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[CRITIQUE] : Zola

Réalisatrice : Janicza Bravo
Avec : Taylour Paige, Riley Keough, Said Bey, Colman Domingo,...
Distributeur : - (Sony Pictures Releasing France)
Budget : -
Genre : Comédie dramatique, Drame, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h30min

Synopsis :
Le voyage sauvage sur deux jours avec une travailleuse du sexe, Jessica, son petit ami, Jarrett, et le proxénète violent de cette dernière. L'excursion est suivie par Aziah "Zola" Wells qui tweete les événements que connaissent les individus.



Critique :


Représenter la surprésence autant que la dangerosité d'Internet sur les écrans de cinéma, est devenu un défi de plus en plus intéressant pour les cinéastes modernes.
Si le diptyque Unfriended, Open Windows ou encore Searching (oublions Connectés s'il vous plaît) privilégiait le pendant sombre du web, en jouant sur une narration - tordue - quasiment en temps réel, là où Spree pointait du bout de la pellicule, la frénésie des réseaux sociaux et la popularité artificielle qui en découle; Zola lui, premier long métrage à être basé sur un fil Twitter viral de 2015 (une histoire folle et épique étalée sur plus de 100 tweets), réussit la prouesse de rendre réel le sentiment d'exaltation - sans fioriture - de la mise en images d'un thread en live; cette idée d'une narration en constante mutation, qui semble capable de prendre un virage opposé au moindre rebondissement, à la moindre virgule de dialogue.
Une petite surprise improbable qui, à l'instar de Si je t'oublie... je t'aime de Chad Hartigan, est condamné à une sortie en sourdine dans la case VOD, par Sony Pictures... shame.

Copyright A24

Imprévisible et sauvage (quitte à parfois briser le quatrième mur) tout en donnant l'impression déroutante d'être en constante improvisation (ce qui n'est absolument pas le cas, d'où la prouesse), le premier long-métrage de Janicza Bravo - un projet un temps promis à James Franco -, qu'elle a co-écrit avec le dramaturge acclamé Jeremy O. Harris, prend pleinement en considération la potentielle idéalisation de la réalité (au moins en partie vraie, sur deux femmes qui se lient d'amitié dans un Hooters de Détroit, avant de se lancer dans un voyage improvisé en Floride - pour gagner une petite fortune en dansant dans un club de strip-tease haut de gamme -, qui se transformera rapidement en cauchemar), croquant un regard sans concession sur l'inhumanité du trafic sexuel, tout en titillant avec une férocité débordante toute la perversité qui découle de notre addiction aux réseaux sociaux - du voyeurisme obscène à son intimité désolante.
Un vrai ride salace et brut façon (road) trip " tweetstormesque " aussi torride et violent qu'il est déchirant, sorte de rencontre chaotique et méditative entre les cinémas d'Harmony Korine (Springbreaker) et Sean Baker dominée par la partition incroyable du tandem Taylour Page/Riley Keough; un instantané de l'Amérique (autour de laquelle d'autres potentielles tragédies se dessinent) : souvent effrayante, parfois sinistrement amusante mais toujours inlassablement en mouvement dans son entropie.


Jonathan Chevrier



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