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[CRITIQUE] : La Colline où rugissent les lionnes


Réalisatrice : Luàna Bajrami
Avec : Flaka Latifi, Uratë Shabani, Era Balaj,…
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Kosovar.
Durée : 1h23min

Synopsis :
Quelque part au Kosovo, dans un village isolé, trois jeunes femmes voient étouffer leurs rêves et leurs ambitions. Dans leur quête d'indépendance, rien ne pourra les arrêter : le temps est venu de laisser rugir les lionnes.



Critique :


L'industrie cinématographique démontre parfois, sans doute peut-être plus justement que tous les autres arts, comment les jeunes générations sont étonnamment précoce dans la manière pertinente qu'ils ont de voir le monde et de graver de manière créative cette vision sur la pellicule.
Rares en revanche sont ceux à réussir à le faire en étant à peine arrivée dans la vingtaine comme Luàna Bajrami, wannabe next big thing devant la caméra (en l'espace de trois ans, elle a tournée pour Céline Sciamma, Cédric Kahn, Sébastien Marnier, Bruno Podalydès, Audrey Diwan et Michel Hazanavicius) et qui n'a pas attendue longtemps (elle avait dix-huit ans au moment du tournage) pour passer derrière avec l'impressionnant et - légèrement - autobiographique La Colline où rugissent les lionnes, à la fois récit initiatique pluriel et ode enthousiasmante à la sororité et aux rêves de libertés et d'émancipation de trois jeunes femmes engoncées dans une société patriarcale qui les oppresse à tous les niveaux.

Copyright OrëZanë Films - Vents Contraires - Acajou Productions

Vivant dans un visage reculé du Kossovo, Jeta, Zen et Qe rêvent d'une vie meilleure mais surtout d'un avenir où elle peuvent être qui ils veulent, mais leurs aspirations sont étouffées autant le manque d'opportunités de quitter leur environnement, que par les valeurs traditionnelles et les rôles de genre conditionnés et attendus au sein de leur communauté.
Frustrées et en colère, elles sont toutes les trois à bout de souffle mais portée par une vibrante énergie du désespoir et une détermination fière, elles vont prendre les choses en main quitte à flirter avec l'illégalité...
Capturant de manière solaire autant un monde perdue et en complète décomposition, que la rage bouillonnante et trop contenue de ses jeunes héroïnes déterminées à faire quelque chose de leur vie, le film, pas si éloigné finalement du récent Mamá, Mamá, Mamá de Sol Berruezo Pichon-Riviére (déjà lui-même dans l'ombre du cinéma de Sofia Coppola), se fait une plongée immersive et urgente au coeur d'une émancipation nécessaire et insolente.
Alors certes, s'il n'est pas exempt de quelques scories faciles et d'un déficit de rythme parfois irritant malgré une durée savamment épurée, La Colline où rugissent les lionnes désarçonne autant qu'il charme, porté par les performances naturalistes de ses captivantes comédiennes.


Jonathan Chevrier


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