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[COEURS D♡ARTICHAUTS] : #33. Casse-tête Chinois

Copyright StudioCanal

Parce que l'overdose des téléfilms de Noël avant même que décembre ne commence, couplé à une envie soudaine de plonger tête la première dans tout ce qui est feel good et régressif, nous a motivé plus que de raison à papoter de cinéma sirupeux et tout plein de guimauve; la Fucking Team vient de créer une nouvelle section : #CoeursdArtichauts, une section ou on parlera évidemment de films/téléfilms romantiques, et de l'amour avec un grand A, dans ce qu'il a de plus beau, facile, kitsch et même parfois un peu tragique.
Parce qu'on a tous besoin d'amour pendant les fêtes (non surtout de chocolat, de bouffe et d'alcool), et même toute l'année, préparez votre mug de chocolat chaud, votre petite (bon grande) assiette de cookies et venez rechauffer vos petits coeurs de cinéphiles fragiles avec nous !



#33. Casse-tête Chinois de Cédric Klapisch (2013)

Difficile de ne pas admettre que tous les films - ou presque - de Cédric Klapisch, se ressemblent, le cinéaste se faisant toujours l'observateur privilégié d'une poignée de jeunes hommes et femmes au carrefour de leur existence, se délectant de leurs aléas tant la comédie de la vie est peut-être celle la plus juste et universelle qui soit.
Mais gageons qu'il n'a, sans doute, jamais aussi inspiré que lorsqu'il règle sa caméra dans le sillage de l'attachant et indécis Xavier, véritable alter-ego qui n'a faillit pourtant jamais voir le jour (L'Auberge Espagnole fut une réalisation imprévue et signée dans l'urgence, alors que le développement de Ni pour, ni contre (bien au contraire) prenait un poil plus de temps que prévu).

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Étudiant entrant de plein pied dans l'âge adulte dans L'Auberge Espagnole, scénariste de sitcoms/téléfilms goûtant aux joies de la trentaine dans Les Poupées Russes, c'est à l'aube de la quarantaine, toujours autant largué dans la vie, qu'il nous a le plus touché dans le bien nommé Casse-tête Chinois.
Débarqué cette fois à New-York pour se rapprocher de ses enfants après sa séparation d'avec la pétillante Wendy, le bonhomme continuait toujours d'en découdre avec la vie - entre hargne et enthousiasme -, partagé entre l'éducation de ces deux petites têtes blondes, un mariage blanc pour obtenir une carte verte, un bébé conçu avec un couple de lesbienne (dont sa BFF Isabelle) et les femmes de sa vie, tout en se cohabitant avec de vieux démons qui ont vraiment la peau dure...
Opus de la maturité, ce qui ne l'empêche pas pour autant quelques saillies irrévérencieuses, toujours aussi finement écrit qu'elle est d'une drôlerie désarmante, cette conclusion des aventures de Xavier prennent les courbes d'un rocambolesque bilan existentiel à mi-parcours; une chronique bordélique mais surtout profondément humaine et réaliste, dans laquelle il n'est pas si ardu de se reconnaître.

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Brassant moult thèmes universels et toujours ancrés dans un pendant contemporain (le divorce, l'immigration, la mondialisation, l'homoparentalité, les conflits intergénérationnels, l'éducation, la reconnaissance parternelle, le fait de repartir de zéro, la nécessité de se retrouver,...) via un ton clairement plus posé et mature que pour l'Auberge Espagnole et Les Poupées Russes (peut-être plus romantico-comique, mais moins existentiel), Casse-Tête... est avant tout l'occasion pour le cinéaste de poser un regard bienveillant - et jamais accusateur - sur une certaine idée de la quarantaine; une auscultation un brin bobo certes, mais étonnamment frontale, personnelle et dénué de toute futilité; un âge charnière ou l'on se doit de privilégier sa progéniture avant soi-même et où il est plus facile de tirer un bilan de son existence avec sincérité, même si la peur de l'inconnue (un second virage nous rapprochant peu à peu de la fin de notre vie) pointe férocement le bout de son nez.
Canevas éclaté aussi pertinent et pétillant qu'intelligent et optimiste, bourrées d'idées de génies et de touches " Klapischienne " savoureuses  (les dialogues sont à tomber, idem pour la B.O finement choisie encore une fois), certes un peu tronqué par une voix-off trop didactique et quelques errements de récit un poil superflu, Casse-Tête Chinois est une conclusion hautement réussite et amusante de l'une des sagas françaises les plus enthousiasmantes et attachantes de ses deux dernières décennies.

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Dans une Grande Pomme qui a une vraie signification au sein de l'histoire et loin des clichés touristiques rabattus (la séquence du divorce, avec Ground Zero en arrière plan, est symboliquement très forte), Klapisch renaissait de ces cendres tel un phoenix après quelques erreurs de parcours (Paris, Ma Part du Gâteau), et croquait un troisième film bien plus censé et dense que les deux opus précédents, s'interrogeant subtilement sur tous les aspects du couple moderne, sans pour autant complétement se démarquer de ce qui a fait leur recette triomphante - l'humour accrocheur et juvénile en tête.
Un vrai feel good movie comme Klapisch sait si bien les faire, et qui nous donne furieusement envie de dire : " oui, y'a le feu Martine ".


Jonathan Chevrier