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[CRITIQUE] : Impardonnable


Réalisatrice : Nora Fingscheidt
Avec : Sandra Bullock, Jon Bernthal, Vincent D'Onofrio, Rob Morgan, Viola Davis,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h52min

Synopsis :
Libérée de prison après avoir purgé sa peine pour un crime violent, Ruth Slater retrouve une société qui refuse de lui pardonner son passé. Sévèrement jugée par ceux qui jadis l'entouraient, elle place son seul espoir de rédemption dans des retrouvailles avec sa sœur cadette, qu'elle a été forcée de laisser derrière elle.



Critique :


Force est d'admettre que ce qui a poussé Sandra Bullock, Jon Bernthal, Vincent D'Onofrio, Rob Morgan ou encore Viola Davis à participer au casting du drame furieusement bancal et caricatural de Nora Fingscheidt, Impardonnable, est sans doute un mystère (ne répondez pas les millions de dollars, soyons un peu plus optimiste) au moins aussi imposant que celui excessivement irritant, de voir Netflix ne jamais faire plus que le strict minimum, alors quelle a visiblement tout, du budget aux talents attirés, pour faire infiniment plus et surtout mieux.
Pure vitrine scénique destinée à rappeler, si besoin était, que Bullock est capable de faire sonner midi à quatorze heures quand elle le veut réellement (car oui, elle est l'une des plus grandes actrices de sa génération), la péloche, adaptation de la mini-série britannique éponyme et récompensée de Sally Wainwright (qui a traîné à Hollywood pendant près d'une décennie, un temps porté entre autres, par Christopher McQuarrie et Angelina Jolie), dévitalise son sujet au point d'incarner une excursion plane et unidimensionnelle dans les méandres d'un thriller dramatique sous fond de quête rédemptrice impossible, à l'écriture amorphe et sans éclat.

Copyright KIMBERLEY FRENCH/NETFLIX

Avec son histoire gentiment familière d'une ex-détenue/tueuse de flic (elle a tuée par balle un shérif qui tentait de l'expulser de chez elle), tentant autant de se réinsérer au sein de la société que de renouer avec le peu de lien familial qui lui reste - sa soeur -, tout en contrôlant la rage et les troubles qui l'habite, le film ressemble ironiquement à ce qu'il tente tout du long de fuir : une mini-série étriquée, mal cadencée et métaphoriquement détournée sur un tout petit peu moins de deux heures, qui défie un temps avant de céder lâchement à la paresse.
Une écriture aux rebondissements limités quand ils ne sont pas improbables, fruit d'une sorte d'exploration maladroite de la spirale infernale des traumatismes de l'existence, plombée par sa surenchère d'artifices (flashbacks fragmentés, passages dramatico-hystériques obligés, sauts précipités dans le temps, wannabe love story dont personne ne croît,...) occultant quelques thèmes imposants et furieusement d'actualité (les expulsions massives dans un système économique en déclin par exemple, ou encore prendre pour cadre Seattle, l'un des épicentres occidentaux de la révolte contre la brutalité policière, ville autant gangrenée par la pauvreté et la répression politique,...), pour mieux épouser les contours sirupeux des les valeurs familiales de plus en plus anachroniques du happy ending so Hollywoodien.

Copyright KIMBERLEY FRENCH/NETFLIX

Dommage tant Fingscheidt emballe quelques séquences d'affrontement décentes, et semble épouser un néo-réalisme méchamment rital dans mise en images du quotidien désolé d'une classe ouvrière condamnée par sa propre nation.
Reste alors Bullock et sa performance brute et glaciale, parfaite en femme brisée émotionnellement mais farouchement déterminée à survivre.
C'est maigre certes, mais c'est déjà pas si mal.


Jonathan Chevrier