Breaking News

[CRITIQUE] : De nos frères blessés


Réalisateur : Hélier Cisterne
Acteurs : Vincent Lacoste, Vicky Krieps, Jules Langlade, Marc Brunet,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h35min.

Synopsis :
1954, Hélène et Fernand tombent amoureux. Avec lui elle part pour Alger, découvre sa beauté et l’attachement que Fernand porte à son pays. Alors que l’Algérie et la France se déchirent, leur vie bascule. L’histoire vraie du combat d’un couple pour la liberté.



Critique :


Même si l'on fête cette année le soixantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, l'évocation de la guerre d'Algérie reste encore un sujet douloureux et bouillant pour une France qui a toujours eu du mal à regarder dans les yeux les failles de son passé - et encore plus en ce qui concerne un chapitre qui n'a jamais vraiment été fermé.
Autant dire que le second long-métrage de Hélier Cisterne, De nos frères blessés, adaptation du plébiscité roman éponyme d'Andreas Joseph, met gentiment les pieds dans le plat, même s'il ne s'attache pas tant à compter les débuts de l'indépendance de l'Algérie que de jouer la carte de l'hagiographie de la vie - bien réelle - du jeune ouvrier communiste/anticolonialiste/résistant Fernand Ivetot, mais surtout sur l'amour passionnel qui l'unissait à sa femme Hélène, véritable coeur vibrant du récit.

Copyright Les Films du Belier/Laurent Thurin-Nal

Les deux se rencontrent lors d'une soirée dansante à Paris, où Hélène, une mère polonaise indépendante et célibataire, est intimement impressionnée par les qualités de danseur de Fernand, venu d'Alger pour une courte période.
Leur alchimie n'est pas la plus évidente qui soit, mais l'osmose entre eux est palpable même si elle née au travers d'une discussion animée et intense sur le communisme.
Si lui, né dans une famille communiste l'assimile au pouvoir de la résistance et y croît dur comme fer, elle, en tant qu'immigrante polonaise qui a fuit le régime Stalinien, l'assimile purement et simplement à de l'oppression.
Chacun personnifient toutes les contradictions et les divergences d'un climat politique bouillant et instable où chaque camps de cet après-guerre est incapable de s'entendre.
Mais cela ne les empêchent pas de tomber éperdument amoureux l'un de l'autre, à tel point qu'Hélène suit Fernand en Algérie avec son fils adolescent.
Tandis qu'ils tentent de construire une nouvelle vie ensemble en tant que mari et femme, l'implication au quotidien de Fernand au sein du FNL se renforce mais lorsqu'il est arrêté, leur bonheur naissant est bouleversé.
Hélène devient subitement la femme d'un « traître », mais elle refuse d'abandonner Fernand à son sort et entame un combat perdu d'avance pour sauver sa vie par toutes sortes d'actions (pétitions et autres demandes d'amnistie)...

Copyright Les Films du Belier/Laurent Thurin-Nal

Devoir de mémoire douloureux conté au travers du prisme de la dynamique passionnelle qui lie ses deux personnages principaux (où Hélène ne fait pas figure d'une femme forte derrière Fernand, mais bien d'une femme forte à ses côtés), De nos frères blessés se fait autant un coup de projecteur nécessaire sur une histoire tragique méconnue (Fernand Iveton fut le seul homme européen à avoir été exécuté - guillotiné - pendant le conflit, une peine capitale jugée alors qu'il a déposé une bombe pour le FNL, sans le moindre témoin ni la moindre victime), qu'une charge à peine déguisée du gouvernement français et plus directement François Mitterrand, alors Garde des Sceaux.
Un drame sobre, juste et puissant au coeur du chaos, qui offre aux exceptionnels Vincent Lacoste (dont la maturité explose de films en films) et Vicky Krieps (tout en détermination et absolument renversante), l'occasion de briller de mille feux.


Jonathan Chevrier


Aucun commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.