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[CRITIQUE] : La Ruse


Réalisateur : John Madden
Avec : Colin Firth, Matthew Macfadyen, Kelly Macdonald, Penelope Wilton, Johnny Flynn, Jason Isaacs,…
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Guerre, Drame, Historique.
Nationalité : Britannique.
Durée : 2h07min

Synopsis :
1943. Les Alliés sont résolus à briser la mainmise d’Hitler sur l’Europe occupée et envisagent un débarquement en Sicile. Mais ils se retrouvent face à un défi inextricable car il s’agit de protéger les troupes contre un massacre quasi assuré. Deux brillants officiers du renseignement britannique, Ewen Montagu et Charles Cholmondeley, sont chargés de mettre au point la plus improbable – et ingénieuse – propagande de guerre… qui s’appuie sur l’existence du cadavre d’un agent secret !



Critique :


Au début des années 1940, dans une Europe en conflit et désespérément divisée, tout le monde ou presque écrivait sa propre histoire de guerre et d'espionnage au coeur de la grande, entre résistance épique, survie en plein front et quotidien sous le feu des obus et des balles.
Et c'est précisément sur ce point que La Ruse de John Madden (dont on préférera volontiers le titre original, Operation Mincemeat), tire aussi bien son originalité (si tenté qu'on puisse encore l'être un minimum dans le récit d'espionnage sous fond de World War II) que son étonnante malice, vissé sur une tromperie/ruse ingénieuse où la frontière entre la réalité douloureuse et l'épique fiction de poche, a rarement parue aussi estompée.

Copyright See-Saw Films Limited 2021

Contant un épisode célèbre de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale (et adaptant par la même occasion le roman de Ben Macintyre, Opération Mincemeat - L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale), en partie imaginée par le futur papa de 007, Ian Fleming, la péloche revient sur comment de hauts responsables du renseignement britannique ont élaboré un plan, tiré d'un roman policier contemporain, pour tromper le Führer et réussir l'invasion alliée décisive de la Sicile en 1943.
Ne s'éloignant jamais totalement de la réalité des faits (la fameuse " Ruse " dans laquelle un cadavre sera déguisé en véritable agent britannique portant des papiers Top Secret et être livré entre les mains d'espions nazis, pour faire croire a une invasion des Balkans et non de la Sicile), même si le but même de toute oeuvre de fiction est de légèrement plier les détails factuels pour donner plus de dynamisme à son cadre et à des personnages tridimensionnels, le film ne s'offre que quelques disgressions salutaires pour étoffer avec charme le cuir de ses deux protagonistes principaux, le capitaine de corvette Ewen Montagu (déchiré entre ses obligations familiales et celles envers son pays) et le chef d'escadron Charles Cholmondeley (à la fois vulnérable, excentrique et obstiné), et donner plus d'humanité à ce coup de poker aussi risqué qu'ironique (utilisé un espion mort pour sauver des milliers de vies), même si le triangle amoureux passionnel tissé entre les deux hommes et une secrétaire veuve, Jean Leslie, a tout de l'artifice superficiel qui peine à exister au coeur de l'histoire.

Copyright See-Saw Films Limited 2021

Tissant des références à Bond à gauche, à droite avec une efficacité parfois relative, tout en se complaisant dans un cocktail dynamique entre romance, espionnage et comédie légère - voire même un poil burlesque -; La Ruse, bien aidé par un casting au diapason (Colin Firth en tête) et un score au poil de Thomas Newman, fait joliment son office même s'il est frappé d'un triomphalisme unilatéral cher à tout récit de guerre/espionnage moderne.
Une drôle, captivante et même émouvante bravade cinématographique sur des figures de l'ombre imparfaites de la guerre, semblant tout droit sortie d'une époque où elle se gravait encore sur des machines à écrire.


Jonathan Chevrier

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