les acteurs favoris de la série pour un grand voyage dans le sud de la France afin de découvrir le mystère de la villa dont vient d'hériter la comtesse douairière.


Critique :


Elles sont rares ces séries qui arrivent à changer de médium pour débarquer au cinéma. Après six saisons, Downton Abbey avait sauté le pas en 2019, avec succès. Plus de 190 millions au box-office mondial pour un film au budget modeste (entre 13 à 20 millions selon 20minutes). Une suite leur tendait les bras !

Trois ans après, Downton Abbey II : une nouvelle ère sort sur nos écrans et nous promet de passer de nouveau deux heures avec nos personnages préférés. Une question demeure cependant : ont-ils encore des choses à nous raconter ? La fin de la saison 6 avait satisfait les fans. Le film les avait enchantés par de mignonnes petites péripéties, avec un happy-end en grande pompe. Que peut apporter la famille Crawley à notre monde en crise ? A-t-on envie de voir sur grand écran une famille bourgeoise avec des problèmes typiquement bourgeois ?

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Eh bien oui, si on regarde le film comme une parenthèse fantasmée. Le premier film voulait tisser un lien avec les personnages, les faire évoluer, pour que le public puisse les redécouvrir et les accompagner. Celui-ci embrasse tout à fait sa dimension chimérique. Rien ne vient entacher leur vie de rêve. Et si la mort s’invite, elle est montrée comme quelque chose d’inhérent à la vie. Un être naissant en chasse un autre et perpétue le cycle. L’héritage est transmis, la vie continue.

C’est à Simon Curtis que revient le privilège de filmer cette nouvelle ère. Le réalisateur britannique n’a aucun lien avec la série, si ce n’est un lien marital avec l’actrice Elizabeth McGovern qui incarne Lady Cora Crawley, comtesse de Grantham. Mais le cinéaste se plie aux exigences de la saga Downton : de grands mouvements de caméra, un ballet de personnages et une lumière douce que l’ombre ne vient jamais ternir. Et c’est le branle-bas de combat au manoir : un film va y être tourné ! Pendant que la nouvelle génération voit l’arrivée du parlant directement sous leur yeux (Lady Mary prête même sa voix et son accent aristocratique à une actrice possédant un accent cockney insupportable, petit clin d’œil à Chantons sous la pluie), l’ancienne voyage en France pour venir dire bonjour à Nathalie Baye, payée uniquement pour faire la moue.

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Il est question de changement d’un côté, d’héritage de l’autre, deux sujets chéris par la série. Ici, les enjeux ont tout d’abord du mal à s’accorder. Un montage alterné nous fait basculer de l’un à l’autre, d’une manière programmatique et redondante. Les petites punchlines de Lady Violet — impériale Maggie Smith comme toujours — font subsister l’attention du public, avide du verbe assassin et du phrasé moqueur du personnage. “Ne me conduis pas, je ne suis pas une voiture de course”, “il existe deux catégories de femmes : les dragons et les idiotes, je te laisse deviner où l’on m’a placée”, sont autant de phrases délicieusement condescendantes et humoristiques que Violet déclame à qui veut bien l’entendre (et nous le voulons bien !).

Le temps passe, les temps changent, les époques s’enchaînent mais Downton Abbey demeure. En une décennie, la saga est devenue incontournable parce qu’elle a su rester neutre dans ses propos. Ni subversif, ni politique, Downton touche à tous les sujets mais ne les approfondit jamais. On tient sûrement là la clef de son succès : l’impression d’universalité que la saga donne. Et pourquoi pas. Ce deuxième film l’a bien compris. En proposant une mise en abîme d’un tournage de film, Downton Abbey II : une nouvelle ère accepte d’être un fantasme de cinéma, un décor où les domestiques peuvent, le temps d'une scène, être des bourgeois en habits de bal. En ces temps troublés, qu’il est bon de se plonger dans un rêve, de voyager dans cet univers tant que nous sommes conscient de sa superficialité.


Laura Enjolvy


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