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[CRITIQUE] : The Power


Réalisatrice : Corinna Faith
Acteurs : Rose Williams, Emma Rigby, Charlie Carrick,...
Distributeur : Alba Films
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Fantastique.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h32min.

Synopsis :
Londres, 1974. Alors que le Royaume-Uni se prépare à d’importantes coupures d’électricité, Val une infirmière débutante arrive pour son premier jour au sein de l’équipe de nuit d’un hôpital délabré. La majorité des patients et du personnel ayant été évacués vers un autre hôpital, elle se retrouve presque seule dans ce bâtiment lugubre. Mais derrière ses murs se cache un lourd secret qui va contraindre Val à affronter ses peurs les plus profondes et à se confronter à une force maléfique.



Critique :


S'il y a quelque chose de sinistre qui se cache dans les recoins obscurs des hôpitaux londoniens des 70s, ce n'est définitivement rien comparé à la crasse toujours aussi actuelle qui habite notre monde, et que tente de montrer avec plus ou moins d'habileté la wannabe cinéaste Corinna Faith avec son premier long-métrage, The Power, sorte de fusion pas toujours adroite entre le drame féministe, le film de fantômes, le film possession et le revenge movie - rien que ça.
Catapulté au coeur de l'année 1974, dans une Angleterre tiraillée par la lutte ouvrière (historiquement exacte) entre les syndicats et le gouvernement britannique qui a conduit à un rationnement de l'énergie et à des pannes d'électricité généralisées; le film scrute les premiers pas d'une jeune infirmière Val, prête pour sa première journée de travail dans un vaste complexe hospitalier délabré desservant une communauté pauvre du centre-ville de Londres.

Copyright capelight pictures OHG

Orpheline élevée dans un foyer non loin de l'enceinte de l'hôpital, et totalement consciente de la difficulté de s'insérer dans la vie active que peut connaître les pupilles de l'État, elle s'accroche tant bien à son optimisme (qui contraste avec les intentions moins pures de ses nouveaux collègues) tout en affrontant la sombre réalité de la profession qu'elle a choisie.
Suite à une mésaventure avec l'infirmière en chef sévère, elle reçoit comme punition de travailler de nuit, alors que les patients sont réinstallés dans un autre hôpital et que la majorité du personnel part pour la soirée, seules quelques infirmières restant sur place pour surveiller les patients des services soins intensifs et prénatals...
Si les sens multiples du titre du film sont limpides (qui se réfère ostensiblement à la fois aux coupures d'électricité, au pouvoir ancien et insidieux qui perturbe l'hôpital, à la dynamique de pouvoir entre les personnages mais aussi et surtout entre les hommes et les femmes au sein de la société patriarcale), étrangement, et ce malgré un soin tout particulier apporté par la photographie affûtée de Laura Bellingham, qui fait de l'hôpital un ensemble claustrophobique et labyrinthique parsemé de grands espaces caverneux et de couloirs tortueux; ce n'est pas tant dans l'effroi que Faith s'exprime le mieux.

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Même en s'appuyant sur la partition suffocante du tandem Max de Wardener/Elizabeth Berholz), c'est bien dans le drame, débarrassé de tous ses tics horrifiques artificiels (comme des jumps scares prévisibles as hell) qu'elle fait mouche, ou quand l'étrangeté de la possession se fait l'outil cathartique d'une monstruosité inversée, ou la colère d'un traumatisme partagé (ici le viol et le meurtre d'une enfant, dont le mystère sur le bourreau est malheureusement vite tué dans l'oeuf) nourrit la volonté essentielle de dénoncer les structures de pouvoir patriarcales, qui permettent les abus autant qu'elles couvrent consciemment les auteurs.
Sondant les horreurs du passé pour asséner les vérités urgentes et extrêmement inconfortables du présent, aussi maladroit qu'il peut être subtil, The Power n'en reste pas moins une surprenante et audacieuse expérience.
Un exercice de genre logé sous le spectre de la violence sexuelle donnant (enfin) la parole aux victimes, une oeuvre qui se fait finalement plus un geste féministe et politique qu'un vrai et pur morceau d'effroi gothique.


Jonathan Chevrier


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