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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #151. Subway

© Les Films du Loup / TSF Productions / Gaumont / TF1 Films Production

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !


#131. Subway de Luc Besson (1985)

Bien des années avant d’être le réalisateur et producteur facile à détester du cinéma français, avec en plus un paquet de vilaines casseroles au cul, Luc Besson était un jeune cinéaste prometteur. Bien que déjà pas très copain avec la critique et élevé bien malgré lui au rang d’ambassadeur du « cinéma du look », pseudo mouvement à connotation péjorative inventé par le critique Raphaël Bassan pour parler de cinéastes qui délaisseraient l’histoire et la vraisemblance au profit de l’image pour l’image, en bref des artistes qui se veulent assez loin de la nouvelle vague. Et pourtant l’ombre de cette dernière n’est pas si loin du cinéaste lorsqu’il tourne son deuxième long-métrage, Subway : synthèse miraculeuse de son amour de la langue de Godard, de son envie de cinéma à l’américaine et de sa propre personnalité d’auteur, rendant hommage aussi bien à French Connection dans son ouverture qu’à À Bout de Souffle dans sa conclusion, entre autre.  

© Les Films du Loup / TSF Productions / Gaumont / TF1 Films Production

La plus grande réussite du film on ne la doit pas réellement à Besson lui-même, mais bien à son casting démentiel. Pour commencer, on parle ici du film qui a révélé Christophe Lambert et je ne suis pas certain que qui que ce soit en possession d’une âme humaine fonctionnelle aimerait vivre dans un monde dans lequel on ne voit pas ce génial monsieur dans des films. Il est absolument parfait dans son rôle d’outcast mal coiffé (cette capillarité chelou prend tout son sens quand on sait que c’est Sting qui devait jouer son rôle) et romantiquement malaisant, affichant déjà toutes ses petites particularités qui en feront un monument, oui ça comprend son petit rictus si caractéristique. HinHin. En face de lui on trouve une Isabelle Adjani solaire qui offre au film parmi ses scènes les plus cultes, je pense bien entendu à la totalité de la scène du diner chez le préfet dans laquelle la moindre de ses répliques est une merveille inoubliable. Jean Reno et son costume de batteur déjà démodé est aussi extrêmement kiffant. Mais pour ne pas vous mentir, mon petit plaisir à moi quand je regarde le film, c’est le duo de flic tout bonnement hilarants de Michel Galabru et Jean-Pierre Bacri qui irradie et imprègne la moindre de leurs scènes de leur personnalité et de leur tempo comique. Le long plan séquence qui les introduits tous les deux sans un mot, descendant d’une démarche toute bonhomme les marches du métro accompagnés de l’improbable musique d’Éric Serra, est sans aucune exagération une de mes scènes préférées de l’histoire du cinéma. C’est-à-dire que si je vais pas trop bien, je le revois et ça va instantanément beaucoup mieux. Je disais qu’on ne devait pas cette réussite à Besson lui-même mais c’est bien évidemment un gros raccourci : il parvient à tirer les meilleur de ses acteurs et la réussite des scènes tient également à son travail de dialoguiste, dont on reconnait la parenté avec les scénarios les plus éclatés qu’il écrira et produira par la suite à la différence près que dans Subway, ça fonctionne. Comme quoi la frontière est fine...

© Les Films du Loup / TSF Productions / Gaumont / TF1 Films Production

Et puis le film ne tient pas que sur son casting. Déjà c’est un honnête et véritable film d’outcast, proposant une véritable galerie de personnages en marges évoluant dans l’écosystème urbain d’un métro parisien dans lequel Besson a réellement tourné, un monde sous-terrain qui exercera son pouvoir de fascination sur le personnage de Isabelle Adjani qui y prendra goût et passera de docile épouse d’homme riche à punk indomptable parce que c’est vachement plus cool. La sous-intrigue qu’on peut trouver insignifiante au premier abord de Christophe Lambert qui veut faire un groupe de musique irrigue en vérité tout le film et lui confère d’énormes moments de beauté. Et on ne peut pas enlever à Besson, tout du moins au cinéaste de cette époque-là, de savoir composer des plans extrêmement esthétiques et c’est bien évidemment le cas dans Subway, il filme le métro parisien avec un œil de cinéaste acéré qui égaye la rétine. Subway est un film d’équilibriste. Entre la nouvelle vague et les USA, entre la comédie et le drame, un équilibre précaire dont on perçoit déjà les limites. Mais là ; le temps d’un long métrage, ça fonctionne dans une sorte d’état de grâce miraculeux. Je ne suis pas persuadé que Luc Besson ait déjà réalisé un chef d’œuvre mais si il l’a fait, c’est incontestablement avec ce film.


Kevin



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