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[CRITIQUE] : La Femme du Fossoyeur


Réalisateur : Khadar Ayderus Ahmed
Avec : Omar Abdi, Yasmin Warsame, Kadar Abdoul-Aziz Ibrahim,…
Distributeur : Orange studio / Urban Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Somalien, Français, Allemand, Finlandais.
Durée : 1h22min

Synopsis :
Guled et Nasra sont un couple amoureux, vivant dans les quartiers pauvres de Djibouti avec leur fils Mahad. Cependant, l’équilibre de leur famille est menacé : Nasra souffre d’une grave maladie rénale et doit se faire opérer d’urgence. L’opération coûte cher et Guled trime déjà comme fossoyeur pour joindre les deux bouts : comment réunir l’argent pour sauver Nasra et garder une famille unie ?



Critique :


Sombre mais touchante histoire d'amour que La Femme du Fossoyeur, premier long-métrage du cinéaste finno-somalien Khadar Ayderus Ahmed (qui représentait la Somalie à l'oscar du meilleur film étranger cette année), catapulté au coeur de la chaleur mais surtout de l'extrême pauvreté d'une Djibouti ayant rarement les honneurs du grand écran.
Expérience merveilleusement contemplative et nuancée sur l'amour pur et la dévotion qu'il convoque, le film scrute le destin plein de frustration de Guled, de sa femme Nasra et de leur jeune fils Mahrad - le seul de la maison à savoir lire et écrire -, vivant à la périphérie de la capitale.
En tant que fossoyeur, sa routine quotidienne consiste à attendre à l'extérieur de l'hôpital local dans l'espoir que la grande faucheuse fasse son office et que le " travail : arrive.
Mais lorsque sa femme tombe de plus en plus malade à cause d'une grave infection rénale, le seul moyen de la sauver est de réunir suffisamment d'argent pour une opération extrêmement coûteuse vu leur condition.
Il essaie tout ce qu'il peut mais se résilie finalement à retourner dans son village natal, trahissant la promesse faîte à sa femme, pour réclamer ce qu'il croit être sien...

Copyright Lasse Lecklin/Bufo 2021

Chronique mélancolique et pétri de grâce sur un homme digne qui ne se résigne pas à être vaincu par l'impuissance de son destin, qui accepte le sort terrible de sa femme tout en espérant tragiquement que d'autres meurent pour qu'il puisse travailler et gagner suffisamment d'argent pour la sauver (en soi toute la tragédie déchirante de son histoire); la péloche se fait une tranche de vie que beaucoup ne verront jamais, ne plongeant jamais dans les affres faciles du misérabilisme et du sentimentalisme putassier.
Tout du long, Ahmed garde le cap d'une auscultation simple, sobre - jusque dans sa mise en scène - et furieusement réaliste (sublimé par la photographie mielleuse d'Artuu Petomaa), d'une romance sincère et universelle qui après avoir vaincu les interdits - quitte à s'exiler - s'en va désormais combattre la fatalité et la maladie elle-même.
Juste mais pertinent dans son constat intime et sociétal (entre l'extrême pauvreté dans les rues, la frustration et le manque d'opportunités d'emploi fiables, l'aide et la disponibilité sporadique des services de santé,...), La Femme du Fossoyeur nous berce autant par le rythme amer des privations quotidiennes et de l'injustice sociale, que par la chaleur naturelle et solaire - même si teinté de tristesse - qui émane des coeurs de ses protagonistes.


Jonathan Chevrier


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