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[CRITIQUE] : Piccolo Corpo


Réalisatrice : Laura Samani
Acteurs : Celeste Cescutti et Ondina Quadri.
Distributeur : Arizona Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Historique.
Nationalité : Italien, Français, Slovène.
Durée : 1h29min.

Synopsis :
Italie, 1900. Le bébé de la jeune Agata est mort-né et ainsi condamné à errer dans les Limbes. Il existerait un endroit dans les montagnes où son bébé pourrait être ramené à la vie, le temps d’un souffle, pour être baptisé. Agata entreprend ce voyage et rencontre Lynx, qui lui offre son aide. Ensemble, ils se lancent dans une aventure qui leur permettrait de se rapprocher du miracle.



Critique :


Ce que nous a apporté la pandémie - malheureusement toujours en cours - du Covid-19 au-delà d'une angoisse constante pour sa propre santé et celle des siens, c'est une propension encore plus accrue à juger les autres en toute circonstance, renforcée par des confinements forcés successifs, une politique gouvernementale prônant la division ainsi que des pics d'individualismes plus ou moins croissants de la part de certains d'entre-nous.
Au lieu de nous rapprocher, ce drame mondial n'a fait que nous éloigner et nous ôter toute empathie, un sentiment qui même encore aujourd'hui, nous fait toujours défaut.
C'est pourtant vers cet effort d'identification, cette invitation a comprendre un choix ou une décision que l'on aurait jamais pensé faire sien, que nous pousse la wannabe cinéaste Laura Samani pour son premier long-métrage, Piccolo Corpo, articulée sur la douleur intime d'une jeune mère qui vient de perdre son bébé mort-né, dans la lagune vénitienne du début du XXe siècle.
Selon la tradition catholique, l'âme d'un enfant mort-né est condamnée aux limbes.
Cependant, Agata entend parler d'un sanctuaire dans les montagnes, où les nouveau-nés sont ramenés à la vie d'un seul souffle, pour être baptisés et sauver leur âme.

Copyright Arizona Distribution

Pouvoir donner un nom à sa fille devant Dieu, signifierait être témoin de son passage sur ce monde, faire savoir aux gens qu'elle existait et qu'elle était importante pour sa vie.
La jeune femme se lance dans un voyage pétri d'espoir contre la résignation et la fatalité, dénigré par ceux qui ne comprennent pas - et ne veulent pas non plus comprendre -, ceux qui le jugent inutile ou dénué de sens où même ceux qui n'ont jamais porté sur leurs épaules le fardeau du deuil, et les choix aussi complexes et aussi incompris qu'ils impliquent.
Émotionnellement impliquée, se faisant le témoin de la conviction et de la détermination de son héroïne, la caméra de Samani épouse la quête d'Agatha (tournée chronologiquement) autant qu'elle creuse en profondeur sa personnalité et ses croyances : dans la petite boîte en bois qu'elle porte sur ses épaules, il n'y a pas seulement le petit corps - d'où le titre - de son enfant, elle porte tout autant ces idées, ces causes et ce qu'elle est.
En intimant son auditoire de voir plus loin que les apparences, de se laisser happer par la complexité des sentiments que cette puissante histoire de deuil emporte avec elle, Laura Samani fait de Piccolo Corpo une odyssée initiatique émotionnelle et transcendantale aussi poétique qu'elle est radicale; une fable simple et délicate vissée sur une croyance intime qui dépasse tout dogme.


Jonathan Chevrier


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