[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #152. Semaine du 5 au 11 décembre
Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.
Semaine du 5 Décembre au 11 Décembre.
Dimanche 5 Décembre. La Mule de Clint Eastwood sur France2.
À plus de 80 ans, Earl Stone est aux abois. Il est non seulement fauché et seul, mais son entreprise risque d’être saisie. Il accepte alors d’être chauffeur, un petit boulot, en apparence, facile. Sauf que, sans le savoir, il s’est engagé à être passeur de drogue pour un cartel mexicain. Extrêmement performant, il transporte des cargaisons de plus en plus importantes. Ce qui pousse les chefs du cartel, toujours méfiants, à lui imposer un supérieur chargé de le surveiller.
Presque 10 ans après son Gran Torino, Eastwood réapparait dans son cinéma pour offrir un film forcément un peu testamentaire, mais pourtant d’une vivacité palpable. En effet, voir ce colosse squelettique prendre le devant de la scène n’est jamais gratuit. Ici, il se filme dans une époque schizophrénique non pas comme un vestige d’un autre temps, mais comme un électron libre virevoltant avec une impertinence en forme de liberté. Car si on a souvent tenté de réduire Eastwood a certains clichés, l’homme prouve qu’il navigue plus que personne dans les méandres du temps. Les communautés. Les divisions. Les débats. Il n’en a rien à faire, il ne fait que côtoyer tout cela, sans vraiment juger, juste en sachant pertinemment que cela ne peut pas entamer sa liberté.
Lundi 6 Décembre. Les Désaxés de John Huston sur Arte.
Une ex-effeuilleuse nommée Roslyn Taber rencontre un cowboy devenu joueur vieillissant au nom de Gay Langland et un ancien pilote de la Seconde Guerre mondiale, Guido Racanelli. Les deux hommes deviennent instantanément amoureux de Roslyn.
Les Désaxés évoque la fin d’une époque, celle de ces cowboys arpentant le grand ouest américain, mais, de façon presque amère ou en tout cas tragique. Les Désaxés évoque des fins, plus ou moins proche. Clark Gable, Montgomery Clift et Marilyn Monroe, des icônes au bout de leur propre chemin et qui habitent le film comme des déjà morts tentant de raccrocher comme ils peuvent à la vie. Oui, l’œuvre est tragique pour sa destinée, pour Miller écrivant à sa femme un rôle tel un cadeau empoisonné, pour la sensation de voir chacun donner des performances magnétiques, car le temps manque, car il s’échappe, car il donne envie de se foutre en l’air.
Mardi 7 Décembre. Maman j’ai raté l’avion de Chris Columbus sur TFX.
Les McCallister ont prévu de passer Noël en famille à Paris. Mais dans la précipitation du départ, ils ne se rendent pas compte que Kevin, le plus jeune de leurs enfants, n’est pas monté dans la voiture avec eux. Kevin se retrouve seul dans la maison et s’accommode très bien de la situation.
Beh oui, forcément, décembre est là et donc Maman, j’ai raté l’avion est programmé à la télé. C’est devenu une tradition est on peut aisément comprendre pourquoi, ce film est un régal, aussi bien pour les nouvelles générations que pour les plus nostalgiques d’entre nous. Il faut dire qu’entre le scénario espiègle de John Hugues, la délicieuse BO de John Williams et le savoir-faire de Chris Columbus ; tout est réuni pour offrir un chaleureux moment de divertissement, qui, parvient de façon assez magique à passer l’épreuve du temps, peut-être car l’humour burlesque dont le film est affublé ne vieillit jamais totalement. Après tout, qui ne rit pas à une chute ?
Thibaut Ciavarella