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[CRITIQUE] : Le monde après nous


Réalisateur : Louda Ben Salah-Cazanas
Avec : Aurélien Gabrielli, Louise Chevillotte, Saadia Bentaïeb,…
Distributeur : Tandem
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h25min

Synopsis :
Labidi est un jeune d’aujourd’hui : il va de petites magouilles en jobs d’appoint, habite en colocation dans une chambre de bonne et se rêve écrivain. Mais sa rencontre avec Elisa l’oblige à repenser son train de vie au-dessus de ses moyens.



Critique :


Tout premier effort, aussi louable et original soit-il, est frappé par le sceau de l'influence plus où moins direct de son réalisateur, aux oeuvres antérieurs au genre qu'il s'apprête à arpenter.
En ce sens, et même s'il est influencé par des expériences personnelles, Le monde après nous de Louda Ben Salah-Cazanas a en lui tous les archétypes narratifs de la Nouvelle Vague, avec une narration authentique et structurée au présent, scrutant les inquiétudes d'une génération déboussolée, écrasée par la difficulté de plus en plus insurmontable à pouvoir trouver leur place dans une société qui constamment les rejete, où les confronte frontalement à leurs attentes et leur quête impossible d'harmonie et de bonheur.
L'attention est ici focalisée sur Labidi (Aurélien Gabrielli, gentiment lunaire), un écrivain en herbe malheureux et romantique de la vieille école, littéralement avalé par une vie parisienne qui demande des sacrifices énormes pour y être un tant soit peu accueilli.
Gagné par le manque d'argent quasiment dès son arrivée, il est obligé d'user de l'art de la débrouille extrême pour payer le bout de studio qu'il partage avec son pote.

Copyright Tandem Films

Mais son destin va basculer lorsque l'amour frappe à sa porte en la personne d'Elisa, étudiante en théâtre et avec qui il va se mettre dans l'idée, suicidaire vu ses maigres moyens, d'habiter un appartement hors de prix, quitte à ce que cela écorche leur passion naissante, et pousse le jeune homme à se lancer dans une course aux petits boulots et aux petites humiliations diverses, lui qui est incapable de finir son roman...
Avec une justesse rare et sans jamais plonger dans la dramatisation à outrance, Salah-Cazenas sonde les maux d'une génération frappée de plein fouet par les dictats d'une société régit par l'argent et les apparences, où la renonciation et le sacrifice face à la précarité sont le lot d'un quotidien fracturé et brisé par un épuisement personnel constant, où tout n'est axé que sur un sentiment de profit (et pas uniquement économique).
Toute la puissance et la sincérité de la vision de Le monde après nous réside ici, dans sa manière de montrer les petits changements dans l'âme qui produisent une sorte de désespoir silencieux dans lequel il est impossible de se délester, pas même pour un écrivain capable de mettre des mots dessus, et confronté à l'opportunisme souvent crasseux du monde de l'édition.
Même son final en apparence heureux, avec une réelle satisfaction professionnelle, ne parvient pas à servir d'éclaircit dans un monde grisâtre et mélancolique.


Jonathan Chevrier