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[CRITIQUE] : Vanishing

Réalisateur : Denis Dercourt
Avec : Olga Kurylenko, Yoo Yeon-Seok, Ji-won Ye
Distributeur : (Canal +/My Canal)
Budget : -
Genre : Romance, Thriller
Nationalité : Français, Sud-coréen
Durée : 1h27min

Synopsis :
Tandis qu’elle présente une méthode révolutionnaire de prise d’empreintes digitales à Séoul, une professeure en médecine légale est associée par la police coréenne à une affaire en cours. Elle plonge dans une enquête ardue et entêtante, au risque de réveiller des démons qu’elle croyait oubliés…


Critique :


Dixième long métrage du réalisateur français Denis Dercourt, Vanishing nous entraîne dans une enquête au cœur de Séoul, où des jeunes femmes disparaissent dans le silence le plus total. Il revient au genre du thriller, le teintant cette fois d’une touche coréenne, en adaptant le livre de Peter May, Les disparues de Shanghai. Un temps prévu en Chine, comme le récit du livre, le tournage se déplace en Corée du Sud, pour des raisons de production. L’occasion de s’inspirer de thrillers policiers coréens, The Chaser de Na Hong-jin ou Memories of Murder de Bong Joon-ho, comme indique le réalisateur en conférence de presse. Il entraîne alors Olga Kurylenko dans une enquête sombre et bouleversante, qui lui permet cependant d’affronter un traumatisme.

Le problème quand on cite des films connus et encensés, il faut pouvoir présenter un film qui tient la route par la suite. Faute de quoi, la comparaison entre les films ne servira qu'à le desservir.

Copyright The French Connection

Vanishing avait pourtant de l’or dans les mains. De bons acteu⋅trices. Un décor de rêve dans une ville étincelante où se cache le mal. Une histoire certes pas bien originale mais qui pouvait tenir la route. Alors que se passe-t-il ?

Les quelques interviews que le réalisateur a donné permettent d’entrapercevoir le problème. Vanishing essaie tellement de se calquer sur le cinéma coréen qu’il en oublie de délivrer un film solide. Comme on peut le lire dans un article de Vogue (en anglais), écrit pendant le festival de Busan où le film a été présenté en avant-première, le public a perçu le film « more Korean than French ». Peut-on y voir une sorte de pression de la part de la production ? Rien n’est moins sûr. Seulement, le résultat est là, malgré quelques bonnes idées, le long métrage se prend les pieds dans un récit en sous-régime.

Pourtant, si on prend le temps de creuser un peu, l’enquête policière avait de quoi mettre un frisson d’angoisse le long de notre échine. Tout y était : trafic d'organes, système de classe où les plus riches prennent aux plus pauvres (ici des reins et des cœurs), traite de femmes immigrés. Vanishing nous entraîne dans des milieux bourgeois. Mais le cadre répugne à montrer une autre facette de la ville, en creux des quartiers pauvres, et préfère les intérieurs proprets des maisons ou des hôtels. La réalité que vivent les immigrés chinoises, enlevées pour leurs organes, ne s'inscrit pas dans le cadre.

Copyright The French Connection

L’histoire ambiguë entre Alice (Olga Kurylenko) et Jin-ho (Yoo Yeon-Seok) prend la majeure partie du récit. Une parenthèse semi-romantique dont on se serait bien passé. Nous préférons (et de loin) voir Alice dans son environnement professionnel. Médecin et scientifique, elle a créé une méthode pour pouvoir identifier des tissus de peau, même s’ils sont abîmés. Venue présenter sa méthode lors d’un colloque, elle se retrouve bien malgré elle enrôlée dans l’enquête. La séquence où elle aide le médecin légiste grâce à sa méthode révolutionnaire à de quoi dégoûter les plus sensibles. Avec une mise en scène aussi méticuleuse que le personnage, le film démontre son potentiel dans une veine morbide parfaite pour le genre de récit qu’il met en image. Hélas, Vanishing ne retrouve pas cette veine dans le reste du métrage.


Laura Enjolvy


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