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[CRITIQUE] : Fast & Furious 9

Réalisateur : Justin Lin
Acteurs : Vin Diesel, Charlize Theron, Michelle Rodriguez, John Cena, Ludacris, Tyrese Gibson, Jordana Brewster, Helen Mirren, Nathalie Emmanuel,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h23min.

Synopsis :
Si Dom Toretto mène une vie tranquille, loin du bitume, auprès de Letty et de leur fils, le petit Brian, ils savent bien tous les deux que derrière les horizons les plus radieux se cachent toujours les dangers les plus sournois. Cette fois, pour sauver ceux à qui il tient le plus, Dom va devoir affronter les démons de son passé. Son équipe se rassemble pour démanteler un complot à échelle mondiale mené par le tueur le plus implacable qu’ils aient jamais affronté, aussi redoutable avec une arme que derrière un volant : Un homme qui n’est autre que le frère désavoué de Dom, Jakob.




Critique :

Ce n'est un secret pour personne, Vinou Diesel met le paquet sur la franchise Fast and Furious car ce bon vieux Baboulinet n'a que le marcel de tonton Toretto pour pleinement faire exploser le box-office.
Les succès relatifs du Dernier Chasseur de Sorcières, de Riddick et de xXx : Reactivated (qui n'a cartonné que du côté du B.O. chinois), ont donc poussés le bonhomme à focaliser tous ses biscottos sur la saga Fast, même si le final poignant de Furious 7, pouvait décemment incarner un au-revoir plus que satisfaisant, autant pour les aventures de la familia que pour le regretté Paul Walker.

Copyright 2021 Universal Pictures. All Rights Reserved

Mais que nenni, avec une nouvelle trilogie de planifié (soit les opus 9, 10 et 11) et le retour du malléable Justin Lin à la réalisation, la saga continue et voilà qu'en pleine été cinématographique qui est appelé à être perturbé (autant par les lois gouvernementales que les variants du Covid), un neuvième opus atteint les salles obscures.
Un chiffre vraiment astronomique pour une franchise charnière (oui) du cinéma d'action moderne, qui se devait d'atteindre - au minimum - le statut de monument du fun littéralement WTF et cartoonesque des quatre derniers films (les plus spectaculaires, même si le huitième commençait déjà à sentir le pâté), ce Fast 9 use toute l'aura magiquement barré des précédents opus pour se transformer en une cours des miracles faisandé tournant à l'huile de friture, puant autant l'auto-suffisance que la paresse irritante.
Bigger and faster mais point better, la péloche enfonce le clou en incarnant un trip turbo-débile dénué de toute finesse narrative (et le mot est faible) et y allant constamment franco dans le déballage de l'action outrancière au coeur de décors tous plus interchangeables les uns des autres; comme si la naïveté stupide mais jouissive du passé, avait finalement changé sa recette clé pour devenir le pire du fast-food indigeste qu'Hollywood nous pond depuis deux décennies.

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Force est d'admettre que la métamorphose de la franchise Fast & Furious au cours des dix dernières années est l'une des réussites les plus étranges du cinéma ricain.
Passant de ses humbles origines prises à la volée à Point Break, en passant par la petite sortie de route plutôt charmante à ses ambitions plus modestes adoptant un ton " casse du siècle " à la The Italian Job, avant d'étreindre de manière gentiment absurde l'esprit d'espionnage bigger than life digne de la saga Mission: Impossible; Dom Toretto et da familia ont mis en place un parcours assez impressionnant malgré des récits dérivés sans grandes ambitions, au point même qu'un crossover avec la trilogie Jurassic World est devenue une idée naturellement plausible.
Mais plus les films sont devenus bruyants, incohérents et gentiment grand-guignolesques, moins la " Famille " scandée à tout bout de champs par Baboulinet Diesel a perdu de son importance, tout juste bonne à remplir les obligations narratives d'un briefing de mission à la James Bond, expliquant plus ou moins fébrilement pourquoi la saga revient encore et toujours sur le devant de la scène.

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Une préoccupation lointaine et secondaire, dont on ne se borne même plus à justifier les retours rocambolesques, que ce soit ceux ici du génial Han (officiellement mort dans Tokyo Drift, qui n'était pas chronologiquement le troisième mais bien le sixième film de la saga), ou de l'improbable deuxième frère Toretto, Jakob, jamais mentionné jusqu'à maintenant par Dom et Mia.
Passé une intrigue passe-partout recyclant celles des opus précédents (un appareil à retrouver, gentils vs vilains... voilà), bourré jusqu'à la gueule de scènes d'action prévisibles et ronflantes - expurgées de toute notion physique et émotionnelle -, démontrant l'incapacité latente de Lin (pourtant toujours aussi précis dans sa mise en scène) et de la saga, à renouveller les rendements spectaculaires de personnages ayant trop de fois déjouer la mort et la cohérence pour surprendre; Fast 9 est avant tout et surtout plombé par son écriture amorphe et étrangement sérieuse, mais aussi par un rythme foutrement décousu, culminant à un troisième acte atrocement long et surchargé en flashbacks.

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Ne cachant plus son âge (même sa surenchère ne fait plus illusion) ni même la mégalomanie de son héros-titre (qui vampirise toute l'attention dans un duel fraternel castré dès son entame), trop partiellement jubilatoire (que ce soit de par son action ou ses dialogues, le trio Tyrese/Ludacris/Emmanuel étant même un poil muselé) pour ne pas laisser une sale impression de gâchis au fond de la gorge; Fast & Furious 9 semble déjà trop vieux pour ses propres conneries avant même d'entamer son dernier virage.
Et un blockbuster décérébré et foutraque qui appuie sur le frein de l'inventivité et du fun en pleine ligne droite, évidemment ça n'excite plus vraiment son amateur de plaisir coupable...


Jonathan Chevrier