[CRITIQUE] : Bad Luck Banging or Loony Porn
Réalisateur : Radu Jude
Avec : Katia Pascariu, Claudia Ieremia, Olimpia Mălai,...
Budget : -
Distributeur : Météore Films
Genre : Comédie.
Nationalité : Roumain, Luxembourgeois, Tchèque, Croate.
Durée : 1h46min.
Synopsis :
Emi, une enseignante, voit sa carrière et sa réputation menacées après la diffusion sur Internet d’une sextape tournée avec son mari. Forcée de rencontrer les parents d'élèves qui exigent son renvoi, Emi refuse de céder à leur pression, et questionne alors la place de l'obscénité dans nos sociétés.
Critique :
Furieusement imprégnée par des thèmes charnières de notre quotidien, de la présence omnipotente des réseaux sociaux, de la dangerosité d'Internet - à tous les âges -, de l'anxiété pandémique et des fantômes de plus en plus visibles des régimes totalitaires; il n'y a pas de doute, si les Amériques jouent la carte du thriller pandémique et les français celle de la comédie moribonde (coucou Dany Boon), la première grande satire de l'ère covid vient elle bien d'un cinéma roumain toujours prompt à faire mal.
Comédie dramatique aussi fascinante et cynique qu'essentielle, Bad Luck Banging or Loony Porn de Radu Jude oscille savoureusement entre l'humour insensé et lunaire et la philosophie intello, pour mieux se faire aussi frustrant que la vie elle-même peut l'être, au coeur d'un miroir parfaitement troublée et troublant de notre sombre époque.
Sexuellement explicite, intellectuellement imposant et surtout merveilleusement irrévérencieux, qui annonce la couleur dès ses saisissantes et inconfortables premières secondes (l'intimité vigoureuse, un brin loufoque et non-simulée d'un couple filmée avec un téléphone portable), histoire de secouer même le spectateur le plus blasé de sa complaisance cinématographique, mais aussi de pointer du bout de la caméra l'hypocrisie, le puritanisme réflexif et de la précipitation au jugement facile qui gangrène notre société contemporaine, qu'il passera le reste du film à fustiger avec brio et férocité.
Divisé en trois parties bien distinctes, le long-métrage se fait un instantané fascinant de l'ici et maintenant, un exemple inhabituellement direct d'un cinéaste aventureux embrassant les difficultés de notre quotidien actuel, tout en pimentant sa capture d'un vrai regard ironique sur combien nous nous cachons en public, combien d'émotions et de désordre humain brut sont masqués (littéralement et métaphoriquement) non pas dans un souci de santé publique - très récent finalement -, mais bien de " respectabilité " sociale.
Au travers des atermoiements d'Emi, dont le poste d'enseignante est sur la sellette justement à cause de la vidéo montrée dans la première partie (un énième exemple d'une femme sacrifiée sur l'autel de la morale et d'un sens éthique déplacé de la population de masse), Jude sonde l'hypocrisie totale de la société roumaine qui s'indigne pour quelques secondes de " cochonneries " amateurs, là où les indignations sociales banalisées (pauvreté, misogynie, racisme, ignorance, commercialisation grossière de la culture, la corruption de l'Église orthodoxe,...) et l'horreur historique récent (le chapitre génocidaire et les horreurs ultérieures du régime de Nicolae Ceausescu), sont résolument plus choquant.
Fascinant autant dans les questionnements qu'il impose avec un naturel désarmant, que dans les résolutions absurdes - mais incroyablement réalistes - qu'il donne à son auditoire, Bad Luck Banging or Loony Porn est une merveille de comédie politique et réflexif profondément lucide sur notre société contemporaine à la dérive.
La séance la plus indispensable du moment.
Jonathan Chevrier
Avec : Katia Pascariu, Claudia Ieremia, Olimpia Mălai,...
Budget : -
Distributeur : Météore Films
Genre : Comédie.
Nationalité : Roumain, Luxembourgeois, Tchèque, Croate.
Durée : 1h46min.
Synopsis :
Emi, une enseignante, voit sa carrière et sa réputation menacées après la diffusion sur Internet d’une sextape tournée avec son mari. Forcée de rencontrer les parents d'élèves qui exigent son renvoi, Emi refuse de céder à leur pression, et questionne alors la place de l'obscénité dans nos sociétés.
Critique :
Fascinant autant dans les questionnements qu'il impose avec un naturel désarmant, que dans les résolutions absurdes - mais réalistes - qu'il donne, #BadLuckBangingorLoonyPorn est un bijou de comédie politique et réflexif profondément lucide sur notre société actuelle à la dérive. pic.twitter.com/8QehNDOC0K
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 16, 2021
Furieusement imprégnée par des thèmes charnières de notre quotidien, de la présence omnipotente des réseaux sociaux, de la dangerosité d'Internet - à tous les âges -, de l'anxiété pandémique et des fantômes de plus en plus visibles des régimes totalitaires; il n'y a pas de doute, si les Amériques jouent la carte du thriller pandémique et les français celle de la comédie moribonde (coucou Dany Boon), la première grande satire de l'ère covid vient elle bien d'un cinéma roumain toujours prompt à faire mal.
Comédie dramatique aussi fascinante et cynique qu'essentielle, Bad Luck Banging or Loony Porn de Radu Jude oscille savoureusement entre l'humour insensé et lunaire et la philosophie intello, pour mieux se faire aussi frustrant que la vie elle-même peut l'être, au coeur d'un miroir parfaitement troublée et troublant de notre sombre époque.
Sexuellement explicite, intellectuellement imposant et surtout merveilleusement irrévérencieux, qui annonce la couleur dès ses saisissantes et inconfortables premières secondes (l'intimité vigoureuse, un brin loufoque et non-simulée d'un couple filmée avec un téléphone portable), histoire de secouer même le spectateur le plus blasé de sa complaisance cinématographique, mais aussi de pointer du bout de la caméra l'hypocrisie, le puritanisme réflexif et de la précipitation au jugement facile qui gangrène notre société contemporaine, qu'il passera le reste du film à fustiger avec brio et férocité.
Copyright Météore Films |
Divisé en trois parties bien distinctes, le long-métrage se fait un instantané fascinant de l'ici et maintenant, un exemple inhabituellement direct d'un cinéaste aventureux embrassant les difficultés de notre quotidien actuel, tout en pimentant sa capture d'un vrai regard ironique sur combien nous nous cachons en public, combien d'émotions et de désordre humain brut sont masqués (littéralement et métaphoriquement) non pas dans un souci de santé publique - très récent finalement -, mais bien de " respectabilité " sociale.
Au travers des atermoiements d'Emi, dont le poste d'enseignante est sur la sellette justement à cause de la vidéo montrée dans la première partie (un énième exemple d'une femme sacrifiée sur l'autel de la morale et d'un sens éthique déplacé de la population de masse), Jude sonde l'hypocrisie totale de la société roumaine qui s'indigne pour quelques secondes de " cochonneries " amateurs, là où les indignations sociales banalisées (pauvreté, misogynie, racisme, ignorance, commercialisation grossière de la culture, la corruption de l'Église orthodoxe,...) et l'horreur historique récent (le chapitre génocidaire et les horreurs ultérieures du régime de Nicolae Ceausescu), sont résolument plus choquant.
Fascinant autant dans les questionnements qu'il impose avec un naturel désarmant, que dans les résolutions absurdes - mais incroyablement réalistes - qu'il donne à son auditoire, Bad Luck Banging or Loony Porn est une merveille de comédie politique et réflexif profondément lucide sur notre société contemporaine à la dérive.
La séance la plus indispensable du moment.
Jonathan Chevrier