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[SƎANCES FANTASTIQUES] : #62. The Old Dark House

Copyright Cohen Film Collection


Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's ; mais surtout montrer un brin la richesse des cinémas fantastique et horrifique aussi abondant qu'ils sont passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !


#62. Une soirée étrange de James Whale (1932)

Si Karl Freund a apporté une sensibilité artistique européenne à l'horreur des 30s, et que Tod Browning une touche de macabre três américaine, c'est sans doute James Whale dont la pierre à l'édifice fut la probante, lui et son esprit très britannique, entre un regard pessimiste de l'humanité et des préoccupations - toujours - très modernes.
Même s'il s'est longtemps élevé - et à raison - contre le fait d'être catalogué uniquement comme réalisateur d'horreur, il a incontestablement été un pourvoyeur de terreur habile et agile.
Pion important de l'imposante " Universal Monsters ", dont la niche de talents ont incarnés une mécanique d'alternance de projets plus que gagnante sur près de trois décennies, le tandem Whale/Karloff a offert trois oeuvres qui sont autant de chefs-d'œuvre que films pillés par des productions plus ou moins sérieuses aux titres souvent explicites.
Moins connu des trois (Frankenstein et La Fiancé de Frankenstein) et longtemps considéré comme un film perdu, The Old Dark House, tourné dans la foulée de Frankenstein, a pourtant su imposer des tropes visuels et thématiques qui ont codifiés les canons de l'horreur de l'époque.

Copyright Cohen Film Collection

Pur film de maison hanté au pitch aussi resserré qu'il est d'une épure implacable (Trois voyageurs égarés se retrouvent coincées une nuit de tempête, dans un vieux manoir effrayant occupé par un frère et une sœur bizarres, leur père en pleine décrépitude et un majordome monstrueux - l'inimitable Boris Karloff), adapté d’une nouvelle publiée en 1927 par J. B. Priestley, le second long horrifique de Whale marque autant l'amélioration confiante des qualités intrinsèques de Frankenstein, que les prémisses grandioses de La Fiancée de Frankenstein.
Épousant pleinement ses penchants gothiques - mais aussi de la contiguïté entre l'horreur et la comédie -, faisant preuve d'une ampleur incroyable caméra au poing (avec un éclairage et des mouvements expressionnistes ravageurs), articulant son récit autant sur un schisme générationnel qu'une scission religieuse (ou l'athéisme couple affronte la moralité sévère de la société patriarcale), dans une demeure devenant un lieu de conflit entre la modernité de l'entre-deux-guerres du présent et les valeurs victoriennes d'hier (corrompues et affreuses); The Old Dark House est un classique de la comédie horrifique - ou de l'horreur comique -, ou la terreur est plus sinueuse que véritablement marquée.


 Jonathan Chevrier